De briques et de sang. Régis Hautière et David François
J’ai découvert le duo Régis Hautière et David François grâce à une bande dessinée intitulée L’étrange affaire des corps sans vie, dont l'intrigue se situe dans la capitale picarde. L’album est malheureusement épuisé aujourd’hui mais les deux bédéistes ont renouvelé leur talentueuse collaboration avec De briques et de Sang, un one shot qui a été sélectionné au festival d'Angoulême. Le théâtre des événements, cette fois, n'est autre que le Familistère de Guise, dans l'Aisne, connue aussi pour son château fort. Les deux sites se visitent et je vous les recommande vivement si vous en avez l’occasion.
Le père du familistère est Jean-Baptiste Godin, un ancien artisan ayant fait fortune grâce à ses brevets. En dépit de sa réussite, cet industriel utopiste, ne dédaigna jamais ses premières convictions et consacra sa fortune à l'élaboration d'une communauté s'inspirant des phalanstères de Charles Fourier. Le projet ne ressemblait à rien de connu et surtout pas au modèle paternaliste développé par les grands patrons du 19ème siècles (ex les Corons dans le Nord et autres cités ouvrières de France, de Belgique ou de Grande-Bretagne). A Guise (prononcez Gwi pour la ville, tandis qu'on dira Gui pour les ducs de Guise), les ouvriers étaient libres de s'installer ou non dans le « Palais social » et, surtout, d'en devenir propriétaires. Les habitants du familistère formaient ainsi une sorte de coopérative (plus qu'une société d'actionnaires) qui incluait l'usine. Les bénéfices étaient réinvestis dans l'aménagement du lieu ou dans la fabrique. Le complexe, véritable ville dans le village (jusqu'à 1500 habitants au début du 20ème siècle), comprenait également des parties communes comme l'économat, la pouponnière, la piscine, les jardins, les théâtres et les écoles. Tout ça, Régis Hautière, le raconte sans lourdeur dans la bande dessinée.
Ce lieu, où tant de gens travaillaient et vivaient ensemble, semble le cadre idéal pour une série de drames. C'est ainsi, qu'à la veille de la première guerre mondiale, des crimes sordides viennent troubler le quotidien de la communauté. Le flic chargé de l'enquête est proche de la retraite et souhaite plutôt s'assurer un avenir politique dans la région. Autant dire qu'il plie le dossier dès que l'occasion se présente, à savoir un coupable potentiel. Néanmoins, un journaliste travaillant pour le tout jeune journal de Jean Jaurès, L'Humanité, se sent, lui, investi d'une mission à la mesure de ses convictions. Une brève mais instructive rencontre avec Ada, une habitante du familistère, lui ouvre bientôt les portes du Palais et à une histoire bien différente.
Le scénario est parfaitement ficelé tandis que les dessins, sombres et magnifiques, reflètent bien l’atmosphère du lieu. On retrouve dans cette œuvre, si ce n'est le trait exact, du moins la patte de David François, révélée dans L’étrange affaire des corps sans vie. Son partenariat avec Régis Hautière s’est poursuivi avec la fameuse série La Guerre des Lulus dont David François est le coloriste attitré (les dessins sont ceux de Hardoc, un autre bédéiste samarien).
📚Un autre avis que le mien chez Anne
📌De briques et de sang. Régis Hautière (scénariste) et David François (illustrateur). Casterman, 152 pages (réédition 2019)
C'était un beau projet que ce familistère et je ne désespère pas de le visiter un jour. Cette BD a tout pour me plaire, d'autant plus que j'aime beaucoup les Lulus.
RépondreSupprimerOui, heureusement qu'il y a des "rêveurs" qui vont au bout de leurs projets
Supprimerj'ai visité Guise il y a longtemps, et j'en garde un très bon souvenir, je note cette BD aussi !
RépondreSupprimerJe n'ai visité que le château mais je suis bien décidée à visiter aussi le familisère
SupprimerPour moi (enfant) Familistère désignait un épicerie et le camion qui passait ans les villags;..
RépondreSupprimerah tiens, c'est amusant
SupprimerJe connais les premiers tomes des Lulu que j'avais aimé donc je suis très tentée :)
RépondreSupprimerCette série a beaucoup de succès
SupprimerLes dessins sont magnifiques et l'histoire intéressante. Je note.
RépondreSupprimerOui, c'est tout à fait le genre de BD que j'aime
SupprimerJ'avais beaucoup aimé cette BD aussi, les habitats utopiques comme celui-ci me fascinent...
RépondreSupprimerça me fascine aussi et ça me remonte le moral
Supprimerje trouve les dessins superbes
RépondreSupprimerOui et l'histoire est intéressante
SupprimerJ'aime beaucoup ce tandem moi aussi, et la visite des lieux comme leur découverte par la BD sont une excellente idée !
RépondreSupprimerune bonne idée d'escapade
SupprimerOuh, graphiquement ça me plaît bien déjà ! J'espère pouvoir mettre la main dessus à la bibli. Je découvre ici les deux prononciations de Guise. Étonnant !
RépondreSupprimerça n'est pas dans la BD. C'est le guide qui nous l'a expliqué. Le "Gwize" faisait trop "bouseux" quand les nobles sont allés à Paris
SupprimerNe connaissant pas cette communauté bâtie autour d'un joli projet, je note avec plaisir la BD.
RépondreSupprimeroui, c'est une BD qui mérite qu'on s'y intéresse
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