Rouge Himba. Bardet & Hureau

Rouge Himba. Bardet & Hureau (Couverture)


J’ai déniché ce livre pour une activité autour des minorité ethniques mais je n’ai pas eu le temps de le lire avant la fin du challenge. Il a ensuite traîné un certain temps sur mes étagères, toujours en bonne place, mais sans cesse repoussé par une autre tentation. Finalement, j’ai décidé de profiter de sa réédition en octobre dernier pour vous le présenter enfin. 

Entre bande dessinée, récit de voyage et manuel anthropologique, cette œuvre est une véritable bible pour qui s’intéresse aux Himbas. Ce peuple autochtone africain est apparenté aux Héréros. Traditionnellement nomades, ces éleveurs vivent principalement  sur les 30 000 km2 du Kaokoland en Namibie et des deux côtés du fleuve Kunene qui fait la frontière avec l’Angola. Solenn Bardet, l’instigatrice du projet, rencontre le dessinateur Simon Hureau en 2015, lors d’une exposition dans un café BD à Bailly en région parisienne. Elle le convainc de l’accompagner dans son prochain périple en Namibie. Le voyage doit durer cinq semaines, autant de temps pour découvrir la vie quotidienne, les croyances et les coutumes ancestrales de cette communauté de pasteurs semi-nomades. 


Rouge Himba. Bardet & Hureau. (Image 1)


La mission proposée par Solenn Bardet est moins hasardeuse qu’il n’y parait. La jeune femme connait les Himbas depuis longtemps. En 1993, elle a même été adopté par un couple d’Himbas, Omuniange et Katjambia. Depuis l’âge de 18 ans, Solenn a multiplié les voyages en Namibie. Elle en a déjà rapporté un livre, un documentaires et des émissions pour les télévision française. Le voyage de 2015 a plusieurs objectifs, dont certains sont très personnels. Il s’agit d’abord de régler un conflit qui oppose plusieurs clans et empêche l’avancement d’un projet coopératif chapoté par l’association Kovahimba (littéralement Avec les Himbas), créée à l’initiative de Solenn. La jeune femme souhaite aussi allée se recueillir sur la tombe de son père adoptif et présenter son mari et sa fille Zélie aux ancêtres. 

L’album a été écrit à quatre mains mais les auteurs ont préféré présenter Simon Hureau comme l’unique narrateur de l’aventure. Ce choix est plutôt ingénieux puisqu’il est un "observateur naïf" dans le sens où il ne connaissait pas les us et coutumes des Himbas avant de partir en Namibie. Son ignorance permet aux auteurs d’alterner les scènes humoristiques et les passages plus pédagogiques. Certains sont quand même assez costauds et je suis loin d’avoir tout retenu de cette riche culture. 


Rouge Himba. Bardet & Hureau (Image 2)


Les illustrations sont plus proches du croquis. Il faut dire que Simon Hureau a du travailler dans des conditions très particulières. Le groupe était sans cesse en mouvement, les fortes chaleur altéraient le matériel (notamment l’encre), la nuit tombait si tôt et si soudainement qu’elle prenait souvent le dessinateur de vitesse.

A la fin de l’ouvrage, les protagonistes évoquent le projet de construction du barrage de Baynes à la frontière entre la Namibie et l’Angola qui inondera une bonne partie des pâturages exploités par les Himbas. Certains sont persuadés que son exploitation marquera le déclin de leur culture ancestrale. Cette mise en perspective explique aussi le minutieux travail de collecte et de retranscription  de Solenn Bardet et de Simon Hureau.

L'avis de Keisha

Rouge Himba : [Carnet d'amitié] avec les éleveurs nomades de Namibie. Solenn Bardet (Scénario) et Simon Hureau (Dessin et couleurs). La Boite à bulles, 312 pages (2017-2024)


Commentaires

  1. Je serais presque tentée d'ajouter ton billet au récap... Ton billet me rappelle ma lecture sur les Bushmen du Kalahari, dont une partie du territoire est commune avec celui de ces Himbas. L'auteur y évoquait aussi le génocide des Hereros par le colon allemand, au début du XXème siècle.

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    1. Le livre de Rupert Isaacson ? Les deux quêtes sont dans le même esprit en effet.

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  2. Ah oui, 312 pages quand même... c'est quasi un travail ethnographique. J'aime bien le graphisme de Simon Hureau et cet album est à la bibliothèque : et hop, une réservation :-)

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    1. C'est un pavé mais c'est passionnant. Il y a des scènes très drôles aussi

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  3. Tout à fait le genre de récit de voyage en BD qui ne peut que me plaire. J'aime beaucoup le sous-titre [Carnet d'amitié]. :) Belle trouvaille ! Ça m'a l'air bien bavard par moment.^^

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    1. oui, j'aime bien le sous-titre aussi. Les auteurs ont a coeur de montrer à quel ppoint ils respectent la culture des Himbas

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  4. Merci pour la découverte de cet ouvrage qui a l'air passionnant et instructif.

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    1. Oui, on apprend beaucoup. Cela peut déstabiliser si on s'attend a une BD traditionnelle car il y a beaucoup d'informations.

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  5. Hou là un chouette album d'un de mes dessinateurs préférés, qui m'a rappelé un voyage là bas!
    https://enlisantenvoyageant.blogspot.com/2020/01/voyager-en-bd.html
    Si tu as l'occasion de maltraiter ton bilan carbone, file là bas!

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    1. J'adore ce type de BD, merci pour les idées. J'ai ajouté un lien vers ton blog

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