Dans les rues de Taïwan. Cheng Kai-Hsiang

 

Dans les rues de Taïwan. Cheng Kai-Hsiang. Couverture

Entre 2017 et 2018, Cheng Kai-Hsiang a sillonné les villes, les villages et rues de son île natale pour réaliser des croquis urbains. Il a ainsi dessiné plusieurs dizaines de boutiques et maisons traditionnelles taïwanaises et en a sélectionné 100 pour son livre. Ces aquarelles sont autant de témoins d’un passé qui cède à la modernité et à la pression immobilière. Les anciens marchés couverts disparaissent au profit des galeries marchandes contemporaines, les stands de nouilles font place aux restaurants flambants neufs, les épiceries traditionnelles ferment leurs portent et les vieilles maisons sont remplacées par des immeubles modernes. Certaines constructions immortalisées par Cheng Kai-Hsiang ont déjà été détruites. 

L’ouvrage se présente comme un catalogue. L’auteur l’a divisé en quatre grandes parties qui s’appuient sur un découpage géographique (Sud, Centre, Nord, Est de Taïwan et îles périphériques). Pour chaque dessin, il précise le type de construction (maison inhabitée, boutique, stand de cuisine de rue…), son emplacement et la date à laquelle l’aquarelle a été réalisée. Il y a aussi une notice explicative. Celle-ci peut contenir des informations historiques et architecturales ou des réflexions et souvenirs personnels de l’auteur. 


Dans les rues de Taïwan. Cheng Kai-Hsiang. P12-13


Cheng Kai-Hsiang nous conduit, par exemple, à Tainan au Sud de Taïwan. Cette ville est un ancien avant-poste commercial de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales. Dans la vieille rue d’Anping, située près du Fort Zeelandia (forteresse construite par les hollandais au 17ème siècle), il y a la boutique de fruits confits Chycutayshing qui jouit d’une grande renommée. L’auteur a immortalisé sa devanture avec la partie ancienne couverte de tuiles d’origine, son vieux rideau métallique, son auvent en tôle, sa rambarde rouge et son toit terrasse.  Plus loin, dans la vieille rue Qiaonan, on trouve une vieille forge et des maisons de style Minnan-Yuedong. Il s’agit de maisons sans étage, construites principalement en briques et en bois, et couvertes d’un toit de tuiles rouges. 

Parmi les éléments architecturaux emblématiques des maisons de rue taïwanaises, on distingue les enseignes aux couleurs variées (généralement présentes en profusion), les constructions en tôle galvanisées (souvent en fer blanc), les réservoirs d’eau en inox, les arcades (qui forment des passages couverts pour les espaces commerciaux), les briques rouges, les grilles de fenêtres en fer forgé, etc. Cela peut sembler anecdotique pour le lecteur occidental mais on remarque aussi de nombreux scooters circulant dans les rues ou garés devant les divers bâtiments.


Dans les rues de Taïwan. Cheng Kai-Hsiang. P36-37


Au début du livre, un croquis de l’île (façon carte au trésor) permet de se repérer dans Taïwan et de suivre les pérégrinations du dessinateur. Il y a également une préface présentant son projet et plusieurs annexes dédiées au matériel et aux techniques. 

Au-delà de l’aspect catalogue, l’ouvrage de Cheng Kai-Hsiang est un magnifique livre d’art que l’on conserve en bonne place dans sa bibliothèque et que l’on feuillette régulièrement. Personnellement, j’adore l’apparence désuète de ces maisons de rues. Les dessins sont superbes et fourmillent de petits détails qui leur donnent vie. On apprend beaucoup sur le quotidien des habitants, ainsi que sur la culture et l’histoire taïwanaises. 


Dans les rues de Taïwan. Cheng Kai-Hsiang. P202-203


Le livre de de Cheng Kai-Hsiang n’est pas sans rappeler Les Petites épiceries de mon enfance, de l’illustratrice coréenne Mekyeong Lee chez Picquier. Elle a un compte Instagram où elle poste ses dessins. Sinon, dans la même collection que Dans les rues de Taïwan, chez Elytis, il y a le livre illustré de Mateusz Urbanowicz sur les Boutiques de Tokyo. On peut regarder ses illustrations sur son site personnel ou sur tumblr. Evidemment, je vous recommande vivement de consulter aussi le compte Instagram de Cheng Kai-Hsiang où l’on peut admirer de nombreuses aquarelles.

Dans les rues de Taïwan. Cheng Kai-Hsiang. Elytis, 256 p. (2021)


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