Les Sentiers obscurs de Karachi. Olivier Truc

Les Sentiers obscurs de Karachi. Olivier Truc


L’intrigue de ce polar s’inspire de "l’affaire Karachi", l’attentat suicide du 8 mai 2002 au Pakistan. Un bus de la marine pakistanaise a explosé devant l’hôtel Sheraton de Karachi où étaient logés des experts français de la DCN (Direction des constructions navales aujourd’hui Naval Group). Les techniciens, originaires de Cherbourg, travaillaient sur le montage du troisième sous-marin Agosta que la France avait vendu au gouvernement pakistanais. L’attentat s’est soldé par la mort de quatorze personnes (dont 11 Français et le terroriste pakistanais) et 18 blessés. L’affaire s’est compliquée avec des histoires de pots de vin versés à des militaires corrompus et de non-paiement de rétro-commissions destinée à financer la campagne présidentielle d’Édouard Balladur en 1995. 

Le héros de ce polar est un jeune journaliste cherbourgeois en quête de reconnaissance sociale et professionnelle. Il s’appelle Jef Kerral. Il est proche de Marc, un rescapé de l’attentat de 2002 qui n’a jamais accepté l’abandon de l’enquête. Le père de Jef, également ancien ami de Marc, est partie prenante dans l’affaire mais semble s’être rangé du côté de la DCN au détriment des victimes. Aussi, à la faveur des préparatifs des commémorations, le journaliste décide de se rendre au Pakistan. Il espère faire enfin toute la lumière sur les évènements survenus vingt ans plus tôt. Ses investigations le conduisent sur les traces de Shaheen Ghazali, officier mécanicien qui s’était lié d’amitié avec Marc. La guide de Jef à Karachi est la lieutenante Sara Zafar. Elle est interprète de la marine pakistanaise et amatrice de poésie ourdou. Pour échapper à la surveillance des agents de l’ISI (Inter-Services Intelligence), elle conduit le reporter français au cœur de la ville et dans les méandres du marché aux livres, dernier bastion de la résistance intellectuelle. Nos deux héros se retrouvent régulièrement à l’Alliance française et se déplacent en Rickshaw, seuls moyens de s’isoler pour discuter à l’abri des regards indiscrets. 

J’apprécie beaucoup les polars parce qu’ils permettent d’aborder les faits de société par le prisme de la fiction. Les auteurs peuvent ainsi évoquer plus librement les sujets difficiles et les rendre intelligibles aux lecteurs. Pour ma part, j’ai une appétence plus développée pour les romans noirs et les thrillers que pour les histoires d’espionnage, de politique ou de terrorisme. Pourtant, je dois reconnaître que le livre d’Olivier Truc m’a tenue en haleine jusqu’au bout. Il est à la fois romancier et journaliste. Cela se sent dans Les Sentiers obscurs de Karachi. La partie concernant les rétro-commissions reste un peu nébuleuse pour moi mais cela n’est pas gênant pour la compréhension de l’intrigue. Je trouve que ce polar est assez visuel dans l’ensemble et je n’ai pas eu de mal à imaginer une adaptation cinématographique. 

J’ai partagé cette lecture avec Ingannmic et Le Bouquineur dans le cadre de l’activité autour de la ville

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Les Sentiers obscurs de Karachi. Olivier Truc. Métailié, 272 pages (2022) / Points, 288 pages (2023)


Challenge Sous les pavés, les pages


Commentaires

  1. Bon, on va passer pour le moment, j'ai fait une razzia récente en librairie;..

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    1. Ce n'est pas tout à fait une nouveauté donc ça peut attendre. Tu as acheté beaucoup de livres alors ?

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  2. Je suis d'accord sur l'intérêt "historique" de la lecture, et j'ai beaucoup apprécié l'immersion dans les facettes contradictoires de Karachi. J'ai acheté ce livre après avoir écouté l'auteur en parler sur un salon, et sa manière de décrire la ville était tout aussi passionnante. Je suis moins convaincue par la trame romanesque, je n'en ai pas parlé dans mon billet, mais j'ai trouvé que la similarité entre les personnages français (Jef) et pakistanais (Sara) -la relation déçue au père et l'admiration pour un tiers qui lui est proche- "tait un peu artificielle. Et je n'ai pas compris l'intérêt d'introduire une histoire d'amour dans une intrigue déjà suffisamment prenante..

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    1. Je suis plutôt d'accord avec toi. Les héros sont un peu le pendant masculin et féminin l'un de l'autre. On voit arriver l'histoire d'amour entre eux dès le début du livre mais elle n'apporte pas grand chose à l'intrigue, c'est certain

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  3. Il a l'air passionnant ce roman bien que peut-être parfois complexe. Je le note pour mon père qui devrait beaucoup aimer.

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    1. Je trouve que c'est toujours un peu complexe quand il s'agit de magouilles politiques

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  4. Tu ne sembles pas vraiment emballée ? Pour ma part, les romans d'espionnage, puisque cela semble être le cas de ce titre, je n'y comprends souvent pas grand chose. Bon, il faut dire que j'en lis très peu.

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    1. Si, j'ai bien aimé (le style de l'auteur y fait beaucoup) mais si ce n'est pas mon genre de prédilection

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  5. Un auteur que je n'ai toujours pas lu... Donc pourquoi pas, vu que je trouve que je ne lis plus assez de thriller. J'aime beaucoup les thrillers d'espionnage, mais un peu moins ceux qui sont très politique. je note ce titre et cet auteur dont tu dis qu'il est aussi journaliste... Donc forcément, bien documenté .

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    1. Je suis curieuse de lire ça série policière dans le Grand Nord.

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  6. J'ai lu un roman de cet auteur et j'ai apprécié , moi qui lis si peu de polars !

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    1. Est-ce que tu as lu un de ses polars sur La Police des rennes ?

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  7. Même commentaire que chez Ingannmic. Je préfère ses romans sur le Grand Nord et pour l'instant je n'en ai lu qu'un.

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