Les grands cerfs. Gaétan Nocq
Pamina, l’héroïne de cette bande dessinée est écrivaine. Elle a choisi de vivre en retrait de l’agitation humaine, dans les Vosges, avec son époux Nils. Ils habitent les Hautes-Huttes, une ancienne métairie, située au cœur de la forêt, en haut d'une vallée, au-dessus de Colmar. Léo, un photographe animalier, leur apprend que leur terrain est le lieu de passage des grands cerfs. Il souhaite y construire une cabane d’affût pour les observer. Non seulement Pamina donne son accord mais elle décide d’utiliser aussi la construction pour observer les animaux. Grâce aux conseils de Léo, elle apprend différentes techniques d’affût et se promène régulièrement dans la forêt pour voir les cervidés. Elle découvre comment les reconnaître et peut bientôt les appeler par leurs noms (Apollon, Géronimo, Wow, Pâris…)
La narratrice sait déjà que les cerfs seront au cœur de son prochain roman. Ses recherches l’incitent à rencontrer les agents de l’ONF (l’Office National des Forêts) et les adjudicataires, c’est à dire les représentants de la Confédération des chasseurs. Les deux camps effectuent le comptage statistique des espèces animales et décident de la régulation des populations, c’est-à-dire combien d’animaux seront tirés (tués) chaque année. Or, les grands cerfs mangent des conifères et la politique veut que l’industrie du bois soit préservée même au détriment des cervidés. Pamina découvre, par ailleurs, que Léo est plus ambivalent qu’elle ne le pensait et qu’il accepte un certain nombre de compromissions morales pour continuer de pratiquer son hobby (la photographie) et d’exercer son métier (ouvrier dans une papeterie).
J’ai tout de suite été attirée par les illustrations de ce roman graphique : les tonalités de bleus et de rouges, qui alternent selon le caractère positif ou négatif des évènements qui se succèdent ou encore les contours imprécis, à la manière du Sfumato, qui renforce l’atmosphère feutrée de ce huis clos. Cette réédition de l’ouvrage contient un livret final avec des aquarelles de Gaétan Nocq et des notes de travail. Le dessinateur évoque notamment à quelle occasion il a découvert le roman éponyme de Claudie Hunzinger dont il s’inspire. Le discours de l’écrivaine, dans l’émission L’Heure Bleue de Laure Adler sur France Inter, son hymne à la nature, sa volonté de se faire porte-parole des animaux, ont séduit Gaétan Nocq. Il s’est rendu, chez elle, dans les Vosges, pour étudier le terrain. Car il s’agit d’une autofiction dont l’héroïne est l’alter ego de Claudie Hunzinger. Son expérience avec les grands cerfs est sublimée par l’adaptation de Gaétan Nocq. J'ai été émue par cette histoire et scandalisée par la loi tacite qui privilégie toujours le profit à la sauvegarde de la nature.
Keisha, Manou et Le bouquineur ont lu le roman de Claudie Hunzinger, tandis que Géraldine a lu la BD.
Les grands cerfs. Gaétan Nocq. Editions Daniel Maghen, 240 pages (2023)
Le roman est à mon prochain programme de lecture. Si je trouve aussi la BD, j'enchaînerai.
RépondreSupprimerAh tiens, le hasard fait bien les choses. Je suis curieuse de lire ton avis sur le roman (que je n'ai pas lu) et peut-être la BD (pour la comparaison)
SupprimerMais oui, j'ai lu le roman, ça devrait suffire?
RépondreSupprimerAh, merci, je n'avais pas vu que tu avais lu ce roman. J'ai ajouté le lien vers ton blog et j'ai vu que Manou et Le bouquineur l'avaient lu aussi. Evidemment si tu connais l'histoire, tu n'as peut-être pas envie de lire l'adaptation en BD. Mais, franchement, ça vaudrait peut-être le coup de feuilleter l'album à la bibli pour le graphisme qui est superbe.
SupprimerJe dois avouer que le livre de Claudie Hunzinger m'était tombé des mains... Peut-être cela me plairait-il plus en BD ?
RépondreSupprimerBon, je me posais la question de savoir si ça vaudrait le coup de lire le roman. Mais je préfère dans ces cas là commencer par le roman et lire ensuite son adaptation en BD.
SupprimerTu as encore déniché une BD de toute beauté ! Je la note, pour les couleurs comme pour le propos.
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup le graphisme et les couleurs. Je me demandais si mes photos leur rendaient justice. L'histoire aussi est belle (sauf la partie où on tue les animaux bien-sûr).
Supprimerde très belles images ! à voir en médiathèque.
RépondreSupprimerIl y a des chances pour que l'album soit dispo dans ta bibli car le roman a été pas mal commenté
SupprimerJe crois avoir fait une fausse manip au moment de valider mon commentaire... Je disais : tu as encore déniché une BD originale et très belle. Je la note, pour ses couleurs comme pour son contenu narratif.
RépondreSupprimerles deux commentaires sont passés. Je n'ai pas voulu choisir à ta place.
Supprimerles extraits me parlent beaucoup!
RépondreSupprimerLes planches sont magnifiques. Parfois, il n'y a pas de texte du tout. Juste l'univers feutré de la forêt
SupprimerLe bleu de la couverture est sublime et le contraste des couleurs est intéressant, tout comme le récit qui a l'air de ne pas laisser indifférent. Tant que l'humain ne pensera qu'au profit, la nature sera hélas toujours en danger...
RépondreSupprimerLes chasseurs pensent être utiles mais il me semble que la nature se débrouille très bien sans l'homme.
SupprimerJ'avais noté le roman à sa sortie, sans trouver le temps de le lire. Je pourrais commencer par la BD, le graphisme a l'air superbe.
RépondreSupprimerl'album est très agréable à lire et les illustrations sont magnifiques. Si tu n'as pas le temps de lire le roman, ça peut être une alternative... c'est peut-être aussi un piège. Personnellement, je ne sais pas si j'aurais le courage de lire le roman après avoir lu la BD.
Supprimerle livre ne m'attirait pas mais le roman graphique est magnifique ! merci pour le partage, je vais voir si je peux le trouver à la bibli
RépondreSupprimerJe n'ai pas lu le roman de Claudie Hunzinger mais les retours sont plutôt bons. L'adaptation en BD est vraiment réussie. J'aime beaucoup le graphisme, le choix des couleurs, la technique proche du Sfumato qui renforce la sensation de huis clos, d'univers feutré...
SupprimerOh ces couleurs et ce graphisme ! Magnifiques.
RépondreSupprimerEt l'histoire est intéressante
SupprimerGraphiquement, c'est juste sublime ! Je l'aurais lu juste pour ça, mais le sujet ne manque pas d'intérêt non plus. Pour le coup, moi qui préfère lire les romans originaux plutôt que leur adaptation en premier, je pense que je m'attèlerai plutôt à la BD.
RépondreSupprimerJe n'ai pas lu le roman. Et même s'il ne manque pas de qualités, je ne pense pas le faire : comme toi, le préfère lire d'abord l'œuvre originale et ensuite la BD (on connait l'intrigue, on a donc moins de patience, non ?)
SupprimerCe livre graphique a l'air très beau et attirant. Ce n'est pas seulement le profit qui oblige à la régulation des animaux. Les cerfs en mangeant l'écorce des arbres les tuent. Et oui, les arbres aussi sont vivants et il faut les protéger. Je vois les ravages que les cerfs font en Lozère ! Maintenant si c'est pour abattre les arbres et faire des coupes drastiques, c'est sûr que cela n'en vaut pas le coup, en tout cas pour nous amoureux de la nature. Les exploitants font de grands ravages, ils dévastent la forêt et ils la replantent en conifères (pour un profit plus rapide ) et ainsi font disparaître les feuillus et toute la diversité végétale.
RépondreSupprimerAu sujet de l'exploitation forestière et de la syviculture intensive, j'ai vu un documentaire terrible sur ARTE cette semaine : Ikea, le seigneur des forêts ça fait réfléchir !
SupprimerJe n'ai pas lu le roman sur lequel je ne me suis pas "arrêtée" par erreur je pense, car manifestement cette BD est pour moi, rapport à mon hobby et à mes préoccupations et colères justement ! Je note !
RépondreSupprimerAh oui, si tu es sensible au sujet, il faut le noter. Le roman aussi, du coup
SupprimerEt voilà, lu grâce à toi, jusqu'à tard dans la nuit, un vrai coup de coeur ! merci !
SupprimerAh super ! J'en suis ravie. C'est l'un le but de ce blog que de partager des lectures.
SupprimerJ'ai aussi lu (par emprunt en bibliothèque) la BD, découverte chez Géraldine.
RépondreSupprimerJ'ai davantage été frappé par le bleu (couleur froide, couleur nocturne, couleur de la couverture!) que par le rouge... même si, c'est vrai, il y en a (du violet, du mauve...). Une couleur comme le vert ne se trouve guère, elle, que dans les aquarelles "hors texte".
Je n'ai rien à rajouter sur le contenu de la BD, cet article est très complet et en donne une très bonne vision. La mise en abîme était peut-être un peu trop "introspective" pour moi?
Je rajouterai juste que cette lecture m'a rappelé un livre de Maurice Genevoix, La dernière harde (1938), lu et relu naguère parce qu'une belle édition s'en trouvait dans la bibliothèque parentale.
(s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
Merci beaucoup pour ton commentaire et la suggestion de lecture que je note dans un coin de mon cerveau. Dans ce roman graphique, les couleurs sont en effet très contrastées. L'auteur les utilisent pour souligner des ambiances différentes. Pour ma part, je n'ai pas détesté le côté introspectif mais je comprends que cela puisse lasser un peu.
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