199 dinosaures et animaux préhistoriques. Fiorin & Watson

199 dinosaures et animaux préhistoriques


 Ah les dinosaures, comme c’est fascinant ! Les enfants adorent, c’est universel ! Il existe de nombreux ouvrages sur le sujet mais la plupart s’adresse aux enfants qui savent déjà lire. Pour les tout-petits, on trouve davantage de livres-jeux (coloriages ou gommettes) que de documentaires. 

La maison d’édition Usborne a publié un imagier destiné aux enfants à partir de 2 ans. Il présente, en quelques pages, un panorama des mastodontes depuis les plus grands prédateurs, en passant par les herbivores géants, les dinosaures du désert, les animaux du désert ou les oiseaux.

La collection 199 images est une série de livres-bébés. Ces imagiers sont adaptés aux petites mains avec un format tout en longueur et surtout des pages cartonnées qu’on ne peut pas déchirer. La collection compte seulement 8 titres dont plusieurs consacrés aux animaux (animaux marins, animaux du zoo…). Il y a également un titre sur les véhicules, un autre sur les drapeaux et enfin un ouvrage sur la ferme.

Fabiano Fiorin, le dessinateur, est d’origine italienne. Il est illustrateur de BD et de livres pour la jeunesse. Il travaille pour les éditeurs internationaux comme Mondadori, Einaudi Ragazzi, Usborne, Oxford University Press, etc.  Il collabore depuis plus de 20 ans avec la Milan Illustration Agency.


199 dinosaures et animaux préhistoriques. Fiorin & Watson. Bipèdes


Hannah Watson, l’auteur, a étudié la littérature à l’Université de Durham en Angleterre puis à la Sorbonne à Paris. Elle a rejoint les éditions Usborne juste après l’obtention de son diplôme en 2015. 

La plupart des documentaires sur les dinosaures s’adressent aux enfants à partir de 3 ans :

  • Les dinosaures dans la collection Docus à toucher chez Milan 
  • Les dinosaures dans la collection Anim’ mouss chez Tourbillon
  • Les dinosaures dans la collection Mes premiers docs sonores chez Gründ
  • Les dinosaures dans la collection Mes premières découvertes chez Gallimard
  • Dico dino à l’école des loisirs
  • Ecoute et découvre les dinosaures chez Larousse
  • Cherche et trouve géant au temps des dinosaures au Seuil

📌199 dinosaures et animaux préhistoriques. Fabiano Fiorin & Hannah Watson. Usborne, 16 p. (2018)


Pirate tétine. Jean-Charles Sarrazin

Pirate tétine. Jean-Charles Sarrazin


 Comment convaincre les jeunes enfants de se débarrasser de leur tétine ? En la matière, il existe de nombreuses stratégies. On peut convaincre loulou de la donner au Père Noël, par exemple, ou de l’offrir symboliquement à un plus petit que lui. Et si cela ne fonctionne pas ? Nous sommes tous d’accord pour exclure la manière forte. Il reste donc l’auto persuasion. Ouais…. Bon, on peut aussi influencer les jeunes enfants grâce à quelques lectures édifiantes… ou non. Pour ma part, j’ai l’impression que l’album de Jean-Charles Sarrazin est plutôt destiné à calmer les parents.

Lapinou et son papa vont cueillir des pissenlits dans la forêt. Notre petit héros est une vraie canaille, arborant tétine et bandanas de pirate. Mais à force de faire l’idiot, il finit par énerver son père qui menace de confisquer la tototte et le foulard. Notre pirate prend peur et s’enfuit dans la forêt. Il y fera une dangereuse rencontre.

Voici un petit livre qui plaira beaucoup aux petits rebelles qui ne savent pas se passer de leur tétine. En revanche, la chute de l’histoire ne conviendra peut-être pas aux parents car notre malicieux lapin n’a pas l’intention d’abandonner sa tototte. Bien au contraire ! Après tout, la tétine en question lui a sauvé la vie. C’est un véritable trésor cette tototte en fait. Lapinou songe qu’un jour, il pourra l’enterrer dans son coffre de pirate. « Mais pas aujourd’hui. Plus tard, quand il sera grand ! »

Il existe plusieurs ouvrages sur le même thème, parmi lesquelles :

  • La tétine de Nina de Christine Naumann-Villemin & Marianne Barcilon chez Kaléidoscope, 32 p. (rééd. 2019)
  • La tototte de Barbro Lindgren & Olof Landström chez L’école des loisirs, 28p. (2002)


📌Pirate tétine. Jean-Charles Sarrazin. Ecole des loisirs, 28 p. (2012)


Où est Charlie ? Martin Handford

Où est charlie ? nouvelle édition


 Tout le monde connait Charlie ? C’est ce petit bonhomme avec une manière rouge et un bonnet assorti qui se cache dans les pages des livres de Martin Handford. 

Dans ce premier tome, Charlie nous convie à un tour du monde. Mais avant de partir, il faut bien s’équiper : sac à dos, duvet, bouilloire, canne, appareil photo, tuba et masque… Attention, Charlie n’est pas facile à suivre car il se mélange à la foule et se perd souvent dans le décor. Heureusement, il nous envoie des cartes postales de chaque destinations L’objectif est de le retrouver dans les scènes en double-page : en ville, à la plage, aux sports d’hiver, à la gare, au terrain de camping, au musée, etc. Au total, il y a 12 étapes et autant d’occasion de perdre puis de retrouver Charlie. Sachez aussi que notre héros fait des rencontres en chemin et égare aussi de nombreux objets sur la route. Il va donc falloir les récupérer au passage. Enfin, il y a un invité mystère qui s’est glissé dans toutes les scènes, à la suite de Charlie. Saurez-vous le reconnaître ?


Où est Charlie ? Martin Handford


Où est Charlie est un livre-jeu universel, traduit dans le monde entier. Il change de nom, selon les pays (Il s’appeler Wally au Royaume-Uni, Walter en Allemagne ou Waldo aux Etats-Unis et au Canada) mais les histoires sont les mêmes. Ce petit personnage a déjà occupé plusieurs générations d’enfants puisqu’il est né en 1986 pour la foire du livre de jeunesse de Bologne en Italie. David Bennett de chez Walker Books, l’éditeur de Martin Handford, lui avait suggéré de créer pour l’occasion un ouvrage s’inspirant de ceux de Philippe Dupasquier, un illustrateur d’origine suisse. L’année suivante parait le premier album de Martin Handford: Où est Charlie ? Le succès est si important qu’une franchise est créée avec une série télévisée, des cahiers d’activités et des jeux vidéo. Depuis les produits dérivés se multiplient : jeu de cartes, escape-game, cartes à gratter, etc.

Au fur et à mesure du temps, Charlie s’est vu adjoindre quelques acolytes. Ainsi sont apparus ouaf (le chien), Blanchebarbe (le mage), Félicie (l’amie de Charlie), Pouah (son alter-ego maléfique) et des fans (des enfants habillés en Charlie). Les quêtes se sont multipliées et, en plus d’une partie de l’équipement de Charlie, les petits lecteurs doivent retrouver des objets appartenant aux autres personnages : l’os de Ouaf, l’appareil photo de Félicie, le parchemin de Blanchebarbe et les jumelles de Pouah. D’autres choses s’ajoutent selon les tomes comme un livre (Charlie remonte le temps) ou une bobine de film (A Hollywood). Il peut s’agir aussi de personnages comme dans Le voyage fantastique. Bref, vous l’aurez compris, les ouvrages de Martin Handford foisonne de dessins et d’énigmes à résoudre. Le site de l’éditeur ne précise pas l’âge auquel s’adresse les livres. Comme les quêtes sont assez complexes, je l’évalue à une tranche d’âge de 6 à 12 ans.


Où est Charlie ? Martin Handford


📌Où est Charlie ? Martin Handford. Gründ, 26 p. (2016)


Non, pas dodo. Stephanie Blake

 Non, pas dodo. Stephanie Blake


Simon le lapin, et son frère cadet Gaspard, sont deux héros imaginés par Stéphanie Blake pour permettre aux jeunes enfants de dédramatiser certaines situations du quotidien. Cava boudin, le premier album de la série est sorti en 2002. Viennent ensuite Donner, c’est donner (2007), Aaaah pas le dentiste (2010) et Je veux pas aller à la piscine (2010). Les derniers titres sortis à ce jour sont Non, pas le docteur ! (2021) et Ah ! Ah ! Même pas vrai (2021). Au total, la série compte une bonne vingtaine de titres. Le dessin est minimaliste et les textes s’adaptent parfaitement à l’univers enfantin. Certains livres sont même étudiés dans les écoles maternelles ! 

Ne vous fiez pas à l’épaisseur de cet opus car vous serez surpris par la richesse des thèmes abordés en quelques pages (la fratrie, la peur du noir, la perte du doudou…). Il est bien-sûr question d’aller se reposer après une journée bien remplie à construire « une Méga Top Giga Grande Cabane », mais l’histoire ne s’arrête pas là. Non, car Gaspard a oublié son doudou sous la tente et n’arrive pas à s’endormir. Simon, en frère aîné courageux, n’hésite pas une seconde à s’élancer dans la nuit noire à la recherche de la peluche perdue. Sur le chemin du retour, notre super lapin se fait quand même une petite frayeur. Il a cru voir un monstre caché derrière le buisson. Vite, il prend ses jambes à son coup et rentre à la maison auprès de son frère. Gaspard, lui, est super fier de son aîné. 

La série a été adaptée à la télévision par Stephanie Blake et Thomas Forwood. Le premier épisode a été diffusé le 17 décembre 2016 dans l’émission Zouzous sur France 5.  

📌Non, pas dodo. Stephanie Blake. L’école des loisirs, 34 p. (2010)


Un cochon pour Léon. Jacqueline & Laure du Faÿ

Un cochon pour Léon. Jacqueline & Laure du Faÿ


 Dans notre bibliothèque de Noël, il y a Un cochon pour Léon de Jacqueline & Laure du Faÿ. C’est l’un de nos albums préférés. Il faut dire que les minots n’ont pas de mal à s’identifier au héros, un petit garçon espiègle et très déterminé. Sa lettre au Père Noël inspira sans doute plus d’un bambin. Pensez-donc, demander un petit animal domestique comme cadeau de Noël ! Un rêve quasi universel chez les jeunes enfants qui veulent devenir grands. Oui, mais comme la plupart des parents dans ces cas-là, ceux de Léon sont légèrement réticents. Pour grandir, il faut manger de la soupe, disent sa maman et son papa. Léon, lui, s’accroche à son rêve. Il vaut un cochon de maison. C’est le nom qu’il donne aux cochons d’Inde car il refuse que son futur protégé ne dorme dans le clapier, au fond du jardin. « Au fait, Père Noël, les cochons d’Inde sont bien des indiens ? » Léon est un petit garçon très pragmatique. Le Père Noël ne peut lui apporter son cochon de maison ? Qu’à cela ne tienne ! Léon accepterait éventuellement de le remplacer par un cheval. Ainsi, il pourra aller chercher lui-même son animal aux pays des cowboys et des Indiens ! 

Jacqueline du Faÿ est bibliothécaire à la médiathèque de Château-Gontier depuis 2006. Pour la publication de ce premier ouvrage, elle s’est associée à sa nièce, Laure du Faÿ qui a réalisé les illustrations. Les dessins en double page sont d’ailleurs superbes. L’illustratrice, qui est diplômée de l'École des Arts Décoratifs de Strasbourg, n’en est pas à son coup d’essai. Elle travaille régulièrement avec les éditions Père Castor-Flammarion, Milan, Casterman, Bayard, Sarbacane...

📌Un cochon pour Léon. Jacqueline & Laure du Faÿ. Sarbacane, 40 p. (2014)


L’Hôtel du Cygne. Zhang Yueran

L’Hôtel du Cygne. Zhang Yueran


 Zhang Yueran s’est fait connaître en France grâce à un roman intitulé Le clou (Zulma, 2019). L’Hôtel du Cygne est une œuvre bien plus courte que l’on peut qualifier de novella (ou "zhongpian xiaoshuo"). Ces nouvelles dites moyennes (entre le roman et la nouvelle) sont devenues très populaires auprès des lecteurs chinois.

L’écrivaine chinoise nous invite ici dans un huis-clos composé principalement de Dada, jeune pékinois de 6 ans issu d’une famille aisée, et de sa nounou Yu Ling, une femme blessée par la vie. Les parents du garçonnet ont largement profité de la position privilégiée du grand-père au sein du Parti et obtenus de nombreux avantages grâce à ses malversations. La mère de Dada, qui est partie faire du shopping à Hong Kong, apparait comme une femme égoïste et capricieuse. Son mari, un homme blasé, semble plus sympathique mais assez faible de caractère. Yu Ling, qui déteste sa patronne, a cédé à son cupide amant et accepté d’enlever son protégé pour obtenir une rançon. C’est ainsi que le petit Dada, persuadé d’aller pique-niquer au grand air, est embarqué dans le véhicule d’un certain M. Courge avec sa nourrice et une oie qu’ils ont acheté à un éleveur en route pour l’abattoir (Dada voulait la sauver d’une mort certaine et décrète qu’il s’agit d’un cygne). L’ambiance est plutôt détendue jusqu’à ce que ses ravisseurs apprennent par la radio, que le père et le grand-père de Dada ont été arrêtés par la police. Le plan tombe à l’eau illico. Mais que faire du petit ? La mère de l’enfant est injoignable et sa grand-mère trop éloignée et trop mal en point pour s’en occuper. M. Courge s’énerve puis décide de laisser Yu Ling en plan, non sans lui avoir volé sa carte bancaire.

Zhang Yueran nous présente une galerie de personnages emblématique d’une société en pleine évolution. Il y a les puissants et les nouveaux riches (qui s’ennuient dans leurs grandes et belles maisons) et puis, les autres, les invisibles : domestiques, chauffeurs, baby-sitters, etc… ceux que la vie n’a pas épargné et qui sont témoins de l’avènement d’une certaine aristocratie. La romancière procède par petites touches, sans se presser. C’est ainsi que Yu Ling, plutôt taiseuse se révèle être une personne pleine de tendresse et d’empathie malgré ses dehors abruptes.  On comprend, peu à peu, comment elle en est venue à trahir ses employeurs puis pourquoi elle refuse finalement d’abandonner son petit protégé. D’autres personnages, tantôt antipathiques, tantôt excentriques, apparaissent au fil du récit. Le roman doit son titre au refuge de Dada, une tente installée dans sa chambre où il invite les âmes esseulées comme lui. 

Extrait : 

« Après Damen, ils continuèrent tout droit jusqu’à ce qu’une camionnette blanche se gare sous un arbre à leur hauteur. Une pièce était en travaux chez le petit garçon, ce qui obligeait Xiao Dong, le chauffeur de la famille, à courir les marchés et les fournisseurs de matériaux. Yu Ling avait donc proposé qu’un de ses amis, sichuanais comme elle, les emmène. La porte de la camionnette s’ouvrit et le conducteur sauta à terre. « C’est toi, monsieur Courge ? Mais tu ne ressembles pas du tout à une courge !» s’écria le petit garçon en clignant des yeux. « J’ai la tête aussi ronde qu’une courge, mais ça se voit mieux quand je viens de me raser !» répondit l’homme dans un éclat de rire. L’enfant fit coulisser la portière et monta dans le véhicule. « Je vais monter à l’avant, lui dit Yu Ling, M. Courge ne connaît pas la route. » « Ça fait plus longtemps que toi que je vis à Pékin ! » s’offusqua l’homme en démarrant. Le véhicule hoqueta et se mit en branle tant bien que mal. »

📌L’Hôtel du Cygne. Zhang Yueran. Zulma, 160 p. (2021)


Le club des cinq et la maison hantée. Enid Blyton

Le club des cinq et la maison hantée


 Un groupe d’enfants et une maison hantée, voila une promesse irrésistible pour les jeunes amateurs de sensations fortes ! L’illustration de couverture, réalisée par Auren, continue de plomber l’ambiance pour le plus grand plaisir des petits lecteurs. On y voit, le Club des cinq au grand complet, réfugié près d’un amas de vieilles pierres, sous un ciel déchiré par les éclairs. Bref, bienvenue à Kernach, et plus particulièrement à la Villa des mouettes, la demeure de Claude Dorsel et de ses parents. L’aventure commence mal puisque Dagobert, le chien de l’adolescente, s’est blessé à l’oreille. Il doit porter une ridicule collerette en carton jusqu’à la guérison de la plaie. Ordre du vétérinaire ! Notre héroïne, qui veut éviter que son chien adoré ne soit victime de plaisanteries douteuses, décide de partir camper avec lui dans la lande. Elle est bientôt rejointe par sa cousine Annie, en vacances chez les Dorsel. Ses deux frères, François et Mick, sont en voyage en Espagne mais les rejoindront plus tard. Or, les filles ne vont pas tarder à regretter amèrement leur absence. En effet, il se passe de drôles de choses du coté d’une vieille bicoque abandonnée…

Evoquer un classique de la littérature enfantine est toujours une affaire compliquée. On commence généralement par dire qu’il n’est pas nécessaire de présenter l’auteur puisque tout le monde est sensé le/la connaître et avoir lu ses livres. Dans les faits, on s’empresse justement de parler de sa biographie, puis de dérouler sa bibliographie complète et d’indiquer éventuellement les prix qui ont couronné son œuvre. Après cet exercice un peu laborieux, vient le moment de rappeler dans quel contexte le roman a été écrit car il y a des chances pour qu’il ait pris un petit coup de vieux. La romancière britannique Enid Blyton (1897-1968) n’était déjà plus de ce monde quand j’étais moi-même enfant et lisais avidement la série du Club des cinq puis celle du Clan des sept. J’imagine que leurs aventures étaient suffisamment haletantes pour me faire oublier quelques détails qui aujourd’hui me font un peu tiquer. 


Le club des cinq et la maison hantée. Enid Blyton. Chap1


Dans les romans Enid Blyton, en effet, une jeune fille sportive et intrépide comme Claudine (alias Claude) est forcément un garçon manqué. On sent bien pourtant que la romancière a de l’affection pour son personnage et ne la juge pas plus que cela. Sa cousine Annie, quant à elle, est l’archétype de la féminité telle qu’on pouvait l’imaginer avant 1968 : une fillette douce et un peu peureuse qui ne rechigne pas s’acquitter des tâches ménagères. Dans cet épisode, les garçons arrivent à la rescousse au bon moment pour tirer les filles du pétrin dans lequel elles se sont fourrées. Ici, on peut éventuellement admettre que François, l’aîné du groupe, se sente investi d’une certaine responsabilité (pour ne pas dire instinct de protection) vis-à-vis de ses cousines. Michel (aka Mick), qui a le même âge que Claude, est bien-sûr le casse-cou-rigolo de service. 

J’adore aussi la liberté accordée aux personnages, livrés à eux-mêmes sans adulte responsable pour les encadrer. C’est une fiction, me direz-vous ! En plus, ils ont un gros chien, Dagobert (surnommé Dag ou Dago selon les circonstances), pour les protéger. Enfin, le terrain de jeu des cousins n’est pas en pleine jungle urbaine mais situé sur une île isolée (à défaut d’être paisible). Par contre, cet été, je vais avoir du mal à expliquer à mon Doudou de 9 ans ½ pourquoi, il ne peut aller camper seul en pleine nuit dans la pampa avec son chat, l’arc de sa cousine et quelques sandwichs bio sans gluten.


Le club des cinq et la maison hantée. Enid Blyton. Chap 9


Puisqu’on parle de jeunes lecteurs, je dois dire que le mien a adoré l’histoire et s’est parfaitement identifié aux personnages. Après tout, leurs caractères sont assez différents pour que chacun puisse trouver son modèle (sans nécessairement tenir compte du genre).  Donc, oui, Le club des cinq séduit encore les jeunes lecteurs. Il faut dire que les thèmes abordés sont universels et les titres assez évocateurs pour attirer leur attention dans les rayons de votre librairie préférée : Le Club des Cinq et le trésor de l'île (tome1), Le Club des Cinq et le passage secret (tome 2), etc. A chaque volume correspond une nouvelle aventure ; aussi, Il n’est pas nécessaire de lire les livres dans l’ordre chronologique de leur parution. Il faut quand même savoir que la série originale, qui compte une vingtaine de romans écrits entre 1942 et 1963, a été complétée par 24 titres additionnels dont l’auteur n’est autre que la traductrice d’Enid Blyton, Claude Voilier. Ses volumes supplémentaires sont parus entre 1971 et 1985. La série a également été adaptée en bande dessinée, une première fois dans les années 1980, puis à partir de 2016 par le dessinateur Béja et le scénariste Nataël. 

📌Le club des cinq et la maison hantée. Enid Blyton. Hachette Jeunesse, 224 p. (rééd. 2020)


Le Roi NoëlNoël. Alex Sanders

Le Roi NoëlNoël. Alex Sanders


 Attention, il ne faut pas confondre Père Noël et le Roi NoëlNoël. Le premier, vous le connaissez déjà. Le deuxième, en revanche, est plus discret. Il ne vit pas au pôle Nord avec ses 9 rennes mais dans le château des étrennes, au cœur du royaume des souverains et des souveraines. Pour le reste, il fait le même boulot que le Père Noël, aidé de sa propre brigade de lutins. Le problème, c’est que notre roi NoëlNoël est un peu débordé. Les rois et les reines du royaume lui réclament des cadeaux un peu saugrenus et parfois très compliqués à fabriquer : un Robot Prince-charmant, par exemple, ou une catapulte à saucisses. Il y a aussi ceux qui envoient des listes interminables, comme la reine MamieManie. Et comme si cela ne suffisait pas, les lutins facétieux s’amusent avec les jouets, tandis que le roi BéBé, impatient, se présente régulièrement à la porte du château pour réclamer de nouveaux présents ! Heureusement, le roi NoëlNoël peut toujours compter sur son grand ami le père Noël pour venir à la rescousse…

La série des rois et des reines plait aux enfants comme aux parents. Il y a forcément un album qui arrivera à point nommé pour fêter un évènements particulier (La Galette des Rois et Reines pour l’Epiphanie ou Les Œufs de Pâques des Rois et Reines, par exemple) ou un héros qui vous touchera particulièrement (La Reine MamanMaman, Le Roi PaPa, Le Roi PipiCaca, La reine BonBon…). Certains d’entre eux réapparaissent comme personnages secondaires dans plusieurs albums de la collection. Chez nous, les grands favoris sont le roi NoëlNoël et le roi FootFoot. 

📌Le Roi NoëlNoël. Alex Sanders. Gallimard Jeunesse, 28 p. (2014)


Les Flammes de Pierre. Jean-Christophe Rufin

 Les Flammes de Pierre. Jean-Christophe Rufin


Il y a bien longtemps que je n’avais pas ouvert un livre de Jean-Christophe Rufin. Je me souviens pourtant avoir eu beaucoup de plaisir à lire ses premiers romans L'Abyssin et Sauver Ispahan. Les Flammes de Pierre, son dernier ouvrage, nous entraîne dans un tout autre registre puisqu’il s’agit d’un roman d’alpinisme. 

Dans son introduction, l’auteur nous explique que l’idée de ce livre lui est venu au retour d’une sortie en montagne un peu rocambolesque. Il faut préciser ici que ses compagnons de cordée étaient l’écrivain Sylvain Tesson, le guide de montagne Daniel Du Lac et Cathy Simond, l’arrière-petite-fille de Joseph Simond, membre de la fameuse Compagnie des guides de Chamonix. Partis à l’assaut de l’aiguille de la République, au-dessus de la vallée de Chamonix, notre bande d’amis se laisse surprendre par la tombée du jour.  Avec le manque de visibilité, il devient difficile de repérer la bonne ligne pour descendre.  Le rôle du chef de cordée est ici essentiel. Afin de tromper l’angoisse qui commence à monter, les protagonistes entament une discussion sur la littérature de montagne. On évoque les grands classiques (Premier de Cordée de Roger Frison-Roche, La Grande Peur dans la montagne de Charles Ferdinand Ramuz, …) puis les drames (Tragédie à l’Everest de Jon Krakauer ou La mort suspendue de Joe Simpson). La discussion s’épuise finalement lorsque nos alpinistes arrivent sains et saufs au refuge. Mais le hasard s’invitant où bon lui chante, notre cordée croise le lendemain un personnage très romanesque selon les critères de notre écrivain. Il s’agit d’un guide de la compagnie de Saint-Gervais. Jean-Christophe Rufin en fera le héros de son roman d’alpinisme.

L’arête des Flammes de Pierre fait partie du décor choisi par Jean-Christophe Rufin, dans la région du Mont-Blanc. Rémy, guide à Chamonix, a une conception bien différente de son métier que son frère Julien. Ce dernier enchaîne les défis, ouvrant régulièrement de nouvelles voies verticales. C’est un adepte de la montagne héroïque, celle destinée à l’élite de l’alpinisme. Rémy, qui déteste le froid et la douleur de l’effort, lui préfère la montagne mondaine. Il gagne chichement sa vie en tant que guide pour les citadins fortunés, affectionnant les tenues couteuses et très flashy et le bronzage perpétuel. Son physique flatteur lui vaut les faveurs sexuelles de ses riches clientes, autant de trophées dont il aime se vanter. Ce style de vie est remis en cause lorsqu’il croise le chemin de Laure, une parisienne travaillant dans la finance. A priori tout sépare ces deux trentenaires à l’exception de leur amour pour la montagne. Or, dans ce roman, la montagne est un personnage à part entière. 

Vous l’aurez compris, il ne s’agit pas ici d’une banale histoire d’amour entre deux êtres épris de nature et de liberté. D’une part, il s’agit d’un triangle amoureux avec la montagne, mais la passion de nos deux héros sera maintes fois contrariée. D’autre part, il s’agit aussi d’un roman initiatique dont les personnage sortent profondément changés. Jean-Christophe Rufin, lui-même grand amateur de randonnée et d’alpinisme, aborde ici les sujets qui lui tiennent à cœur dont les différentes perceptions des sports de montagne. Les flammes de pierre est également le titre d’un film de Gaston Rebuffat, tourné en 1953.

Extrait : 

« Rémy ne regardait plus la montagne. Il est inutile désormais de mettre le nez dehors pour savoir le temps qu’il fait. Il suffit de consulter la météo sur son téléphone portable. Une belle journée d’hiver, conclut Rémy. Cela lui convenait. Il ne jeta même pas un coup d’œil par la fenêtre de sa chambre. La courbe des dômes de Miage se dessinait en douceur sur les lointains mauves de l’aube. Les dernières étoiles brillaient encore dans les hauteurs noires du ciel cependant que des festons de glace scintillaient déjà sur les sommets. Mais à quoi bon contempler tout cela ? La montagne était là, Rémy le savait et il n’en demandait pas davantage. »

📌Les Flammes de Pierre. Jean-Christophe Rufin. Gallimard, 352 p. (2021)


Yakari, la grande aventure. Christophe Lambert

 Yakari, la grande aventure


Pour ceux qui connaissent déjà Yakari, je précise qu’il s’agit ici d’un roman et non d’une bande-dessinée. Il s’agit en fait d’un « Tie-in », un produit dérivé du film d’animation de Xavier Giacometti (sorti en 2020), lui-même adapté de la bande-dessinée. 

Pour s’y retrouver, il vaut peut-être mieux reprendre depuis le début. Le personnage de Yakari est né en 1969 en Belgique. Il a été créé par André Jobin dit Job (scénario) et Claude de Ribaupierre alias Derib (dessin). Dominique, l’épouse de Derib, est aux couleurs. Les premières bandes dessinées sont parues dans l’hebdomadaire suisse Le Crapaud à lunettes. Le succès est immédiat. Trente-huit albums suivront avant que Job ne confît le scénario à Joris Chamblain en 2016. Quatre ans plus tard, après deux albums, le scénariste français cède la place à Xavier Giacometti qui a déjà réalisé plus de 100 épisodes du dessin animé tiré de la série (entre 2005 et 2016). En 2020, enfin, sort le long métrage d’animation : Yakari, le film. 

Il y a 41 albums parus à ce jour, auxquels il faut ajouter une série en petit format intitulée Yakari, l'ami des animaux (7 volumes), le magazine paru entre 1974 et 1996 (256 numéros) et les romans pour enfants publiés chez Bayard sous la plume de Christophe Lambert (11 tomes et un préquel : Yakari, La grande aventure).

Yakari, la Grande aventure est donc la genèse. Nous allons découvrir comment notre héros a appris à parler aux animaux et fait la connaissance de Petit-tonnerre, son fidèle cheval. Au début du livre, Yakari est encore un petit indien comme les autres. Il vit dans une vaste plaine, au Pays des Sioux. La tribu de Yakari se prépare pour le grand départ car il faut suivre l’exode des bisons qui fournissent de la viande et des peaux pour s’habiller. Le grand conseil s’est réuni car l’heure est grave. Il faut plus de chevaux car la saison des tornades arrive et il faut se déplacer rapidement. Regard Droit, le chef des chasseurs (qui est aussi le père de Yakari) doit conduire une expédition pour capturer des chevaux sauvages. Yakari et ses amis, Arc-en-ciel et Graine-de-bison, décident de les suivre en secret. Ils sont accompagnés d’Oreille Tombante, le chien du petit indien. Malheureusement pour eux, l’aventure va vite tourner à la catastrophe…

Le roman de Christophe Lambert s’adresse aux enfants à partir de 7 ans. Ceux qui ont aimé les dessins animés de Yakari seront heureux de retrouver leur petit héros. L’idée du préquel est intéressante et l’histoire est pleine de rebondissements. Le roman peut largement inciter les enfants à lire la bande dessinée originale. Sur le même thème, il y a aussi Oumpah-Pah la bande dessinée de René Goscinny (scénario) et Albert Uderzo (dessin).

📌Yakari, La grande aventure. Christophe Lambert. Bayard, 96 p. (2020)