Voici une bande dessinée biographique qui est loin d’être un panégyrique. Comme le sous-titre de l’album le suggère, Entre ombre et lumière, les auteurs ont eu à cœur d’explorer les multiples facettes de la personnalités très controversée de Pierre de Coubertin. Si le racisme et la misogynie du bonhomme ne suscitent pas vraiment la sympathie, le baron reste l’initiateur de la restauration des jeux olympiques. Il a œuvré toute sa vie pour le maintien de la paix entre les nations et l’éducation sportive de la jeunesse mais c’était un colonialiste convaincu. Le baron s’est compromis avec le régime nazi et son caractère tyrannique a fini par lui fermé presque toutes les portes.
Les auteurs ont choisi d’adopter le point de vue de deux journalistes fictifs, Edgar Pirolu et Alphonse Grosdé, pour évoquer la biographie de Pierre de Coubertin. L’idée est maligne car elle gomme un peu l’aspect pédagogique de l’entreprise. Nous sommes le 1er août 1936, à Berlin. Nos deux envoyés spéciaux s’apprêtent à couvrir les XIe olympiade de l'ère moderne qui se tiendront en Allemagne pendant 15 jours, dans un contexte politique très tendu. La conversation dévie rapidement sur l’histoire des jeux depuis la Grèce antique, puis le premier congrès olympique à l’université de la Sorbonne en 1894, etc. Pierre de Coubertin est fasciné par la vision anglo-saxonne du sport et notamment les thèses de Thomas Arnold, l’ancien directeur du collège de Rugby. L’anglophobie et l’atmosphère belliqueuse de la fin du 19ème siècle ne lui facilitent pas la tâche. Dès le début, la vision du Baron se heurte aux intérêts économiques et politiques contradictoires des différentes nations.
J’ai eu un peu de mal à entrer dans cet album qui débute par une succession de flashbacks avec des temporalités différentes et l’intrigue reste très dense jusqu’à la fin. Je tire d’ailleurs mon chapeau aux auteurs qui sont parvenus à synthétiser l’ensemble des informations biographiques et historiques en si peu de pages. La lecture de l’album est néanmoins facilitée par le graphisme classique qui favorise la ligne claire. J’ai parfois peiné à différencier les faciès des personnages mais il faut dire que la mode masculine du temps était à la moustache ou à la barbe.
Si cet album n’est pas un coup de cœur, j’ai apprécié le travail de documentation des auteurs et leur volonté de réaliser un ouvrage pédagogique sans être trop scolaire.
📝Sur le même thème, je vous recommande Les jeux olympiques de littérature de Louis Chevaillier.
📌Pierre de Coubertin. Entre ombre et lumière. Didier Pagot et Xavier Bétaucourt. Editions Steinkis, 112 pages (2024)




J'ai vraiment découvert sa misogynie avec une BD sur Alice Milliat. Partisan de la colonisation en plus, il méritait en effet qu'on se penche aussi sur son côté ombre, même s'il n'était pas une exception à cette époque.
RépondreSupprimerLe bonhomme n'était pas sympathique mais, comme tu le dis (et même si ce n'est pas une excuse), il faut le replacer dans le contexte de l'époque.
SupprimerApprendre en lisant, c'est quelque chose que j'apprécie a fortiori si c'est grâce à une oeuvre documentée et intelligemment présentée.
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup ce type de BD aussi. Cela me permet d'apprendre des choses sans trop "me prendre la tête".
SupprimerLire des biographies en BD revient à la mode et ça me va bien. J'en lis aussi.
RépondreSupprimerC'est vrai qu'il y a pas mal de biographies dessinées qui sont parues récemment. Les illustrations aident à se plonger dans le contexte.
SupprimerSans urgence, mais c'est intéressant, ce qu'on découvre
RépondreSupprimerL'album est resté un moment dans ma bibli avant que je me décide à l'ouvrir. Je ne regrette pas car je ne connaissais Coubertin que de nom finalement.
Supprimerdommage et pour l'antipathie que suscite le type et pour la chronologie confuse. Si je tombe dessus, j'y jetterais un oeil...
RépondreSupprimerLes premières pages sont un peu confuses à cause des flashbacks. Ensuite, les auteurs respectent la chronologies.
SupprimerJ'ignorais tout de cette BD, par contre j'ai lu l'an dernier une "contre biographie" de Pierre de Coubertin qui prend tout à fait le même chemin : https://www.motspourmots.fr/2024/05/pierre-de-coubertin.l-homme-qui-n-inventa-pas-les-jeux-olympiques-aymeric-mantoux.html Extrêmement instructif !
RépondreSupprimerMerci pour le lien, Nicole. Les deux ouvrages peuvent se compléter.
Supprimercomme Sacha, la BD sur Alice Milliat m'avait fait découvrir cette facette, mais je ne connais pas grand chose d'autres, à voir à l'occasion!
RépondreSupprimerJe ne connaissais pas Alice Milliat non plus. Je suis totalement inculte en matière de sports
SupprimerJe ne suis pas fan du graphisme, un peu trop classique à mon goût, mais le sujet, qui semble bien documenté, reste intéressant.
RépondreSupprimeroui, le graphisme n'est pas impressionnant mais je pense qu'il fallait un peu de sobriété car le texte est dense
SupprimerIntéressant, c'est vrai qu'on ne sait pas grand chose du personnage ! Les dessins me semblent bien plaisants, mais je garde en tête tes petites réserves.
RépondreSupprimerUne parties des réserves sont liées au bonhomme lui-même. L'autre conserne les flashbacks du début: je m'y suis un peu perdue
SupprimerPour l'humour je recommande "l'étiquette olympique" de Thierry Beauchamp
RépondreSupprimerC'est une autre vision et en plus si c'est drôle...
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