Les Âmes de feu. Annie Francé-Harrar
Dans Les Âmes de feu, Annie Francé-Harrar imagine un avenir où les humains vivent entièrement déconnectés de la nature. Leur cerveau s’est développé au dépend de leur capacité à se mouvoir sans l’aide de véhicules individuels appelés "autinos". L’alimentation est produite artificiellement grâce à la transformation de l’air, comme tous les végétaux (y compris les fleurs ornementales très prisées). L’antédiluvienne activité agricole est réservée aux "Cabaniers", des paysans vivant à l’extérieur du périmètre urbain civilisé et traités comme des animaux de cirque. Les citadins les plus cultivés sont admirés et occupent les plus hautes fonctions dans la hiérarchie des mégalopoles. La société est à ce point déshumanisée que les habitants de la cité A15, comme dans les autres villes, ne sont désignés que par un prénom suivi d’un numéro. Ces chiffres indiquent la place des citoyens dans la communauté. Les "unités" proches du nombre 50 000, celui du gouvernant, sont les plus respectables.
Nos héros sont des scientifiques. Le vieil érudit Henrik 19530, et son aide Alfred 6720, ont découvert que la planète et ses habitants sont en danger. Malheureusement, leurs mises en garde n’ont pas convaincu Gustajo 25854, le représentant du Ministère Impair. Ils doivent garder leurs recherches secrètes pour ne pas affoler leurs concitoyens. Parallèlement à cette quête pour la survie de l’humanité, Henrik 19530 aide ses amis Daniel 8726 et Jolán 10492 à fuir la mégalopole pour la campagne montagneuse où ils réapprennent les gestes vitaux, comme la capacité de marcher sans l’aide d’une machine et la compétence à cultiver la terre pour s’en nourrir. Ils retrouvent ainsi la joie des plaisirs simples… mais leur bonheur est menacé par d’étrange phénomènes naturels…
Je cherchais un livre qui entre dans le cadre du challenge Objectif SF 2025 organisé par Sandrine et j’ai dégoté ce roman d’anticipation des années 20, exhumé de l’oubli par les éditions Belfond. Ne fuyez pas car, cet ouvrage surprend par sa clairvoyance. Il aborde des sujets aussi contemporains que l’écologie ou le dérèglement climatique. L’autrice, Annie Francé-Harrar (1886-1971), était une biologiste qui se piquait d’écrire des fictions. Elle a relié ses centres d’intérêt au travers d’une intrigue aux allures prophétiques. La scientifique autrichienne était en effet spécialisée dans l’étude de la fertilité des sols, de l’humus et du compost. L’histoire qu’elle raconte est bluffante de modernité en dépit de quelques détails vintages. C’est à découvrir vraiment et je suis loin d’être la seule lectrice enthousiaste.
📚Les avis de lecteurs amateurs de SF : Lhisbei, Yuyine, L’épaule d’Orion et Sacha
📌Les Âmes de feu. Annie Francé-Harrar, traduite par Erwann Perchoc. Belfond, 224 pages (2024)
Eh bien merci, voilà qui est original, je ne connaissais pas.
RépondreSupprimerRavie de te faire plaisir !
SupprimerAh la la ça me parait bien, ça (mais pour le dégotter?)(bon je sais que ma bibli offre pas mal de choix, alors on ne sait jamais)
RépondreSupprimeroui, j'ai l'impression que ta bibli a plus de livres dans son catalogue que la mienne.
SupprimerUn titre germanophone, donc... l'occasion de faire, en novembre, un doublé SF/Feuilles allemandes (on optimise, on optimise...).
RépondreSupprimerJ'y ai pensé mais j'ai craqué avant.
Supprimersujet intéressant mais toujours aussi pessimiste sur l'avenir de l'homme :-)
RépondreSupprimerOui, c'est vrai. D'un autre côté, ce n'est sans doute pas facile d'écrire un ouvrage de SF optimiste sans tomber dans la littérature feel good un peu guimauve.
SupprimerQuelle belle trouvaille ! La SF par le prisme de la biologie, et venue d'Autriche en plus ! Le tout en 224 pages, je suis convaincue.
RépondreSupprimerJe suis contente de te voir aussi enthousiaste. Ce livre vaut vraiment la peine qu'on s'y intéresse.
Supprimerla science fiction et moi, c'est un peu compliqué et je suis trop souvent déçue et du coup pas très souvent attirée malgré ce billet très intéressant.
RépondreSupprimeroui, je te comprends. Ce n'est pas un genre avec lequel j'ai beaucoup d'affinités non plus. Pourtant, paradoxalement, les classiques de la SF sont ceux qui m'ont le plus marquée. Je pense à 1984, par exemple, ou au Meilleur des mondes. Il y a souvent une réflexion sociale très intéressante.
SupprimerOh de la SF autrichienne ! C'est assez rare pour que je ne note pas. Écrit dans les années 20 mais thèmes dans l'air du temps en plus. Merci pour cette découverte !
RépondreSupprimerC'est cette originalité qui m'a attirée
SupprimerJe trouve que la couverture a quelque chose de magnétique. Merci pour la découverte de ce roman qui présente un monde qui, je l'espère, de deviendra jamais totalement nôtre...
RépondreSupprimerElle se différencie des couvertures habituelles de SF, je trouve
SupprimerMoi qui ne suis pas fan de SF, tu me donnes envie de découvrir ce titre.
RépondreSupprimerMerci, j'en suis ravie
SupprimerIl me plairait celui-ci mais malheureusement aucune de mes médiathèques ne l'a ! Et apparemment c'est le seul roman qu'elle a écrit...tu as fait une sacrée trouvaille qui me donne envie de le chercher d'occasion, on sait jamais !
RépondreSupprimerTu veux que je te l'envoie ?
SupprimerTrès envie de lire ce livre, j'aime beaucoup les romans de SF ou d'anticipation anciens, on y trouve souvent des intuitions qui se vérifient par la suite (et ce n'est pas toujours rassurant !)
RépondreSupprimerJe pense que les auteurs de SF s'appuient souvent sur les dernières découvertes et la Recherche scientifique. J'imagine qu'ils extrapolent ensuite en fonction des tendances sociales. En tout cas, c'est bluffant
SupprimerJe n'apprécie pas la SF mais je n'en reviens pas que le livre date de 1920 !
RépondreSupprimeroui, c'est surprenant la clairvoyance de l'autrice
SupprimerMalgré mon peu d'appétence pour la SF, tu as réussi à me tenter ... L'idée du retour à la terre qui s'accompagne de faits étranges titille ma curiosité.
RépondreSupprimerCe livre pourrait aussi marcher pour le challenge sur les villes
SupprimerMerci pour la piqure de rappel (vérification faite, c'est chez le RSF Blog de Lhisbéi que j'avais d'abord été tenté).
RépondreSupprimerMais, je viens de vérifier, il ne semble toujours pas disponible dans les bibliothèques parisiennes ;-/
Il va peut-être falloir que je passe au stade "suggestion"...
(s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
Sacha est moins enthousiaste que moi mais cela serait intéressant d'avoir aussi ton avis.
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