Antarctique. Olivier Bleys

Antarctique. Olivier Bleys


 Les rencontres inattendues peuvent réserver d’excellentes surprises. Je suis tombée sur le livre d’Olivier Bleys en furetant sur le site Internet de Gallimard. Pourtant, on ne peut pas dire que le roman était mis en avant par l’éditeur. Le titre évoque, pour moi, tout un univers en un seul mot. Dans les faits, il s’agit d’un huis clos dont l’intrigue est le plus souvent confinée en intérieur. Mais peu importe si le désert de neige se défile pendant les ¾ du roman car l’auteur nous régale d’un humour féroce. En effet, le lecteur se rend vite compte que l’expédition à laquelle il s’attendait a tourné court depuis longtemps. Les « volontaires » condamnés à rester sur place sont loin de vivre une fabuleuse aventure ou de mener de passionnantes recherches scientifiques. La plupart du matériel est cassé ou obsolète depuis des mois. L’émulation sportive ou intellectuelle a fait place à l’apathie collective et l’alcoolisation de haute compétition. 

Pour reprendre les choses depuis le début, sachez qu’Olivier Bleys nous ramène plus de 60 ans en arrière, à la belle époque de la conquête des terres australes par l’URSS (36 expéditions sont menées entre 1955 et 1992). Nous sommes en janvier 1961 sur la base soviétique de Daleko. Cinq hommes ont été chargés de tenir la place pour la gloire du Parti. Comme aux grandes heures de l’alpinisme (cf Alpinistes de Staline de Cédric Gras), ils doivent veiller sur le buste de Lénine, fièrement installé sur ce que les géographes appellent le pôle d’inaccessibilité. Si les vivres ne manquent pas, les activités ne sont pas nombreuses et la vodka coule à flot. Le drame arrive bêtement, comme dans toutes situations où la raison a sombré dans l’alcool. Vadim (le tractoriste) a abattu son collègue Nikolaï (le mécanicien) d’un coup de hache parce qu’il le soupçonnait de tricher aux échecs. Enfin, c’est la raison officielle. Les autres Poliarniks, en plein coma éthylique n’ont rien vu ni rien entendu. Anton (botaniste et chef de la station) est le premier à reprendre conscience et se trouve face à une situation inédite. Comment rendre justice au milieu de nulle part, lorsqu’il n’y a ni tribunal ni prison ? Les deux autres membres du groupe, Igor et Dimitri (glaciologue et ingénieur), ne s’avèrent pas plus efficaces que leur supérieur pour trouver une solution satisfaisante. Sachant que la première communauté humaine accessible, la base Mirny, se trouve à plus de 1 000 km de là, la situation devient rapidement ubuesque.

« Écrivain-marcheur » ainsi qu’il se définit, Olivier Bleys est membre élu de la Société des Explorateurs français. Depuis 2010, il a commencé un tour du monde fractionné (il marche un mois par an, repartant chaque fois de l’étape précédente). Il a déjà traversé plusieurs pays d’Europe jusqu’en Russie et réalise parallèlement des « micro-aventures » comme des tours de villes à pied (Paris et Metz en 2012 ou Bordeaux en 2013). L’écrivain a d’ailleurs écrit deux ouvrages sur le sujet : L’art de la marche (Albin Michel, 2016) et Les Aventures de poche (Hugo & Cie, 2018). Au total, il a publié une trentaine d’ouvrages (romans, récits de voyage, BD, etc) et reçu de nombreuses récompenses. 

Aux amateurs d’extrême blizzard, je suggère également l’ouvrage de Cédric Gras, La mer des Cosmonautes (Folio, 2019)

📌Antarctique. Olivier Bleys. Gallimard, 192 p. (2022)


Je vote ! Mark Shulman & Serge Bloch

 Je vote ! Mark Shulman & Serge Bloch


Alors ? Prêts pour les prochaines élections ? Vous, peut-être, mais les enfants, eux, se demandent sans doute à quoi peut bien rimer toute cette agitation. Le vote, la démocratie, la république… autant de concepts compliqués ces jeunes citoyens. Comment leur expliquer ces notions avec des mots simples, des exemples qui leur parlent et leur permettent de se projeter ? Je vote ! le livre de Mark Shulman (scénario) & Serge Bloch (illustrations), vous retira sans doute une épine du pied. 

Cet album illustré et plein d’humour, s’adresse aux enfants de 6 à 9 ans. S’inspirant de situations de la vie quotidienne, les auteurs expliquent, pas à pas, la citoyenneté aux jeunes lecteurs. Décider de manger une glace plutôt qu’un oignon, par exemple, c’est déjà un vote. Mais certains choix s’avèrent plus difficiles que d’autres. Préfères-tu déguster une glace ou un gâteau ? Difficile de se prononcer pour l’une ou l’autre option, n’est-ce pas ? Il faut alors évaluer les différentes possibilités. Et si on est plusieurs à voter, il faut discuter, trouver éventuellement un consensus. Lorsqu’il faut élire un délégué de classe, par exemple. Chaque candidat tentera de convaincre ses camarades qui est le meilleur pour assurer ce rôle. Et, pour gagner, il devra obtenir la majorité des voix. 

Après avoir aborder les notions essentiels, l’ouvrage explique les différentes étapes du vote des adultes (l’inscription sur les listes électorales, le bureau de vote…), puis présente les institutions de la France (le Président de la République, le Gouvernement…) et de l’Europe (les Députés Européens, les référendums...). Cet ouvrage a su convaincre bien des lecteurs y compris aux Etats-Unis, en Italie et à Taïwan où il semble avoir fait l’unanimité ! 

Pour ceux qui souhaiteraient approfondir la question ou étudier d’autres points de vue, il existe plusieurs ouvrages sur le même thème : 

  • Votez Leloup de Davide Cali & Magali Clavelet chez Casterman (dès 6 ans)
  • L'histoire du lion qui voulait être président de Martin Baltscheit & Marc Boutavant chez Glénat Jeunesse (dès 6 ans)
  • Votez Splat ! de Rob Scotton chez Nathan (dès 4 ans)
  • Max veut être délégué de classe de Dominique de Saint Mars et Serge Bloch chez Calligram (dès 6 ans)
  • Dessine-moi... ton président idéal de Dominique De Coster aux Editions du Rêve (dès 6 ans)
  • La présidente de Geoffroy de Pennart chez Kaléidoscope (à partir de 3/4 ans)

Mark Shulman est américain. Il est l’auteur de plus de 150 ouvrages pour la jeunesse. Serge Bloch, quant à lui, ne vous est sûrement pas inconnu. C’est l’illustrateur de la célèbre bande dessinée Max et Lili en collaboration avec Dominique de Saint-Mars (textes) chez Caligram et de la série SamSam chez Bayard éditions. 

📌Je vote ! Mark Shulman & Serge Bloch. Seuil Jeunesse, (2020)


La bête. Frank Pé & Zidrou

La bête. Frank Pé & Zidrou


 Tout le monde connait l’animal imaginaire créé par André Franquin en 1952 ? Mais si, vous savez, le Marsupilami, ce drôle de singe jaune avec une queue démesurée ! Originaire de Palombie (un pays fictif d’Amérique du Sud), il a fait ses premiers pas dans Spirou et Fantasio, avant d’avoir sa propre série et même sa maison d’édition personnelle (Marsu Productions). Frank Pé, l’illustrateur de la fameuse série Zoo a décidé de lui redonner vie avec l’aide du scénariste Benoît Drousie, dit Zidrou. Néanmoins, les auteurs ont bien précisé que leur bestiole ne ressemblerait pas tout à fait au « Marsupilamus franquini ». Il ne s’agit donc pas d’un spin-off ou d’une préquelle. Leur univers est très différent de celui de Franquin, plus réaliste et plus noir aussi. 


La bête. Frank Pé & Zidrou. P6-7


Nous sommes en novembre 1955. Un cargo accoste dans le port d’Anvers. Sa cale est un véritable cimetière animalier. Le capitaine explique à ses employeurs que l’équipage a été retardé par de nombreuses avaries. L’eau et la nourriture ont été rationnés au profit des hommes. Néanmoins, l’un des animaux a survécu à la pénurie. Les trafiquants devinent qu’il fera leur fortune car son apparence est très singulière. Il s’agit sans doute d’une espèce inconnue en Europe. Mais le Marsipulami a de l’instinct et il échappe rapidement à ses tortionnaires. Affamé et affaibli, il parvient à filer jusque dans la banlieue de Bruxelles. Il est recueilli par François, un petit garçon écorché vif qui porte secours à tous les animaux croisant son chemin. Sa maison est une véritable arche de Noé. Il y a là un cheval alcoolique, un chien à trois pattes, un dindon qui se prend pour un coq, un aigle qui ne sait pas voler, un couple de ragondins énamourés, un chat péteur, un marcassin, une salamandre, une couleuvre… bref, une véritable famille d’adoption. D’ailleurs, la solidarité se développe très vite au sein de ce petit refuge douillé, à l’abri de la cruauté des hommes. Pas pour longtemps, malheureusement…

Cet album a remporté le Prix Albert Uderzo du meilleur dessin en 2021, un titre non usurpé. Les planches sont absolument superbes. 


La bête. Frank Pé & Zidrou. P104-105


📌La bête. Frank Pé & Zidrou. Dupuis, 156p (2020)


Avec la permission de Gandhi. Abir Mukherjee

 Avec la permission de Gandhi. Abir Mukherjee


Au risque de vous décevoir, sachez qu’on ne croisera pas le Mahatma Gandhi dans ce roman mais plusieurs de ses disciples aux prises avec le colonisateur britannique. Nous sommes en décembre 1921 et Calcutta s’apprête à recevoir le Prince de Galles. La police impériale est sur les charbons ardents et les partisans du satyāgraha (la résistance à l'oppression par la désobéissance civile de masse) compte bien profiter de l’occasion. Si l'ahiṃsā (non-violence) est la seule arme des manifestants, les autorités craignent néanmoins des débordements. Or, c’est dans ce contexte que survient une série de meurtres particulièrement violents. Le capitaine de police opiomane, Sam Wyndham, et son sergent, l’enquêteur d’origine bengalie, Sat Banerjee, se lancent donc à la poursuite de ce dangereux meurtrier qui pourrait bien déstabiliser le Raj britannique en cette période troublée. Leur enquête va rapidement établir que l’origine de ses crimes sanglants a un rapport avec la Grande Guerre. Sans vous donner la clé de l’intrigue, je peux néanmoins vous proposer un petit indice : le titre original du roman est  Smoke And Ashes (fumée et cendres).

Avec la permission de Gandhi est le troisième volet des enquêtes du duo improbable Wyndham & Banerjee. La série compte à ce jour 5 épisodes dont 3 traduits en français. A chaque livre correspond une nouvelle année dans la chronologie qui doit conduire l’Inde vers l’indépendance :

  • 1919 : A Rising Man (L’attaque du Calcutta-Darjeeling)
  • 1920 : A Necessary Evil (Les princes de Sambalpur)
  • 1921 : Smoke and Ashes (Avec la permission de Gandhi)
  • 1922 : Death in the East (Le Soleil rouge de l'Assam)
  • 1923 : The Shadows of Men

Le titre du premier volume s’inspire d’un poème de Rudyard Kipling intitulé City of Dreadful Night et paru dans Gazette Civile et Militaire en 1885. Abir Mukherjee aurait pu tout aussi bien choisir d’emprunter ses lignes à The White Man's Burden (Le Fardeau de l'homme blanc), le poème emblématique du chantre de l'impérialisme britannique. Au-delà de la figure complexe du prix Nobel britannique (qu’il convient sans doute de replacer dans le contexte de son époque), le projet d’Abir Mukherjee, à travers sa série policière, est d’explorer cette période charnière qui précède l’indépendance du Pays d’origine de ses ancêtres. S’il a choisi la cité historique de Calcutta (renommée Kolkata en 2001) pour étayer son propos, ce n’est pas un hasard. C’est la ville natale d’un autre prix Nobel de littérature (un Indien cette fois) : Rabindranath Tagore (1861-1941). C’est aussi celle du physicien Satyendranath Bose (1894 -1974). Calcutta, nous dit Abir Mukherjee, est une cité dont l’histoire est unique. Fondée au 17ème par La Compagnie anglaise des Indes orientales, pour consolider ses activités commerciales dans le Bengale, elle devient le siège des Indes britanniques puis la capitale du Raj entre 1773 et 1911. Elle cède ensuite son statut à New Delhi. Quoi qu’il en soit, au tournant du 19ème et du 20ème siècle, Calcutta est une ville cosmopolite et dynamique. Le premier bureau des empreintes digitales y est installé en 1897, soit 5 ans avant la branche de Scottland Yard… un territoire idéal donc pour les héros récurrents de notre romancier anglo-indien. 

Contre toute attente, et en dépit de quelques tabous raciaux dont il a du mal à se dépêtrer, le capitaine Wyndham n’est pas un sale type imbu de lui-même. Bien au contraire, cet anti-héros est plutôt sympathique. En un sens, notre agent de police des forces impériales est un « has been » : ex enquêteur de Scotland Yard, vétéran de la première guerre mondiale, veuf éploré et opiomane acharné. Il reste néanmoins un excellent enquêteur, plutôt cynique mais doté d’un humour tout britannique. Son jeune second, le sergent Surrender-Not (Surendranath) Banerjee alias Sat Banerjee, est un personnage tout aussi tourmenté. Issu d’une famille bengalie influente, il a fait ses études en Angleterre avant de retourner dans son pays natal. Il est l’un des premiers officiers d’origine indienne du Bureau de police de Calcutta. Sa position au sein des forces impériales est d’ailleurs assez difficile à tenir vis-à-vis de ses proches et de ses concitoyens. Contrairement à son patron, le sergent Banerjee est un idéaliste qui souhaite protéger son peuple des débordements meurtriers qui feront sans doute suite au départ des colonisateurs. Il est persuadé, que le moment venu, les Indiens auront besoin d’hommes compétents pour maintenir la sécurité. Son pire ennemi est certainement sa timidité. Ce petit défaut lui joue de nombreux tours dans sa vie personnelle (notamment avec les femmes) mais aussi professionnelle. Le capitaine Wyndham, ne reconnait-il pas  lui-même qu’il a tendance à sous-évaluer son subordonné ? 

Vous l’aurez compris, le roman d’Abir Mukherjee n’est pas une simple série policière. L’intrigue, si elle est parfaitement bien menée (et que le suspense est au Rendez-vous pour les amateurs du genre), reste un prétexte pour aborder ce qui lui tient tellement à cœur. Attention, il ne s’agit pas pour autant d’un règlement de compte avec l’histoire (il y a trop d’humour et d’empathie dans ce texte pour cela) mais plutôt d’une mise au point sans concession. 

La série Wyndham / Banerjee a été récompensée par de nombreux prix littéraires. Ce troisième volet, paru dans les pays anglophones en 2018, a reçu l’Historical Dagger Award (décerné par la Crime Writers' Association) en 2019 et le Prix Edgar-Allan-Poe du meilleur roman (organisé par l’association Mystery Writers of America) en 2020. Le livre, qui vient seulement d’être publié en France, a déjà reçu un accueil très positif dans les médias. 

A noter enfin (pour ceux qui lisent l’anglais) qu’Abir Mukherjee a publié, en novembre dernier, un article passionnant dans The Guardian où il propose une liste de 10 ouvrages consacrés à Calcutta. La sélection mentionne notamment : La cité de la joie de Dominique Lapierre, Râga d'après-midi d’Amit Chaudhuri, La vie des autres de Neel Mukherjee ou Un nom pour un autre de Jhumpa Lahiri. 

Extrait : 

« Un cadavre dans un funérarium n’a rien d’inhabituel. Il est rare en revanche d’en voir un y entrer par ses propres moyens. Cette énigme mérite d’être savourée, mais le temps me manque, attendu que je suis en train de courir pour sauver ma peau. Un coup de feu retentit et une balle passe près de moi sans rien atteindre de plus menaçant que du linge qui sèche sur un toit. Mes poursuivants – des collègues de la Force de Police impériale – tirent à l’aveugle dans la nuit. Cela ne veut pas dire qu’ils ne pourraient pas avoir plus de chance avec leur prochaine rafale, et même si je n’ai pas peur de la mort, atteint d’une balle dans le dos en tentant de s’enfuir n’est pas exactement l’épitaphe que je souhaite sur ma tombe. »

📌Avec la permission de Gandhi. Abir Mukherjee. Liana Levi, 320 p. (2022)


Blue Lock, T.1. Yusuke Nomura & Muneyuki Kaneshiro

Blue Lock, T.1. Yusuke Nomura & Muneyuki Kaneshiro


 Blue Lock est une bande dessinée dédiée aux champions de foot en herbe. Il s’agit plus précisément d’un Shônen, c’est-à-dire un manga pour enfants et adolescents (à partir de 12 ans pour celui-ci), dont 7 tomes ont déjà été traduits à ce jour (sur 18 en version originale). Foot + manga, c’est le combo gagnant pour séduire les jeunes lecteurs… qui ne demandent qu’à s’identifier aux héros. C’est d’ailleurs l’objectif annoncé des auteurs de la série. Chez nous, on n’échappe pas à la «foot-manga-mania» et quelqu’un m’a été soufflé un compte-rendu très enthousiaste. 

Le manga nous conduit au lendemain de la coupe du monde de 2018. L’Union japonaise de football a décidé de changer de stratégie et de se donner toutes les chances pour la prochaine compétition en 2022. Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’organisme sportif ne lésine pas sur les moyens mis en œuvre. En effet, un centre de formation révolutionnaire voit le jour, sous la houlette de la directrice Anri Teieri et de l’entraîneur Jinpachi Ego. Le Blue Lock, tel est son nom, se donne pour objectif de former le meilleur buteur de tous les temps (rien que ça), ses équipiers étant relégués à des rôles de simples figurants. Trois cents lycéens, considérés comme les meilleurs espoirs du pays, sont ainsi convoqués au centre de formation. Parmi eux, Yoichi Isagi, élève de première et attaquant dans l’équipe du lycée Ichinan. Il y retrouve Ryôsuke kira, le capitaine d’équipe du lycée Matsukaze Kokuô contre lequel il a perdu la finale du tournoi départemental de Saitama (ratant de peu les qualifications pour le tournoi national). Contre toute attente, les deux rivaux sympathisent. Ils se retrouvent d’ailleurs dans le même pool au sein du Blue Lock : l’équipe Z, la dernière du classement ! 


Blue Lock, T.1.P50-51


Pour être honnête, je suis loin d’adhérer à cette série, qui valorise l’individualisme au détriment de l’esprit d’équipe. Les auteurs reprennent, en effet, les principes des « battle royale ». Ces jeux de survie s’inspirent des fictions telles que Battle Royale (le film de Kinji Fukasaku adapté du roman éponyme de Kōshun Takami,), Hunger Games (les films de Gary Ross et Francis Lawrence inspirés de la trilogie écrite par Suzanne Collins) ou plus récemment Squid Game (la série réalisée par Hwang Dong-hyeok). On retrouve ses codes dans plusieurs jeux vidéo comme Fornite. Pour résumer l’idée, les candidats doivent éliminer progressivement les autres participants. Plusieurs stratégies peuvent être utilisées au cours du jeu (y compris l’entraide temporaire) sachant qu’il ne peut y avoir qu’un seul gagnant (voire survivant) à la fin. Dans Blue Lock, il ne devra rester qu’un footballeur sur les trois cents attaquants sélectionnés. Les candidats éliminés ne sont évidemment pas exécutés au sens propre mais définitivement évincés des concours nationaux. Il s’agit donc d’un suicide professionnel. Bref, on est loin des valeurs traditionnelles du football (qui ont pourtant fait leurs preuves sur le terrain) ! 


Blue Lock, T1 à T4


📌Blue Lock, T.1. Yusuke Nomura & Muneyuki Kaneshiro. Pika, 208p. (2021)


Dictionnaire insolite de la Corée du Sud. Cédric du Boisbaudry

 Dictionnaire insolite de la Corée du Sud. Cédric du Boisbaudry


En lisant le titre, la première question qui vient à l’esprit est : à quoi tient le caractère insolite de cet ouvrage ? Tout d’abord, le format de l’opus est plutôt inhabituel pour un dictionnaire. Il ne s’agit pas d’un pavé encyclopédique mais d’un élégant livret de 160 pages. On peut l’utiliser comme un manuel usuel et y piocher ponctuellement quelques définitions au hasard. Néanmoins, sa brièveté permet aussi de le lire d’une traite, comme un roman. On peut enfin le glisser dans sa poche et l’utiliser en complément d’un guide de voyage. Par ailleurs, le contenu de ce dictionnaire a,  certes, de quoi étonner le lecteur hexagonal non initié aux us et coutumes du Pays du Matin Calme… tout comme les pratiques et le mode de pensée Français surprennent à coup sûr ceux qui y sont étrangers… mais ne boudons pas notre plaisir car ce livre est en effet plein de surprises et très plaisant à lire.

Il est de notoriété que la moitié de la population coréenne est dotée du patronyme Kim, Park ou Lee (prononcez « Hi »). De plus, il suffit de se promener un peu dans le Pays pour avoir l’impression que ses habitants portent aussi le même prénom ! En réalité, les Coréens n’utilisent pas leurs prénoms pour s’interpeller mais un vocabulaire emprunté à la sphère familiale. Ainsi, une femme doit appeler une autre femme plus âgée « Onni » (grande sœur) même si elle n’a aucun lien familial avec elle. De la même manière, un garçon ou un homme appellera son aîné « Oppa » (grand frère), et ainsi de suite. Saviez-vous, par ailleurs, que tous les Coréens ne calculent pas l’âge d’une personne de la même façon que les Occidentaux ? En effet, lors du Nouvel An, tous les Coréens ajoutent une année à leur âge quelle que soit leur mois de naissance. Pour les expatriés, qui connaissent un peu la langue, il y a un autre sujet d’étonnement compliquant souvent la compréhension orale. Il s’agit d’une habitude que nous partageons, dans une moindre mesure, avec les Coréens à savoir le fait de mélanger des mots de vocabulaire locaux avec l’Anglais. Le « Konglish » est le pendant de notre « Franglais » avec une difficulté supplémentaire consistant à conserver la phonétique coréenne. Par exemple, le mot anglais télévision se prononce « télébijion ». Mais les emprunts vont plus loin puisque certains termes prennent un sens nouveau. Ainsi, le mot meeting remplace-t-il l’expression Blind Date pour les rendez-vous arrangés. La fantaisie linguistique des Coréens va si loin que les phrases n’ont parfois plus de sens. L’essentiel étant que cela sonne comme la langue de Shakespeare. Pour rester sur les anglicismes, mais dans un autre domaine, signalons que les jeunes gens évoquant le SKY, ne parlent pas d’atteindre le 7ème ciel mais d’aller à l’Université. Il s’agit en effet de l’acronyme désignant les trois établissements les plus prestigieux : l’université nationale de Séoul, ainsi que les universités Korea et Yonsei. La compétition est en effet très rude parmi les étudiants qui cumulent les heures d’études officielles et heures complémentaires en établissements privés depuis le plus jeune âge. La Corée du Sud détient de fait un triste record en matière de burn-out et suicides parmi les états de l’OCDE (8ème rang pour les femmes, 10ème pour les hommes). Il faut dire que la pression est très forte dans cette société où les apparences, les règles et la hiérarchie sont primordiales. 

Le dictionnaire de Cédric du Boisbaudry évoque ainsi de nombreux aspects de la vie quotidienne en Corée. Il y a des entrées consacrées à la famille, aux règles de politesse, aux traditions, à la gastronomie, à l’économie, à l’histoire, etc. Bref, grâce à ce livre, vous saurez tout sur la fête de Chuseok, le Kimbap, les haenyeo, les jangseung, le nunchi, le soju, etc . Les relations avec la Corée du Nord et la fameuse DMZ (zone démilitarisée qui sépare la Corée du Sud de son voisin du Nord) ne sont pas éludées non plus. L’auteur, qui vit au Pays du Matin Calme depuis plusieurs années, pose un regard bienveillant mais lucide sur son pays d’adoption. Il évoque enfin les hauts lieux touristiques comme l’île de Jeju, le quartier chic de Gangnam à Séoul ou le palais impérial de Gyeongbokgung. 

Le catalogue des éditions Cosmopole compte une bonne soixantaine de « dictionnaires insolites ». Parmi les ouvrages de cette collection, plusieurs sont dédiés aux pays d’Asie dont la Birmanie, le Cambodge, la Chine, l’Inde, l’Indonésie, etc. Une véritable invitation aux voyages….

📌Dictionnaire insolite de la Corée du Sud. Cédric du Boisbaudry. Cosmopole, 160 p. (2021)


Les confins. Eliott de Gastines

Les confins. Eliott de Gastines


 On ne sait pas grand-chose d’Eliott de Gastines dont c’est ici le premier roman. Néanmoins, il nous apprend, dans une note à la fin du livre, qu’il est le petit fils d’un exploitant touristique de la station de ski de La Clusaz en Haute-Savoie. Il a donc eu vent des Plans Neige successifs (1964-1977) dont l’objectif était de démocratiser l’accès aux sports d’hiver avec l’aménagement de stations touristiques « intégrées ». Celles-ci ont été créées à l’image des villes nouvelles, avec une organisation rationnelle (zoning) et des grands ensembles… un eldorado pour les uns, l’expropriation systématique des terres pour les autres et des stations de ski peu respectueuses de l’environnement naturel pour le tourisme de masse des trente glorieuses. Eliott de Gastines a emprunté, pour le titre de son roman, le nom d’un lieu-dit qui surplombe la fameuse station de La Clusaz. Il s’est également inspiré de la toponymie du massif des Aravis et de la Haute Tarentaise pour le décor. Le contexte étant posé, la comparaison avec la vraie vie s’arrête là, nous dit-il. 

Les Confins, un village fictif niché à 1644 mètre d’altitude, est le théâtre d’une tragédie en huis clos qui prend ses racines à l’hiver 1964 et trouve sa conclusion dans un bain de sang, vingt plus tard. L’intrigue alternent donc, au fil des chapitres, entre ses deux dates décisives. Le village de montagne est d’autant plus isolé en période hivernale que la seule route y accédant, la dangereuse D132, est inaccessible du 1er novembre au 1er avril. Nous sommes en 1984, à la veille de la fermeture de la fameuse voie. Dans la vallée, les camions font la navette pour ravitailler les futurs confinés volontaires. Bruno Roussin, écrivain trentenaire renommé, et Corinne, son élégante compagne parisienne, attendent le dernier bus qui effectue la liaison entre Bourg-le-Beauregard et les Confins. Le jeune homme a prévu de s’isoler dans son chalet de famille pour boucler son prochain roman. C’est du moins la raison officielle de son retour en Haute-Savoie. Ses parents, Aline et Pierre Roussin, y ont trouvé la mort, deux décennies plus tôt, alors que la nouvelle station de ski était à l’agonie. Le jeune homme espère bien découvrir ce qui s’est réellement passé. Comment son père, architecte de génie, a-t-il pu faire faillite avec un projet touristique haut de gamme (donc aux antipodes des usines à ski du plan neige) aussi bien ficelé que le sien ? Le maire du village, Emile Empereur, a-t-il participé à la chute de la famille Roussin ? Son frère, Léon, un homme d’affaires sans scrupule, avait-il intérêt à pousser l’architecte lyonnais à la faillite ? Les autres villageois sont-ils complices d’un vaste complot immobilier et financier ? Autant de questions qui trouveront des réponses d’autant plus vite que les réserve d’alcools s’épuisent dangereusement. 

Voilà un très bon premier roman, selon moi. Le sujet est passionnant et le style d’écriture parfaitement convaincant. D’Eliott de Gastines ne manque pas d’humour et de dérision, ce qui ne gâche rien. J’ai passé un excellent moment en sa compagnie. A quand le prochain roman ? 

📌Les confins. Eliott de Gastines. Flammarion, 284 p.  (2022)


Les voyages d’Ulysse. Lepage, Michel & Follet

Les voyages d’Ulysse


 C’est à un beau voyage, inspiré de L’Odyssée d’Homère, auquel nous convient Emmanuel Lepage et ses complices (Sophie Michel au scénario et René Follet pour une partie des illustrations). En effet, ce roman graphique est une véritable épopée artistique, qui nous donne à voir des illustrations à la manière des « Marines » d’un Vernet ou d’un Turner, mais aussi des scènes de la mythologie grecque, dans une ambiance teintée d’Orientalisme. Les vignettes sépia alternent ainsi avec des dessins pleine-page, les planches sombres et les dessins teintés d’ocre et d’orangé. Bref, voilà une bande dessinée qui nous incite à penser que le 9ème art porte bien son nom ! Et l’intrigue dans tout ça ? 

L’album s’ouvre sur une série de planches semblant mêler deux époques distinctes avec, dans les phylactères, des citations tirées du prologue de l’Odyssée. Deux scènes se jouent en parallèle : le naufrage d’Ulysse sur son radeau de fortune et l’incendie d’une maison dont on ignore encore tout. Néanmoins si l’histoire d’Ulysse apparait en filigrane, il n’est pas le personnage principal de ce roman graphique.  Les premières images de tempête et d’apocalypse font rapidement place à un décor plus serein. Nous sommes sur le port d’Istanbul, sans doute entre la fin du 19ème siècle et le début du 20ème siècle (ceux qui ont lu Le voyage d’Anna, premier volet indépendant du triptyque, connaissent sans doute la chronologie exacte). 


Les voyages d’Ulysse. Lepage, Michel & Follet. P56-57


Jules Toulet, jeune peintre sans le sou, ne rêve pratiquement que de voyage et d’aventure. Il espère aussi retrouver la trace de sa muse disparue : une certaine Anna ! Malheureusement pour lui, aucun marin n’a envie de s’embarrasser d’un artiste en mer. Finalement, le hasard place notre héros sur le chemin de Salomé Ziegler, jeune femme énigmatique et anticonformiste à la beauté ravageuse. Elle est propriétaire d’un navire nommé l’Odysseus. La capitaine accepte de prendre Jules à son bord à deux conditions. D’abord, il devra peintre une toile par semaine ; ensuite, il devra aider Salomé dans sa propre quête. La jeune femme souhaite en effet retrouver un peintre appelé Ammôn Kasacz dont les toiles sont des représentations des épisodes de L’Odyssée. Le pacte scellé va conduire nos deux héros dans un périple qui les amènera à traverser la Méditerranée, depuis la Turquie, en passant par l’Egypte, Gibraltar et la Grèce. 

Une intrigue à la hauteur des illustrations donc, qui aborde de nombreux thèmes dont certains avec une résonnance féministe. Rappelons ici que Sophie Michel et Emmanuel Lepage ont également publié ensemble la série Oh, les filles chez Futuropolis.


Les voyages d’Ulysse. Lepage, Michel & Follet. P112-113


Des encarts en papier calque viennent s’insérer dans la narration principale comme autant d’échos venus de l’Odyssées.  Par exemple, un extrait de l’invocation des morts, où Ulysse parle avec le fantôme de sa mère Anticlée, fait face à une scène où un personnage songe à son épouse décédée. De la même manière, les fresques du peintre fictif Ammôn Kasacz évoque des épisodes fameux du voyage d’Ulysse comme celui où le roi d’Ithaque lutte contre le cyclope Polyphème, fils de Poséidon, dont il crève l'œil grâce à un pieu. L’album est d’ailleurs complété par un livret de croquis réalisés par René Follet pour ses études consacrées aux fresques épiques d’Ammôn Kasacz. Certaines illustrations sont extraites du livres d’esquisses Les grecs (en collaboration avec Michel Massian), paru en 1971 chez Dupuis. 

Les voyages d’Ulysse a été récompensé en 2017 par le Grand Prix de la critique de l’ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée). Les deux premiers volumes, dédiés aux enfants de Sophie Michel et Emmanuel Lepage (Anna et Ulysse) ont été complétés en 2019 par un troisième volet intitulé Les voyages de Jules. Gageons que nous y retrouverons notre héros Jules Toulet. A suivre !


Les voyages d’Ulysse. Lepage, Michel & Follet


📌Les voyages d’Ulysse. Emmanuel Lepage, Sophie Michel & René Follet. Daniel Maghen éditions, 264p. (2016)


Pluie. Ng Kim Chew

Pluie. Ng Kim Chew


 L’auteur de Pluie a été récompensé par le Prix Emile Guimet qui lui a été remis lors d’une cérémonie à l'occasion Des Nuits de la Lecture, le 20 janvier 2022. Il est également le récipiendaire du Grand Prix du Salon du Livre de Taipei et du prix Trépied de la Littérature. Trois bonnes raisons, il me semble, de choisir cet ouvrage parmi la multitude qui se distingue durant cette période de l’année. Par ailleurs, les hasards du calendrier éditorial font que La traversée des sangliers de Zhang Guixing était disponible en Français à la même période. Il m’a semblé intéressant de pouvoir comparée ces deux œuvres taïwanaises qui ont pour décor la Malaisie. Et je dois dire que je suis surprise par l’inventivité de la littérature sinophone. 

La forme narrative de Pluie a de quoi déstabiliser son lecteur. Peut-on qualifier ce livre de recueil de nouvelles ? Pour Ng Kim Chew, il s’agit plutôt d’une succession de tableaux, comme autant de versions d’une intrigue possible avec des personnages et des éléments récurrents parmi lesquels cette pluie diluvienne omniprésente. Les différents récits (7 tableaux et un chapitre intitulé Coâ, coâ, coâ) s’articulent autour d’une famille de migrants chinois installés au cœur de la forêt malaisienne. Ils vivent de la récolte du latex, tiré de leur plantation d’hévéas. Malheureusement, la pluie réduit les récoltes à néant. Les protagonistes doivent donc attendre qu’elle cesse, dans le huis-clos de leur maisonnée. Sin, le fils de la famille, nous apparaît tantôt sous l’apparence d’un garçonnet de 5 ans, tantôt à l’âge adulte. S’est-il réincarné comme le suggère les croyances du lieu ? A l’instar de Sin, les autres protagonistes changent constamment de rôle. Sa maman, par exemple, est tour à tour, fille-mère, épouse aimante, veuve abusée…. Il en est de même pour les objets. Une antique pirogue apparait dans plusieurs tableaux et dans des circonstances totalement différentes à chaque fois. Il n’y a pas non plus de véritable chronologie… à peine quelques points de repères quand les Japonais investissent la Jungle durant la seconde guerre mondiale, suivis par les chantres de la révolution communiste. Bref, les séquences oniriques alternent avec le réalisme historique dans un étonnant embrouillamini qui évoque la dureté de la vie, les croyances et le mode de pensée de la diaspora chinoise en Malaisie.

📌Pluie. Ng Kim Chew. Philippe Picquier, 144 p. (2020)


Abandonner un chat. Haruki Murakami

 Abandonner un chat. Haruki Murakami


Avant toute chose, sachez qu’aucun animal n’a vraiment été abandonné ni blessé (du moins, pour ce qu’on en sait). Si Haruki Murakami nous raconte cette anecdote, c’est d’abord parce que la tentative d’abandon du chat sur la plage de Koroen a échoué… au grand soulagement de l’auteur. En revanche, l’histoire fait écho à d’autres abandons, des douleurs et des blessures, dont les humains se sortent moins bien que le fameux félin qui avait retrouvé son chemin jusqu’à la maison de ses maîtres. 

Comme l’indique le sous-titre, l’écrivain japonais évoque ici des souvenirs de son père, Chiaki Murakami. En réalité, il s’agit surtout de fragments de souvenirs, complétés par les recherches de l’auteur sur la période militaire de son père. Il nous raconte comment Chiaki Murakami, issu d’une fratrie de 6 garçons, a été confié à un prêtre de la région de Nara, par lequel il aurait dû être adopté et formé à la charge de prieur. Cela ne s’est pas passé ainsi. Pour des raisons mystérieuses (en tout cas peu convaincantes), l’enfant est revenu dans son foyer d’origine à Kyoto, profondément blessé par cette aventure. Plus tard, le conflit sino-japonais puis la seconde guerre mondiale, vont de nouveau contrarier ses projets. Suite à une erreur administrative, ce jeune homme, qui n’aspirait qu’à étudier la littérature et composer des haïkus, se trouve enrôlé dans la tristement célèbre 16ème division qui avait participé au massacre de Nankin… Son fils a longtemps cru qu’il se trouvait en Chine en décembre 1937. Le père Haruki Murakami, qui était peu enclin aux confidences et ne parlait jamais de ses années militaires, n’avait pas songé à dire à son rejeton qu’il avait été incorporé plus tard.

Haruki Murakami, qui ne s’entendait guère avec son père, a longtemps porté ce livre en lui. Les mots ne lui venaient pas. Comment parler d’un homme dont il savait si peu et dont il s’est éloigné pendant plus de 20 ans ? L’écrivain japonais a finalement choisi de publier ce texte dans un opus différencié du reste de son œuvre. Le livre est illustré par l’artiste italien Emiliano Ponzi. Les dessins sont à l’image de la couverture : sobres et empreints de nostalgie enfantine. Ils servent bien l’opus plein de pudeur et d’émotion. Un autre ouvrage est paru simultanément à celui-ci. Il s’agit d’un recueil de nouvelles intitulé Première personne du singulier (Belfond, 160 p., 2022). Par ailleurs, Jean-Christophe Deveney & Pmgl ont récemment publié une adaptation en BD de 9 nouvelles d’Haruki Murakami, intitulée Le septième homme et autres récits (Delcourt, 424 p., 2021).

📌Abandonner un chat, souvenirs de mon père. Haruki Murakami. Belfond, 64 p. (2022)