Pour mourir, le monde. Yan Lespoux
Roman historique et épopée maritime, ce livre nous conduit aux quatre coins du monde où une série de personnages affrontent mille dangers. Le titre est tiré d’une citation du prêtre jésuite portugais, Antonio Vieira (1608-1697) : « Un lopin de terre pour naître ; la Terre entière pour mourir. Pour naître le Portugal ; pour mourir, le Monde. ».
Le récit débute en janvier 1627, par le terrible naufrage d’un riche navire portugais sur les côtes du Médoc. Quelques années plus tôt, un jeune garçon nommé Fernando Texeira quitte Lisbonne à bord d’un bateau en partance pour les Indes, sous les ordres du capitaine Manuel de Meneses. A bord, notre héros fait la connaissance de Simão Couto dont il devient vite inséparable. Une suite d’évènements conduit nos deux soldats au large des côtes africaines où ils font naufrage, puis à Goa où ils espèrent faire fortune avant de renier la religion catholique et de s’engager comme mercenaires au service du sultan de Bijapur. A l’autre bout du monde, à Salvador de Bahia exactement, un second duo composé de Diogo Silva, orphelin de parents juifs portugais, et d’Ignacio, jeune Indien Tupinamba, fuient la ville assiégée par une armada hollandaise. Lorsque la cité est enfin libérée, ils suivent l’escadre lusitano-espagnole en partance pour le continent européen, sous le patronage de Dom Manuel de Meneses (rescapé de son aventure africaine). De l’autre coté de l’Atlantique, sur une terre de landes et de marais, Marie cherche une vie meilleure que celle à laquelle elle est promise au sein de sa famille. Elle se rend à Bordeaux où l’expérience tourne au drame et la force à rentrer dans son village natal pour échapper aux forces de l’ordre. Ses parents décident de la mettre à l’abri en la confiant à son oncle Louis, de l’autre côté des marécages, au bord de la mer. L’homme règne cruellement sur un monde de déshérités constitué de résiniers, de Costejaires, et de vagants.
Un coup d’œil sur les remerciements à la fin de l’ouvrage nous apprend que l’auteur s’est inspiré d’un fait réel dont il a eu connaissance dans un recueil de textes réunis par Jean-Yves Blot et Patrick Lizé (Le naufrage des Portugais sur les côtes de Saint-Jean-de-Luz et d’Arcachon, éditions Chandeigne, 2000). Sa documentation repose beaucoup sur ce type de récits dont il s’est abreuvé avec délectation. Ce plaisir est communicatif et l’auteur nous le transmet à travers une écriture enlevée, emblématique des grands romans d’aventures. Le talent de Yan Lespoux ne s’arrête pas à celui du conteur inspiré. L’écrivain met en lumière les grandes disparités sociales, les luttes d’influence et les enjeux financiers de la conquête maritime. Les destins humains semblent bien dérisoires face à l’immensité des océans et des territoires (et des richesses attendues).
💪Cette lecture commune me permet d’ajouter une participation au Book Trip en mer sur le Blog Lecture sans frontières.
📚D’autres avis que le mien chez Ingannmic, Keisha, Fanja, Claudialucia et Kathel
📌Pour mourir, le monde. Yan Lespoux. Agullo, 432 pages (2023)
Commentaires
http://www.encoredunoir.com/
Comme, en plus, je ne reçois pas beaucoup de news (Dieu sait pourquoi), je ne sais pas quand tu publies !