Sève. Olivier Gallien
J’ai choisi ce roman pour trois raisons : 1) L’intrigue se passe en Corse, 2) c’est un thriller, 3) le livre compte moins de 200 pages.
Septembre 1993. Ghjulia Mondoloni, éditrice à Paris, atterrit sur l’île de beauté. Son frère est mort et elle a hérité de la demeure familiale. C’est son cousin, Jean, qui vient la chercher à l’aéroport. Ecrivain n’ayant jamais rien publié, il vit dans la maison des Mondolini qui est aussi celle de son enfance. Ici, Ghjulia n’a pas que de bons souvenirs. Ses parents ont divorcé quand elle avait une dizaine d’années. Elle est repartie vivre sur le continent avec sa mère tandis qu’Antoine, son frère, restait en Corse avec son père. Elle est donc devenue une Pinzuti, une étrangère sur sa propre terre. Jean, qui était orphelin, vivait avec Antoine et son père comme un membre à part entière de la cellule familiale. Ghjulia a longtemps était jalouse de lui mais il est impossible de détester ce cousin si prévenant. En revanche, le sentiment d’abandon ne l’a jamais quittée et elle a nourri beaucoup de rancœur vis-à-vis de son paternel. Elle n’est revenue que pour comprendre le geste de son frère Antoine : le suicide lui ressemble si peu. Que s’est-il passé en ce lieu isolé, sans moyens de communication ? Le voisinage n’est guère accueillant. Pourquoi le terrain est-il jonché de douilles de cartouches ?
Olivier Gallien signe un roman efficace, mené tambour battant dans la chaleur écrasante du maquis corse. La tension monte crescendo au sein de ce huis clos et on comprend très vite qu’il y aura des dommages collatéraux. Le lecteur se laisse facilement happer par l’intrigue en dépit de quelques bémols.
On peut trouver surprenant qu’une éditrice parte en congés en pleine période de rentrée littéraire sachant que les funérailles ont eu lieu quelques semaines plus tôt. Mais bon, Ghjulia est en deuil après tout. Julie, la troisième protagoniste, qui semble apparaitre dans l’histoire comme un cheveu sur la soupe, est une toute jeune fille. Au premier abord, elle aussi déjantée que n’importe quelle adolescente de son âge. Elle va parfois se révéler plus mature que l’héroïne quadragénaire et surtout très utile à l’intrigue. Certains personnages sont un peu caricaturaux mais cet aspect est parfaitement assumé par l’auteur. Je n’insiste pas car Olivier Gallien a signalé dans une interview qu’il était très attaché à eux. Je n’ai pas envie de le contrarier. Son roman n’est pas un simple thriller. C’est aussi un hymne désabusé à la famille et à la terre natale.
Sève est le second roman d’Olivier Gallien, après Dans la neige ardente (Robert Laffont, 2022 / Pocket, 2023).
D’autres avis que le mien via Bibliosurf et Babelio
Sève. Olivier Gallien. Robert Laffont, 192 pages (2024)
J'aime ce "je n'ai pas envie de le contrarier". ^_^
RépondreSupprimer@ Keisha ^_-
RépondreSupprimerTrop de romans encore et toujours dans ma PAL pour y ajouter celui-ci, qui ne semble pas dénué d'incohérences 😉
RépondreSupprimer@ Sacha. Je comprends parfaitement ton problème de PAL. C'est un roman agréable à lire mais qui n'est pas indispensable.
RépondreSupprimerTes trois raisons sont bonnes ! Je le lirais bien aussi !
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup les raisons qui t'ont amené à choisir ce livre. C'est simple, clair, direct.^^ Je penserai à ce livre si l'envie d'une incursion en Corse me prend prochainement.
RépondreSupprimerLa tension a l'air bien présente ce que j'apprécie dans ce genre de roman. Quant au cadre de la Corse, que je rencontre peu dans les lectures, il est attirant !
RépondreSupprimer@ Philippe Le livre se lit pratiquement d'une traite tant la tension est forte
RépondreSupprimer@ Fanja Ce n'est pas le meilleur côté de la Corse que l'auteur nous donne à voir mais ça dépayse quand même
RépondreSupprimer@ Audrey La tension monte crescendo et la fin est digne d'un film d'action
RépondreSupprimerUn hymne désabusé à la nature humaine ? Tant que ça.
RépondreSupprimer@ Alex Oui, quand même, les personnages qui ne sont pas violents sont entêtés jusqu'à l'idiotie. Bon, il y en a ou deux qui sont de bons bougres.
RépondreSupprimerIl me semble percevoir une certaine ironie dans ta présentation :-D
RépondreSupprimer@ Hedwige Un peu, c'est vrai. Les personnages sont parfois caricaturaux mais l'intrigue est assez prenante pour que ça passe. Je n'avais vraiment pas envie d'insister davantage sur ce point.
RépondreSupprimerJ'aime bien les huis-clos, beaucoup moins les cheveux dans la soupe... Je passe donc joyeusement mon tour.
RépondreSupprimer@ Livr'Escapades La traque finale est très cinématographique. Le lecteur est tenu en haleine.
RépondreSupprimerJe lis vraiment trop peu de polars pour retenir celui-ci.
RépondreSupprimer@ Luocine Il y a tellement de tentations, je te comprends !
RépondreSupprimerTu émets quelques bémols mais on sent que tu as été prise par l'histoire. Et un thriller qui n'est pas un pavé, ça devient rare, donc je dis pourquoi pas ?!
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