Veiller sur elle. Jean-Baptiste Andrea
C’est un peu difficile d’évoquer un ouvrage qui vient de recevoir le prix Goncourt. Il a déjà été décortiqué par des critiques professionnels et chroniqué par de nombreux bloggeurs. J’en parlerai moins bien et n’ajouterai rien de transcendant mais j’ai beaucoup aimé ce livre et c’est largement assez pour partager mon plaisir. C’est le quatrième roman de Jean-Baptiste Andrea, après Ma reine, Cent millions d'années et un jour et Des diables et des saints. Le Goncourt n’est pas son premier prix.
Veiller sur elle est une fresque historique qui conduit le lecteur dans l’Italie du 20ème siècle au moment où elle bascule dans le fascisme. L’intrigue débute néanmoins en 1916, dans une bourgade savoyarde, et s’achève à l’automne 1986, de l’autre côté des Alpes. Michelangelo Vitaliani, dit Mimo, est né en 1904. Fils de modestes émigrés italiens, il est renvoyé dans le berceau familial après la disparition de son père, mort pour la France sur le champ d’Honneur. Il doit devenir l’apprenti de son « oncle » Zio Alberto, un sculpteur à la fois brutal et médiocre, installé à Pietra d'Alba. Mimo est un petit génie (le jeune artiste, atteint Achondroplasie, ne dépassera jamais les 1,40 m) qui doit son prénom à l’autre Michel-Ange. Il fait la connaissance de Viola Orsini, fille unique d’une fratrie de quatre enfants. C’est le début d’une longue amitié amoureuse. D’abord snobé par la puissante famille Orsini, Mimo leur devra bientôt toute sa fortune. Après de nombreuses péripéties à Florence et à Rome où son destin l’a conduit, il devient un artiste renommé, au service de l’Eglise puis du régime fasciste. Notre homme ne s’intéresse pourtant ni à la religion ni à la politique mais ses commanditaires le paient bien. Viola, quant à elle, est victime de sa trop grande intelligence et des règles patriarcales de son temps. Après avoir frôlé la mort pour réaliser son rêve de voler, elle s’étiole à petit feu dans un mariage imposé par sa famille. Nos deux héros se retrouvent par intermittences, toujours liées dans une relation forte mais tourmentée. Quelques décennies plus tard, Mimo se meurt dans un obscur monastère piémontais, gardien d’une Pietà captive du lieu, que le Vatican n’ose ni détruire ni exposer. Son secret ne nous sera dévoilé qu’à la toute fin du roman.
Veiller sur elle est un roman picaresque rythmé et peuplés de personnages dangereux ou juste tourmentés, souvent manipulateurs, mais aussi capables de noblesse. A cause du lieu de l’intrigue et, en dépit de la période évoquée, j’ai parfois pensé au roman de Luca Di Fulvio, Mamma Roma. J’y ai ressenti le même plaisir d’écriture de l’auteur. Un plaisir communicatif, selon moi.
📚D'autres avis que le mien via Babelio et Bibliosurf
📌Veiller sur elle. Jean-Baptiste Andrea. L’Iconoclaste, 592 pages (2023)
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