J’ai découvert Mario Rigoni Stern grâce à Nathalie avec laquelle je poursuis les lectures communes de ce grand écrivain italien. Les Saisons de Giacomo est le 3ème volet de la "trilogie du plateau d’Asiago", après Histoire de Tönle et L’année de la victoire. Dans ce court roman Mario Rigoni Stern continue d’explorer l’histoire de sa région natale. Les Saisons de Giacomo couvre ainsi la période de l’entre-deux guerres, celle de la consolidation du gouvernement fasciste de Mussolini. La province isolée de Vicence en Vénétie n’échappe pas à son contrôle.
A travers l’histoire du jeune Giacomo, un enfant du pays, l’écrivain italien raconte plusieurs années de misère, de débrouille et d’entraide. La vie continue malgré le manque de travail et les nouvelles menaces de guerre. On économise pour aller voir Greta Carbo et Tom Mix au cinéma, un loisir dont les enfants sont férus. Pour nourrir sa famille, le père de Giacomo choisit d’abord l’exil. Il émigre en France où il travaille dur dans les mines de Moselle et amasse un petit pécule. C’est encore trop peu. Sa fille se marie avec Matteo (croisé dans L’année de la victoire) et le suit en Australie. Il faut payer le trousseau et les billets pour la traversée sur la paquebot Oceania. Un bon moyen de gagner de l’argent consiste à déterrer les mines et les obus de la première guerre mondiale pour en récupérer les matériaux. C’est risqué mais les gens du coin deviennent de véritables experts en la matière.
Une guerre chassant l’autre, Mario Rigoni Stern évoque la campagne d'Abyssinie, le conflit qui oppose l'Italie fasciste à l'empire éthiopien de Haïlé Sélassié. Un autre moyen de trouver un emploi est de s’adresser au podestat (le maire). Ces postes sont d’abord distribués selon un roulement établi en fonction du nombre de bouches à nourrir dans une famille mais, plus le temps avance, plus les autorités locales favorisent les bons citoyens, c’est-à-dire ceux qui adhèrent au Parti. A l’instar de ses camarades d’école, Giacomo a pris la carte d’Avanguardista pour obtenir des skis et des vêtements chauds. Son rêve est de participer aux compétitions sportives de l’Opera Nazionale Balilla. Quelques années plus tard, il sera portant évincé des chasseurs alpins et envoyé dans l’infanterie en raison de sa participation passive à une grève.
Mario Rigoni Stern aborde dans cet opus, de nombreux aspects de la vie quotidienne des italiens sous le régime du Mussolini. Sans avoir l’air d’y toucher, il mentionne également de évènements historiques qui ont marqué la région, comme la construction de l’ossuaire militaire des Laiten (avec son lot d’expropriations) et la rocambolesque guerre des Taureaux Burlini dont la Coopérative refuse de reconnaître les qualités et ordonne d’abattre.
Comme les précédents romans de Mario Rigoni Stern, Les Saisons de Giacomo se savoure pendant la lecture et se cogite pendant plusieurs jours après l’avoir refermé. Si vous ne connaissez pas encore ce grand auteur italien, je vous recommande vivement de commencer par le premier tome Histoire de Tönle. L’année de la victoire est celui qui m’a le moins enthousiasmée mais Les Saisons de Giacomo clôt la trilogie avec panache.
📚D'autres avis que le mien: chez Patrice, Antoine, Hélène, Nathalie et Aifelle
📌Les Saisons de Giacomo. Mario Rigoni Stern, traduit par Laura Brignon. Editions Gallmeister, 208 pages (2025)

Nos avis se rejoignent ! C'est en effet assez documentaire, ce qui donne tout son intérêt à ce livre.
RépondreSupprimerComme tu le disais, c'est écrit comme des chroniques. MRS reste assez neutre dans la narration et pourtant on sent comme les protagonistes ont pu souffrir.
SupprimerJ'ai beaucoup aimé L'histoire de Tröndle, mais avec ce que tu dis du 2e volet, je le demande si je ne passerai pas directement au dernier de cette trilogie. Ca te paraît gênant pour la compréhension si je continue directement avec Les saisons de Giacomo?
RépondreSupprimerNon, ce n'est pas gênant du tout. On peut lire chaque volet de manière indépendante. Le 2eme et le 3ème sont un peu plus liés et encore
SupprimerJ'ai beaucoup aimé cette lecture moi aussi et tu me rappelles de continuer à lire cet auteur. https://legoutdeslivres.canalblog.com/archives/2011/03/16/20643183.html
RépondreSupprimerMerci pour le lien Aifelle. Je l'ai ajouté à la fin du billet
SupprimerL'année de la victoire, ça allait, mais j'ai préféré celui balades nature...
RépondreSupprimerUne trilogie dis-tu et bien je ne sais pas comment je vais pouvoir me procurer les deux premiers opus, il n'y a que ce titre là dans mes deux médiathèques. J'imagine que tu me conseilles de les lire dans l'ordre ! Merci pour ton enthousiasme.
RépondreSupprimerJe pense qu'on est pas obligé de lire les trois pour comprendre chaque volet. Par contre, on risque de se mélanger un peu dans la chronologie si on lit le 3ème avant le second. Certains personnages (comme Matteo) réapparaissent. Cela dit, l'auteur est assez détaché de ses personnages.
SupprimerCelui-ci, je ne l'ai pas lu. Je le note
RépondreSupprimerLe premier volet reste mon préféré mais celui-ci vient en second (par ordre d'intérêt).
Supprimeron sent que tu as pris du plaisir avec cette trilogie !
RépondreSupprimeroui, en effet, par contre il faut parfois être concentré. MRS ne nous livre pas ses histoires si facilement. C'est parfois très subtil.
SupprimerJe ne connais pas l'auteur et je ne vais pas me lancer dans sa découverte maintenant. J'ai beaucoup trop à lire...
RépondreSupprimerje comprends car j'ai moi aussi une vertigineuse PAL. C'est un classqie, rien ne presse.
SupprimerMais oui, merci d'en reparler ! Je me souviens qu'il y avait eu un grand enthousiasme blogosphérique autour de l'Histoire de Tönle et que je devais absolument lire cet auteur. Ce que je n'ai toujours pas fait bien sûr...
RépondreSupprimerL'Histoire de Tönle reste mon favori. ça a été une vraie claque.
SupprimerIl faudra que je lise le premier tome. Le contexte historique semble parfaitement dépeint et donc instructif.
RépondreSupprimerLe premier tome a été un coup de cœur. C'est un pamphlet pacifiste, un hymne à la liberté et à la nature
SupprimerMe voilà fort contente, j'ai beaucoup aimé L'histoire de Tönle et j'étais même tristounette d'en rester là avec ses paysages et voilà que tu m'apprends que c'est une trilogie ! Super ( même si évidemment, le plaisir de la découverte de la subtilité de cet auteur sera forcément moins forte ...)
RépondreSupprimerLe premier tome a été un grand plaisir de lecture et j'avoue que le second volet m'a un peu déçue (mais j'avais peut-être de trop grandes attentes). Le troisième m'a reconciliée (le mot est un peu fort car le 2ème volet ne m'a pas déplu à ce point) avec MRS. J'aime sa subtilité, sa bienveillance. Ce qui ne l'empêche pas d'être un écrivain engagé.
SupprimerC'est vrai que je le lis presque plus comme un documentaire que comment roman !
RépondreSupprimeroui, je crois qu'on peut le prendre un peu comme ça. Le roman est ecrit comme une chronique journalistique et évoque de nombreux évènements.
Supprimercet auteur est dans mes listes et je dois franchir le pas, juste il faut que je trouve le temps !
RépondreSupprimerJe pense que ça pourrait vraiment te plaire, surtout l'Histoire de Tonle.
SupprimerMerci pour cette chronique très détaillée et passionnante ! 🌿 On sent que tu as vraiment savouré la lecture de Les Saisons de Giacomo. J’aime beaucoup la manière dont tu resitues le contexte historique et social de l’Italie de l’entre-deux-guerres, tout en suivant le quotidien de Giacomo. Ton résumé donne envie de découvrir cette trilogie, et en particulier ce dernier tome qui semble à la fois tendre et lucide sur la vie sous le régime fasciste. C’est un vrai plaisir de lire ton regard sur la manière dont Stern mêle les petites histoires du quotidien aux grands événements historiques.
RépondreSupprimerMerci à toi pour ce commentaire très détaillé. J'ai été faire un petit tour sur ton nouveau blog. Je te souhaite bonne chance pour la suite et j'espère te revoir bientôt.
SupprimerJe ne connaissais pas mais manifestement intéressant. Je me rends compte que je ne vais jamais vers cette collection/edition et c'est dommage.
RépondreSupprimerJ'ai découvert, comme beaucoup je crois, les éditions Gallmeister à leurs débuts quand elles se concentraient sur la littérature américaine et surtout le Nature Writing. Aujourd'hui elles explorent de nouveaux horizons. Elles proposent souvent des œuvres de grande qualité.
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