La maison de Bretagne. Marie Sizun

La maison de Bretagne. Marie Sizun (Photo : Moreau.henri, CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons)

C’est l’histoire d’une réconciliation : une réconciliation avec un lieu, un passé, une famille. La narratrice, Claire Wermer a hérité de sa mère (et de sa grand-mère avant elle) d’une maison à l’Île-Tudy dans le Finistère. Pour ceux qui ne connaissent pas, il faut préciser que la commune est située sur la presqu’île du même nom et qu’elle n’est plus une île depuis la construction de la digue de Kermor vers 1850. C’est dans ce lieu si particulier que Claire, la Parisienne, a passé quasiment toutes ses vacances depuis son enfance. Pour autant, elle n’y a pas vécu que de bons moments, loin de là ! Si elle y retourne en ce mois d’octobre c’est parce qu’elle a décidé de vendre la demeure et de la débarrasser de ses encombrants souvenirs. Depuis 6 ans, en effet, la maison était louée à des touristes. Les derniers se sont plaints à l’agent immobilier de la vétusté des installations et du décors un peu vieillot. Claire n’a pas l’envie ni les moyens de rénover sa maison. Cependant, un évènement singulier et dramatique va l’obliger à abandonner son projet de vente pour un temps. Le soir de son arrivée en Bretagne, la quinquagénaire est tombée nez à nez avec le cadavre d’un inconnu dans la chambre de Berthe, sa grand-mère tant aimée. Quelque chose dans l’allure du jeune homme lui a rappelé son père, Albert, un artiste peintre resté méconnu. Pour Claire, c’est le début d’une sorte de thérapie, une plongée dans un passé douloureux, peuplé de fantômes et d’énigmes non résolues. 

Marie Sizun signe un roman extrêmement mélancolique. Elle aborde avec une grande sensibilité les questions de l’abandon, des douleurs de l’enfance et des secrets de famille. Son héroïne n’est pas toujours très sympathique mais cette ambivalence ne nuit pas à l’intrigue. Au contraire, elle lui donne davantage de consistance et de crédibilité. Par ailleurs, le lecteur parvient quand même à éprouver de l’empathie pour cette femme esseulée et contrite. Je n’ai peut-être pas lu ce roman au meilleur moment mais l’auteur parle si bien de la Bretagne et décrit si bien ses paysages que je me suis laissée porter par ma lecture.


Extrait :

« Après Laval, c’est vrai, on entre en Bretagne, je l’ai encore constaté : tout à coup le ciel gris s’est ouvert dans un envol de nuages, les cheminées blanches ont commencé d’apparaître, et dans les champs, çà et là, les bouquets d’arbres griffus. Des forêts surgissaient, ombreuses. Comme il ne pleuvait plus, j’ai baissé la vitre et une odeur de bois brûlé et de lointains m’est arrivée avec le vent. Déjà on espérait l’océan. Finalement le voyage m’a semblé court, et je n’étais pas loin de retrouver l’impatience heureuse des étés d’autrefois, quand, après Lorient, et plus encore dans la portion de route qui va de Quimper à l’Île, l’âpre et tendre senteur de la mer brusquement survient. »


La maison de Bretagne. Marie Sizun. Folio, 256 p. (2022)


Commentaires

  1. Je n'ai lu qu'un roman d'elle, assez minimaliste, mais c'était bien.

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  2. Oui, minimaliste, c'est le mot juste

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