La théorie des ondes. Pascale Chouffot

La théorie des ondes. Pascale Chouffot


J’ai découvert Pascale Chouffot dans le cadre de la 20e édition du festival Quais du polar. Non, je n’ai pas eu la chance de la croiser puisque je ne suis pas allée à Lyon… mais j’ai visité le site Internet du festival ! Ce n’est pas une maigre consolation puisque j’y ai déniché cet excellent polar. 

La théorie des ondes m’a fait voyager jusqu’en Bourgogne dans la bonne ville de Chalon-sur-Saône. Cette virée romanesque m’a permis de découvrir son carnaval, son ancienne usine Kodak, ses notables, ses chômeurs, ses jolies filles et leur assassin. Nous faisons également la connaissance de Catherine Gauthier, une ex-flic très tourmentée, qui travaille comme enquêtrice au sein d’un cabinet d’avocat. Maître Pierson, son employeur, traîne aussi quelques casseroles dont une vieille histoire d’homicide. Il s’agissait de la meilleure amie de sa fille, violée et tuée plusieurs années plus tôt sans que son meurtrier ne soit jamais retrouvé. D’où le sentiment de culpabilité de Pierson qui n’a pas su élucider le crime. 

Le supplice d’une autre jeune fille, dont le corps est découvert le lendemain des premières festivités carnavalesques, incite l’avocat à exhumer les dossiers d’autres victimes dont les meurtres non jamais été résolus. Il faut contacter leurs parents pour les convaincre de mener une action collective afin de rouvrir les enquêtes de police. Catherine, sa détective, doit négocier avec Jean-Pierre Renaud, commissaire de la brigade criminelle, pour accéder à la scène de crime et obtenir des informations sur cette nouvelle affaire. Leur collaboration s’avère plus fructueuse que prévue même si chacun suit sa propre piste. 

J’ai été impressionnée par l’habilité avec laquelle l’autrice est parvenue à lier différents pans du passé chalonnais à son intrigue policière. Elle exhume l’histoire des Petits Paris du Morvan, ces centaines de milliers d’orphelins envoyés en Bourgogne du début du 19ème siècle jusqu’aux années 1970. Malheureusement, ils n’étaient pas toujours bien traités par leurs familles d’accueil, souvent exploités et violentés. L’un des personnages de ce roman est le descendant du directeur de l’Institut de l’assistance publique, au début du 20ème siècle.  Pascale Chouffot évoque, par ailleurs, la fermeture de l’usine Kodak en 2006 puis sa destruction par implosion entre décembre 2007 et février 2008. Avant que la photo numérique n’entraîne la faillite de l’entreprise, la société américaine a employé jusqu’à 3000 châlonnais. On imagine le choc des salariés, ainsi que les répercussions économiques et sociales de son dépôt de bilan. 

L’autrice a, non seulement créer un riche contexte autour de son intrigue policière, mais elle a su aussi donner corps à ses personnages. On comprend assez vite que son héroïne est un personnage récurrent. En effet, après quelques recherches, j‘ai constaté que Catherine Gauthier apparaissait déjà dans un roman intitulé Nitro (JC Lattès, 2008). 

La théorie des ondes. Pascale Chouffot. Editions du Rouergue, 432 pages (2024)


Commentaires

  1. ça a l'air bien ! je viens de regarder "Sambre" (la série) et ça m'y fait penser un peu, ces vieux dossiers qu'on ressort et l'ancrage dans une région touchée par le chômage.

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    1. J'ai raté la série quand elle est passé à la TV et je crois qu'il faut s'inscrire pour la voir en replay.

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    2. Elle est sortie en dvd aussi !

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    3. On dirait que je n'ai plus d'excuses !

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  2. Je ne me souvenais pas que c'était dans cette ville qu'était l'usine de Kodak. Un séisme dans une petite localité. Je le note, les éditions du Rouergue, c'est souvent bien.

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    1. Je connaissais le lien entre Michelin et Clermont Ferrand ou encore Peugeot et Sochaux mais je ne connaissais pas celui entre Kodak et Chalon. Je connaissais les carnavals de Nice et de Dunkerque mais pas celui de Chalon. Bref, j'ai beaucoup appris sur la ville bourguignonne en lisant ce roman. L'intrigue policière est plutôt bien menée aussi.

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  3. Comme toi, je l'ai repérée sur le site des Quais du POlar où je suis allée, mais n'ai assisté qu'à une rencontre. En tout cas, j'ai bien envie de lire ce roman !

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    1. Ah, je suis jalouse... il n'y avait pas trop de monde ? C'est ma hantise dans ce type d'évènements.

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    2. Si, il y a de plus en plus de monde, c'est la rançon du succès, et de la gratuité. Une attente de 45 minutes le matin pour entrer dans la librairie, et autant l'après-midi, pour entrer dans une salle de conférence, où j'étais la dernière à entrer ! (et je ne parle pas d'une rencontre avec auteurs ultra-connus !) Mais c'est très bon enfant et sympa.

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    3. Aie, oui, quand même ! Je suis un peu sauvage. C'est plutôt dissuasif pour moi tout ce monde même si les conférences sont passionnantes.

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  4. Mais ça m'a l'air très bien, genre bonne pioche!!! Noté sur le site d la bibli, et Nitro y est aussi...

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    1. Je n'ai pas lu Nitro (qui doit se passer dans le milieu ferroviaire) mais je confirme que ce deuxième volet est une réussite

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  5. Ah oui, la thématique est très intéressante... Autrice malheureusement absente dans ma BM.

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    1. Je ne la connaissais pas avant d'aller sur le site des Quais du Polar. La Théorie des ondes n'est que le troisième roman de Pascale Chouffot mais elle est aussi scénariste pour la télévision.

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  6. je lis peu ou pas de polars sauf s'ils sont chaudement recommandés ce qui a l'air d'être le cas ici.

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    1. Le polar est un genre addictif mais on a parfois l'impression de perdre un peu son temps. Ce n'est pas le cas ici. Le contexte est très riche. Par contre, il faut savoir que c'est un roman noir, donc assez dur.

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  7. PHILIPPE27.4.24

    Je ne connais pas du tout, mais à te lire, je me dis que ce livre est fait pour moi !

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    1. Tant mieux si j'ai réussi à te convaincre car c'est un bon polar.

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  8. Hedwige27.4.24

    Voilà une auteure dont je n’ai jamais entendu parler .Tu m’as donné envie de découvrir son œuvre et je t'en remercie. C’est tellement dommage que l’usine Kodak n’ait pas pas pu se reconvertir dans les appareils photos numériques en attendant le retour au numérique tout comme les vinyles ont fait leur retour.

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    1. J'ignore pourquoi l'entreprise ne s'est pas reconvertie. Je t'avoue que je n'ai pas fouiné plus loin. Le roman suggère que les décideurs pensaient surtout à tirer leur épingle du jeu et se fichaient pas mal des répercussions pour la populations locale.

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  9. Je ne connaissais pas du tout cette autrice, mais je suis vraiment loin d'être experte en polars. Ce n'est pas mon genre de prédilection, mais je suis quand même toujours à la recherche de bonnes recommandations. Ça semble en être une ici, et une femme qui écrit du noir, je n'en connais pas beaucoup donc ça pourrait vraiment valoir le détour.

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    1. C'est un bon polar et il se lit assez vite. Mais si tu n'es pas amatrice du genre, je ne peux pas t'assurer que tu vas aimer

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  10. J'aime beaucoup ce genre de polar, ancré dans un contexte social . Pour la série Sambre, franchement, cela vaut la peine de s'inscrire à FranceTV ( et c'est gratuit)

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  11. Comme les autres, je trouve ta chronique très alléchante et je me jette sur le site de ma bibliothèque : et bingo, je viens de le réserver !

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    1. Je pense que celui-ci devrait te plaire davantage que le roman de Peter Swanson mais je peux me tromper.

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  12. Thaïs28.4.24

    Pour moi l’usine Kodac était à Vincennes mais j’imagine qu’il y en avait plusieurs. En tous cas ce que tu dis du polar donne envie.

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    1. C'était Pathé à Vincennes. Oui, c'est un bon polar mais je doit prévenir qu'il y a aussi quelques passages difficiles notamment ceux à propos de l'assistance publique

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  13. Je l'ai pris en main en librairie hier (et j'ai courageusement résisté 💪). C'est un petit pavé, ce qui permet sûrement à l'autrice de développer son intrigue et le contexte social (qui me plaira beaucoup). Je vais attendre de le trouver en bibliothèque cependant. J'achète rarement des polars car je ne les relis pas, je préfère les emprunter. Il est bien noté en tous cas!

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    1. Ouh là, tu t'es exposée à un grave danger en allant à la librairie ! J'évite d'y faire des expéditions trop fréquentes car ma capacité de résistance est basse. Je ne relis presque jamais mes livres donc je favorise les emprunts à la bibli.

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  14. Je le note appréciant romans dans lesquels un auteur s'attarde sur l'histoire locale surtout quand je ne connais pas grand-chose de celle-ci.

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    1. J'ai beaucoup apprécié cette partie qui tient une place non négligeable dans l'intrigue. Je les beaucoup mise en avant et peut-être au détriment du reste. Je dois prévenir qu'il y a aussi des passages très durs sur la maltraitance des enfants.

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  15. Je suis très tentée car l'histoire en plus de l'intrigue me parait intéressante dans ce contexte social. Dommage que cette autrice ne soit pas dans ma médiathèque même avec un autre de ses titres, j'aurais bien aimé découvrir sa plume. Je le note.

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    1. Je suis ravie de l'enthousiasme que suscite ce roman mais je me demande si j'ai suffisamment mis en garde sur les aspects très sombres de l'intrigue, notamment à propos de l'histoire des "petits Paris" du Morvan. Cela peut choquer.

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  16. Il a tout pour me plaire : le côté polar et l'histoire d'une ville.

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    1. Si tu aimes les romans noirs, alors oui, il devrait te plaire

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  17. ah bonne pioche alors ! je le note, pas pour moi, mais mon beau-père, féru d'histoire et qui aime ce genre de ville (avec une usine connue) et les polars, donc là ça devrait lui plaire beaucoup. Et comme ça, je vais pouvoir ensuite lui emprunter :-)

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    1. Bien joué ! Comme ça tu fais une pierre deux coups !

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  18. Je note sans hésitation - tout d’abord grâce à ton billet, mais aussi puisque ce sont les éditions Rouergue. Je suis toujours intriguée par leurs couvertures et les quatrièmes.

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    1. Je crois en effet qu'on peut se fier aux éditions du Rouergue qui publient souvent des œuvres de qualité

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