La chose. John W. Campbell
Lors d’une expédition au pôle sud, une équipe de scientifiques exhume un vaisseau spatial de la banquise et le cadavre d’un extra-terrestre qui semble avoir tenté de s’échapper des décombres. Selon les premières estimations, le corps serait enfoui sous les glaces de l’Antarctique depuis plus de 20 millions d’années. Lors d’un long débat, les membres de la base scientifique tentent d’évaluer les risques encourus en cas de décongélation de la chose, une sorte de monstre pourvu de trois yeux rouges et d’un nid de tentacules bleues en guise de cheveux. S’il apparait peut probable que l’Alien revienne à la vie, il faut déterminer dans quelle mesure son réchauffement pourrait libérer les microorganismes qu’il aurait transportés avec lui, lâchant par la même occasion une maladie inconnue du genre humain et un fléau épidémique sans précédent. Le commandant Garry décide finalement de s’en remettre à l’opinion de Blair et Cooper, respectivement biologiste et médecin de l’expédition. Selon eux, une résurrection de "la chose" ou une infection inter espèces seraient hautement improbables. Son transport hors du milieu polaire posant un sérieux problème de logistique, il apparait plus judicieux d’étudier le spécimen sur place, au sein même du laboratoire de la base scientifique. En attendant son dégel, le bloc de glace emprisonnant le corps du monstre sera donc placé à l’abri dans une réserve et sous la garde d’un certain Connant.
Cette Novella de science-fiction horrifique, dont le titre original est Who Goes There? en V.O., date de 1938. Elle est parue pour la première fois dans le magazine Astounding Stories dont John W. Campbell était le directeur depuis peu mais sous le pseudonyme de Don A. Stuart. En France, elle est traduite pour la première fois en 1955 sous le titre de La Bête d’un autre monde. Elle est ensuite publiée dans un recueil de nouvelles intitulé Le ciel est mort et édité par Denoël dans la fameuse collection Présence du futur. Considérée comme un classique de la SF, l’œuvre de John W. Campbell a inspiré trois adaptations cinématographiques : The Thing from Another World (La Chose d'un autre monde) de Christian Nyby en 1951, The Thing de John Carpenter en 1982 et un prequel de Matthijs van Heijningen Jr. en 2011. La traduction proposée par Pierre-Paul Durastanti pour les éditions du Bélial’ ne tient pas compte du manuscrit découvert en 2018 par le biographe américain Alec Nevala-Lee dans les rayons de la bibliothèque de Harvard. Il s’agit d’une version plus longue de La chose intitulée Frozen Hell. Le traducteur français a préféré conserver les coupes décidées par l’auteur lui-même.
Si l’œuvre de John W. Campbell s’inscrit bien dans le contexte du début du 20ème siècle, fasciné par l’exploration polaire, le récit ne souffre pas trop de son âge. J’imagine que la nouvelle version a été expurgée du vocabulaire trop désuet. Par ailleurs, le vernis scientifique qui habille l’intrigue m’a semblée tenir la route (du moins pour une néophyte en la manière). S’il y avait un bémol, je dirais que j’ai eu du mal à me repérer parmi les différents personnages dont aucun ne semble se détacher vraiment du lot. J’ai l’impression aussi que les coupes dans le texte original ont été un peu trop radicales. Il m’a fallu parfois revenir en arrière car je pensais avoir raté un paragraphe.
📝Le huis clos sur la banquise n’est certes pas une idée nouvelle mais elle fonctionne parfaitement, participant à créer une atmosphère à la fois glaçante et étouffante. On pense bien sûr à l’œuvre de H. P. Lovecraft et en particuliers à ses Montagnes hallucinées. Pour information, l’adaptation de cette nouvelle par le mangaka Gou Tanabe est une réussite.
📌La chose. John W. Campbell. Le Belial’, 130p. (2020)
Quel excellent film que celui de Carpenter !
RépondreSupprimerJe me suis demandée pendant toute ma lecture si je l'avais vu ou pas. Je suis allée chercher des images sur Internet pour me rafraîchir un peu la mémoire et il s'avère qu'en effet je l'ai vu... mais il y a une eternité !
SupprimerCe n'est pas du tout mon genre de lecture !
RépondreSupprimerJ'aime bien me faire peur de temps en temps mais je ne lirai pas que ça non plus
SupprimerJe me souviens avoir vu le film de Carpenter – je suis bien tentée de le revoir, du coup. Le livre me tente aussi mais dans sa version intégrale, quitte à avoir un vocabulaire désuet (ça a son charme) car je n'aime pas particulièrement quand il y a des coupes. Je préfère m'ennuyer un peu (je pense au "Portrait de Dorian Gray" où il y a un chapitre qui n'est qu'étalage de luxe) mais avoir la version de l'auteur ou de l'autrice qui, malgré tout, apporte souvent quelque chose, même si ce n'est pas grand chose (pour reprendre mon exemple, cela démontre à quel point Gray aime les jolies choses – je ne suis pas convaincue qu'on avait besoin d'un chapitre entier pour cela, clairement).
RépondreSupprimerTiens, justement, on en reparlait hier à la maison du film de Carpenter. J'ai bien envie de le (re)voir aussi. En ce qui concerne le roman, il ne s'agit pas ici d'une version abrégée puisque la version longue n'a jamais été publiée. Le manuscrit retrouvé dans la bibliothèque d'Harvard ne porte d'ailleurs pas le même titre. Disons qu'il s'agit d'une variation autour de la même intrigue.
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