Le Père David, l’Impératrice et le Panda. José Frèches

Le Père David, l’Impératrice et le Panda. José Frèches

 Le Père David, l’Impératrice et le Panda est une adaptation libre d’un fragment de vie du père Armand David (de son vrai nom) alias David Etcheparre (dans le roman). Un biopic donc dont le héros est un prêtre lazariste, « accessoirement » biologiste, en mission en Chine entre 1862 et 1870. 

Au cours de cette quête évangélique et naturaliste, le père David aura l’insigne honneur de pénétrer dans la cité interdite pour rencontrer brièvement l’impératrice douairière Cixi (1835-1908). Il tient ce privilège du sauvetage in-extrémis et rocambolesque d’un bébé panda femelle surnommée Pim-Pam. Cette chanceuse « ourse-chat » (ainsi que les Chinois nomment les pandas géants qui vivent exclusivement dans la région du Sichuan) deviendra l’emblème de la Chine et le symbole d’une découverte sans précédent pour les Occidentaux. 

Ainsi, après 8 ans passés à sillonner la Chine, sur les traces du père Huc (1813-1860), David Etcheparre rendre en France. Il rapporte, pour le compte du Museum d’histoire naturelle à Paris, une extraordinaire collection composée de plusieurs milliers de spécimens de la faune et de la flore chinoise, et nombre d’espèces inconnues sous nos latitudes. Il repartira deux ans plus tard pour l’Empire du Milieu… mais c’est une autre histoire ! 

Le livre de José Frèches est complété par une postface avec une biographie non fictive du père Armand David (1826-1900). Le roman lui-même est agrémenté de nombreuses informations et notes de bas de page sur la congrégation des lazaristes (notamment au début du livre), ainsi que sur le système mandarinal des Mandchous, les ravages du trafic d’opium, la vie quotidienne des Hans au 19ème siècle et la misère des minorités comme celles des Yi. Dans Le Père David, l’Impératrice et le Panda se croisent ainsi de nombreux personnages secondaires, fictifs ou réels (religieux, fonctionnaires impériaux, scientifiques, journalistes, et même l’ancien guide du père Huc, le lama Samdadchiemba). 

On apprend que si le père David a pu rapporter une dépouille de Panda de son expédition, il faudra attendre encore de nombreuses années avant qu’un animal vivant ne débarque en France (en 1936). Par ailleurs, le panda, ours herbivore, ne sera classé définitivement dans la catégorie des ursidés que dans les années 1980, grâce aux recherches en biologie moléculaire.

José Frèches s’est plu enfin à rendre certains de ses personnages plus humains et sans doute plus tolérants qu’ils ne l’étaient. L’impératrice Cixi respectait sans doute davantage l’étiquette. De même, le mode de pensée du père David correspondait à celui de ses contemporains en matière de préjugés concernant la Chine et ses habitants. Cette vision était largement relayée par la presse ainsi que le montre José Frèches dans son roman. 

Le livre est assez dense même si l’intrigue concernant la « découverte » du panda est rondement menée. José Frèches a clairement mis l’accent sur les aspects scientifiques et historiques, plutôt que sur le récit d’aventures.

Le Père David, l’Impératrice et le Panda. José Frèches. Pocket (480 p., 2019)


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