Pierre de Coubertin. Pagot & Bétaucourt

Pierre de Coubertin. Pagot & Bétaucourt


Voici une bande dessinée biographique qui est loin d’être un panégyrique. Comme le sous-titre de l’album le suggère, Entre ombre et lumière, les auteurs ont eu à cœur d’explorer les multiples facettes de la personnalités très controversée de Pierre de Coubertin.  Si le racisme et la misogynie du bonhomme ne suscitent pas vraiment la sympathie, le baron reste l’initiateur de la restauration des jeux olympiques. Il a œuvré toute sa vie pour le maintien de la paix entre les nations et l’éducation sportive de la jeunesse mais c’était un colonialiste convaincu. Le baron s’est compromis avec le régime nazi et son caractère tyrannique a fini par lui fermé presque toutes les portes.   


Pierre de Coubertin. Pagot & Bétaucourt. P46-47


Les auteurs ont choisi d’adopter le point de vue de deux journalistes fictifs, Edgar Pirolu et Alphonse Grosdé, pour évoquer la biographie de Pierre de Coubertin. L’idée est maligne car elle gomme un peu l’aspect pédagogique de l’entreprise. Nous sommes le 1er août 1936, à Berlin. Nos deux envoyés spéciaux s’apprêtent à couvrir les XIe olympiade de l'ère moderne qui se tiendront en Allemagne pendant 15 jours, dans un contexte politique très tendu. La conversation dévie rapidement sur l’histoire des jeux depuis la Grèce antique, puis le premier congrès olympique à l’université de la Sorbonne en 1894, etc. Pierre de Coubertin est fasciné par la vision anglo-saxonne du sport et notamment les thèses de Thomas Arnold, l’ancien directeur du collège de Rugby. L’anglophobie et l’atmosphère belliqueuse de la fin du 19ème siècle ne lui facilitent pas la tâche. Dès le début, la vision du Baron se heurte aux intérêts économiques et politiques contradictoires des différentes nations. 


Pierre de Coubertin. Pagot & Bétaucourt. P70-71

J’ai eu un peu de mal à entrer dans cet album qui débute par une succession de flashbacks avec des temporalités différentes et l’intrigue reste très dense jusqu’à la fin. Je tire d’ailleurs mon chapeau aux auteurs qui sont parvenus à synthétiser l’ensemble des informations biographiques et historiques en si peu de pages. La lecture de l’album est néanmoins facilitée par le graphisme classique qui favorise la ligne claire. J’ai parfois peiné à différencier les faciès des personnages mais il faut dire que la mode masculine du temps était à la moustache ou à la barbe. 


Pierre de Coubertin. Pagot & Bétaucourt. P84-85


Si cet album n’est pas un coup de cœur, j’ai apprécié le travail de documentation des auteurs et leur volonté de réaliser un ouvrage pédagogique sans être trop scolaire. 

📝Sur le même thème, je vous recommande Les jeux olympiques de littérature de Louis Chevaillier.

📌Pierre de Coubertin. Entre ombre et lumière. Didier Pagot et Xavier Bétaucourt. Editions Steinkis, 112 pages (2024)


Commentaires

  1. J'ai vraiment découvert sa misogynie avec une BD sur Alice Milliat. Partisan de la colonisation en plus, il méritait en effet qu'on se penche aussi sur son côté ombre, même s'il n'était pas une exception à cette époque.

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  2. Apprendre en lisant, c'est quelque chose que j'apprécie a fortiori si c'est grâce à une oeuvre documentée et intelligemment présentée.

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