Kia Ora. Jouvray, Ollagnier & Efa
💪Je ne voulais pas terminer le challenge Lire (sur) les minorités ethniques, organisé par Ingannmic, sans avoir lu au moins un livre consacré aux Maoris. J’ai opté pour une bande dessinée, Kia Ora, qui compte trois tomes : Le départ (T.01), Zoo humain (T.02) et Coney Island (T.03). Il ne s’agit pas d’une BD reportage mais d’une fiction. Le titre vient d’une expression en langue maorie qui signifie littéralement « portez vous bien » mais qu’on peut traduire de manière plus informelle par « salut ».
L’intrigue débute en 1930 et nous conduit dans un village autochtone de Nouvelle-Zélande, alors dominion de l’Empire britannique. Nyree, la narratrice, est institutrice. Une bagarre entre ses élèves réveille de vieux souvenirs et ramène notre héroïne plusieurs années en arrière lorsqu’elle n’était elle-même qu’une enfant. Ses parents, Maaka, Awhina, avaient alors bien du mal à joindre les deux bouts. Une énième période de chômage avait incité son père, et d’autres membres de la communauté, à accepter de participer à une tournée artistique internationale. Le spectacle, organisé par un émissaire britannique avec la bénédiction du YMA (Young Maori Party), prévoyait une exhibition de danses traditionnelles, les fameux Hakas. Nyree devait rester au pays avec ses grands-parents jusqu’au retour de la troupe, 6 mois plus tard. Mais la fillette, très fâchée d’être mise à l’écart, s’était échappée à la faveur de la nuit et embarquée clandestinement sur le bateau affrété par Monsieur Hartman, l’organisateur de l’évènement. Malheureusement pour les protagonistes, le spectacle de danse ne rencontra pas le succès escompté à Londres. Cet échec incita Hartman à renier les promesses faites aux Maoris, les poussant à accepter un contrat humiliant avec le parc d’acclimatation de Paris. Certains décideront finalement de rentrer au pays mais Nyree et sa famille poursuivront le voyage jusqu’aux Etats-Unis, engagés par un homme peu scrupuleux, directeur d’un cirque à Brooklyn.
J’ai été touchée par le destin dramatique des protagonistes et bluffée par le courage dont ils font preuve face à l’adversité. L’histoire est finalement assez dense pour une série qui ne compte que 3 albums. C’est le dessinateur, Efa (de son vrai nom Ricard Fernandez), qui a résolu le problème en proposant des pages de 12 à 15 cases. Le graphisme est relativement classique ce qui me convient parfaitement. Je connaissais l’existence des fameux zoos humains mais je ne savais pas grand-chose de l’histoire et de la culture des Maoris. J’ignorais, par exemple, que les Maoris avaient pratiquement abandonné le Moko (tatouage traditionnel) au 19ème siècle pour le remplacer par du maquillage. Sa renaissance date des années 1970-1980. La bande dessinée est complétée par un bref cahier documentaire, à la fin du premier album.
Les trois volets de Kia Ora sont désormais épuisés chez l’éditeur mais j’imagine que certaines bibliothèques ont encore des exemplaires à disposition de leurs lecteurs. Pour ma part, je l’ai trouvé dans une librairie qui l’avait encore en stock.
📌Kia Ora. Olivier Jouvray et Virginie Ollagnier-Jouvray (scénario) & Ricard Efa (dessins). Vent d’Ouest, 3 tomes (2007-2009)
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