Blacksad, T07. Canales & Guarnido


Blacksad, T07. Canales & Guarnido


Je l’ai attendu pratiquement deux ans et le voilà enfin, le tome 7 de Blacksad, second volet du diptyque d’Alors, tout tombe. J’étais tellement pressée que je n’ai pas pris le temps de relire la première partie. C’est un mal et un bien en même temps. Le côté négatif tient au fait qu’il est difficile de se replonger dans l’intrigue après tout ce temps… même avec une anti-sèche comme mon billet dédié au tome 6.  Lorsque j’ai terminé le 7ème l’album, j’ai donc finalement décidé de relire le précédent pour m’assurer que je n’avais rien perdu en route. Et c’est le point positif de cette affaire. Cela m’a permis de voir à quelle point le diptyque est intelligemment construit. Des indices clés étaient disséminés dans la première partie et c’est plutôt amusant de les repérer après coup, une fois qu’on connait le dénouement.

John Blacksad est un détective privé félin, alter ego des plus fameux héros de récits hard-boiled. Il vit bien sûr à New-York, dans les années 50 et se voit confier les affaires les plus pourries, impliquant généralement les petites frappes des bas-fonds comme les mafieux de plus grande envergure et les politiciens véreux. 


Blacksad, T07. Canales & Guarnido - P11

Dans l’épisode précédent, la route de notre matou avait croisé celle de Lewis Salomon, un faucon énigmatique, maître bâtisseur mégalo et proche du maire de New-York. Ses projets pharaoniques et ses intérêts financiers s’opposaient à ceux des travailleurs du métro. Dans ce contexte, notre détective avait assisté à une véritable hécatombe : assassinat de Kenneth Clarke (une chauve-souris), le président du syndicat puis le meurtre d’Iris Allen (un lama), la directrice de la troupe de théâtre Shakespeare in the Park, ainsi que la disparition de Rachel, actrice et journaliste indépendante et enfin le complot contre Weekly (une fouine), l’ami reporter de Blacksad, accusé de meurtre… L’album se terminait sur un cliffhanger.


Blacksad, T07. Canales & Guarnido. P12-13

Le tome 7 démarre avec la découverte d’un squelette sur le chantier du futur théâtre Iris Allen. Weekly, quant à lui, est toujours en garde à vue et un témoin confirme sa présence sur la scène de crime. Le journaliste continue néanmoins de clamer son innocence et prétend que c’est l’architecte Salomon qui a commandité le meurtre de la directrice de Shakespeare in the Park. Son homme de main serait un certain Shelby (un goéland). Le chef de la police (un chien) met son meilleur limier (un renard) sur le coup. Il devra collaborer avec Blacksad en dépit de leur antipathie réciproque. Pendant ce temps, Salomon poursuit ses magouilles pour concrétiser ses projets urbanistiques et notamment la construction d’un pont suspendu gigantesque, son chef d’œuvre. L’achèvement de ce monument marquera l’avènement du réseau autoroutier et le démantèlement des transports publics. La suite de l’intrigue nous offre quelques scènes dignes des meilleurs James Bond, ce qui nous permet de constater que John Blacksad n’a pas pris une ride et surtout rien perdu de son agilité.


Blacksad, T07. Canales & Guarnido. P46-47

Je suis une fois de plus bluffée par le travail réalisé par Juan Diaz Canales & Juanjo Guarnido. Tout est minutieusement pensé et réalisé. Par exemple, l’utilisation des animaux n’est jamais banale. Les auteurs utilisent la panoplie des qualités et les défauts qui leur sont attribués. Bien qu’il s’agisse d’un univers animalier, les faciès anthropomorphes des personnages sont très expressifs. Certains protagonistes de cette BD s’inspirent de personnalités ayant réellement existées. Lewis Salomon est clairement l’alter ego de Robert Moses, urbaniste américain très controversé qui fût l’un des acteurs de la rénovation de New-York entre 1930 et 1970.  

Les illustrations ont été réalisées à l’aquarelle et on ne peut qu’admirer le réalisme des scènes et des détails. La palette des couleurs est utilisée comme un élément narratif supplémentaire. Le même soin a été apporté au scénario. Le fond historique est extrêmement bien documenté et puise son inspiration dans de multiples sources (histoire des États-Unis, littérature policière, films d’action, etc). Je ne m’en lasse pas ! Bah, ça tombe bien car les auteurs ont clairement annoncé leur intention de poursuivre la série aussi longtemps que leur imagination le permettra.


Blacksad. Canales & Guarnido. T06-07

Blacksad, T07. Alors, tout tombe. Seconde partie. Juan Diaz Canales & Juanjo Guarnido. Dargaud, 56 p. (2023)


Commentaires

  1. Je n'ai lu que le premier tome mais il m'a beaucoup plu alors je pense continuer la série et note d'emprunter les tomes 6 et 7 en même temps.

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    1. si tu peux avoir les deux tomes en même temps, c'est mieux, en effet. J'avoue que ça été dur t'attendre si longtemps pour connaître le dénouement.

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  2. nathalie25.3.24

    J'ai beaucoup aimé aussi (billet à prévoir également). Je me réjouis de ta dernière phrase ! Ceci dit, heureusement je n'ai pas lu tous les albums donc il m'en reste à découvrir.

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    1. ça se voit que les auteurs ont du plaisir à réaliser cette BD. Je continuerai de suivre la série moi aussi

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  3. Je n'ai jamais lu cette série que j'ai pourtant vu passer dans la blogo. En principe j'aime bien lire les différents opus tous à la file car je n'aime pas attendre entre deux parutions ou alors je relis au moins le précédent...A voir donc je ne lis que peu de BD à présent, j'en ai tellement lu quand je travaillais que je me tourne vers d'autres lectures à présent mais j'y reviens de temps en temps...Merci pour ce partage

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    1. Les 5 premiers tomes sont des "one-shot". Il y a une enquête par volume sauf pour ces deux derniers.

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  4. J'ai lu (et adoré)!cette série il y a plusieurs années et me suis arrêtée au tome 5. Il faut que je la relise et que je découvre enfin ce dyptique. C'est toujours un défi de ne pas laisser s'essouffler une série mais les auteurs y parviennent visiblement ici, tant mieux !

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    1. Les auteurs prennent leur temps mais le résultat est à la hauteur. Dans la veine des BD avec des personnages anthropomorphes, j'ai adoré aussi "De cape et de crocs" de Ayrolles et Masbou

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  5. les dessins sont très beaux et cette BD me tente je le souligne car c'est très rare !

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    1. Et j'en suis ravie ! Les 5 premiers tomes peuvent se lire indépendamment mais pas les deux derniers

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  6. Anonyme25.3.24

    Magnifique ce pont suspendu au-dessus de l'eau ! Je lis peu de Bd par p

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  7. Je lis peu de BD et je vois que c'est dommage ! J'en lis peu parce que je trouve que la lecture en est plus difficile que la lecture sans images. D'ailleurs, pourquoi mes BD préférées sont celles de Chabouté ? parce qu'il y a peu de texte et que tout est dans l'image ! Mais je vais m'y remettre pour peu que je trouve celle-ci en bibliothèque.

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    1. J'aime beaucoup Chabouté aussi. D'ailleurs, je n'ai toujours pas lu son "Musée"... Il faut que je regarde si je peux l'emprunter à la bibli. Sinon, Nicolas de Crécy a fait au moins une BD sans texte (Prosopopus) sans compter son magnifique leporello (Un monde flottant). Celui-là, je le classe plutôt dans le livre d'art.

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  8. J'adore cette série, mais je me suis arrêtée au tome 4 il y a 10 ans maintenant, probablement dans l'attente du tome suivant.^^ Et maintenant nous en sommes au tome 7 donc, aargh ! Je ne me sens pas le courage de relire ces 4 tomes si cela est nécessaire pour faire le lien avec la suite.

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  9. Franchement, il n'y a pas besoin de relire les tomes précédents puisque c'est une nouvelle enquête. Par contre, il faut lire le 6 et le 7 ensemble et dans l'ordre.

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    1. Tant mieux alors ! Tu me motives vraiment à reprendre la série, d'autant que le tome 5 est disponible en prêt numérique, chouette ! Bon, pas encore le 6 ni le 7 malheureusement.

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    2. C'est drôlement pratique le téléchargement. Je l'utilise aussi beaucoup

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  10. Bonjour
    Oui, ce n'est pas un matou bien doux... Mais c'est un des "univers animaliers" que je préfère (connaissez-vous Grandville de Bryan Talbot?). J('en ai apprécié à peu près tous les tomes, et j'espère bien que la série continuera!
    J'ai souri en lisant votre besoin de relire le premier tome du diptyque et pas seulement votre propre billet: cela m'a fait songer au dernier "Pennac" en deux tomes parus à 5 ans d'intervalle... (comme vous le savez déjà!).
    (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola

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    1. oui, on avait déjà parlé de Grandville dans les commentaires du billet précédent et je l'avais noté dans ma liste à lire. Pennac, oui, il faudra que je le relise aussi.

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  11. Le si séduisant Blachsad !... :-)

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  12. Anonyme27.3.24

    J'aime beaucoup cette série que j'ai lu il y a longtemps. Je crois que je l'avais empruntée à ma bibliothèque. Il faut que je la relise jusqu'à ce tome. Agnès

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    1. Bien sûr, c'est toujours agréable de relire une série BD mais ici ce n'est pas forcément nécessaire. Les tomes 1 à 5 sont conçus comme des "one-shot" avec une enquête par album... sauf les derniers qui forment un diptyque.

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  13. J'n ai lu quelques albums, histoire d'être au courant. Superbe, mais les histoires m'ont laissée sur le bord, sans doute n'étais-je pas assez concentrée.

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