Grandeur nature. Marie Stritcher

 Grandeur nature. Marie Stritcher


Le premier voyage de Marie Stricher en Ouzbékistan date de 2015. Elle en revient avec un premier carnet de voyage auto-édité et surtout une passion renouvelée pour les croquis in situ. Grâce aux amitiés qu’elle a noué sur-place, l’artiste lyonnaise organise des stages annuels de dessins. C’est ainsi qu’elle part à la découverte des "Stan alentours". Elle passe la frontière en septembre 2018 pour se rendre au Kirghizstan. Ainsi, après Khiva, Boukhara, Samarcande et Tachkent, son chemin se poursuit vers Och et Bishkek. En Octobre 2019, Marie Stritcher part en repérage dans le massif du Pamir au Tadjikistan. Elle emprunte à cette occasion la mythique route M41, se rend au lac Karakul et pousse jusqu’à la frontière afghane. J’ignore en réalité dans quel ordre la voyageuse rejoint ces différentes étapes car son livre ne tient pas compte du carnet de route. Il est divisé en thématiques qui ne suivent pas de chronologie particulière. Plus que le chemin parcouru, ce sont donc les expériences et les rencontres qui sont valorisés. La dessinatrice précise d’ailleurs, dans la préface, que rien de tout cela n’aurait été possible sans l’aide bienveillante de ses guides francophones Iroda et Alexandre. 


Grandeur nature. Marie Stritcher. P38-39

Le caractère humain de l’aventure se reflète, en effet, dans l’art de Marie Strichter et de nombreuses pages du livre sont dédiées aux portraits. Elle croque ceux qui l’accompagne sur les routes (ses guides, son chauffeur) mais aussi les personnes qu’elle croise dans les villes, sur les marchés, ou à la faveur des étapes en pleine nature (femmes au foyer, artisans, aigliers, éleveurs, etc). Une partie de l’opus est consacré au patrimoine architectural des "3 Stan". Marie Stritcher représente les monuments (mosquées, mausolées, maisons traditionnelles...) avec beaucoup de réalisme (j’ai comparé avec des photos trouvées sur Internet) et de poésie. Son carnet de croquis est une explosion de couleurs qui rend hommage au fameux bleu Samarcande. Les nuances de turquoise, d’émeraude et d’ocre viennent sublimer les bâtiments orientaux. La dessinatrice n’hésite pas à se lever aux aurores pour obtenir la meilleure lumière. Si les paysages sont trop rares à mon goût, il faut reconnaître qu’ils sont spectaculaires. Les représentations du lac Song Kul au coucher de soleil avec les yourtes alignées le long du rivage ou celle du canyon Skazka sont très réussies. La dessinatrice réalise essentiellement des aquarelles mais utilise aussi le feutre et l’encre noire. 


Grandeur nature. Marie Stritcher. P80-81

Il faut peut-être insister sur le fait que l’opus est un carnet de croquis et non un récit de voyage. Les amateurs du genre risquent d’être déçus car l’autrice ne dit pas grand-chose sur les routes empruntées ou l’aspect logistique de ses expéditions. Au détour d’une phrase ou deux, on comprend qu’elle se déplace parfois en voiture avec différents guides. Elle fait des haltes chez l’habitant et passe au moins une nuit dans une yourte. Quel était son itinéraire exact ? Combien de temps a duré son voyage ? Qui étaient ses compagnons de route (en dehors de ses guides) ? On n’en saura pas plus. Ce n’est pas vraiment gênant, selon moi, car les illustrations envoutantes de Marie Stritcher se suffisent à elles-mêmes. 


Grandeur nature. Marie Stritcher. P98-99

La collection Petits Carnets a été mise en place en librairie fin 2019. Une demi-douzaine de titres sont parus à ce jour, parmi lesquels Matin Calme de Lauré Dilé qui est aussi une petite merveille. 

📌Grandeur nature. Marie Stritcher. Akinomé, 109 pages (2021)


Commentaires

  1. Belles illustrations. Oui, carnet de voyages. J'ai voyagé (organisé!) dans deux de ces -stan et c'est un souvenir fabuleux!

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  2. Pourquoi pas, une fois que l'on sait que c'est un carnet de croquis. Les dessins sont beaux.

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    1. Oui, j'aime beaucoup ce feu d'artifice de couleurs. Ce carnet m'a fait voyager

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  3. Ça a l'air de valoir le détour rien que pour les illustrations. Tant pis pour l'aspect récit de voyage manquant.:)

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    1. J'aime beaucoup cette collection. Les ouvrages ne sont pas très onéreux. J'ai déjà celui de Laura Dilé sur la Corée et il y en a d'autres sur la Chine et le Japon.

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    2. Je viens d'aller voir le site de l'éditeur de plus près. Ouhlala tout me plaît chez eux ! Je me suis noté le carnet sur la Corée aussi. Chine et Japon me tentent beaucoup également. Ce sont des ouvrages à collectionner en fait.^^

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    3. Oui, je me suis "fait avoir" aussi. Tous les carnets de cette collection sont séduisants. Heureusement, ils ne sont pas trop onéreux. Ce sont de petits formats (proche du A5) avec des couvertures souples. L'objet livre ressemble vraiment à un carnet, en fait.

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