Les Aquatiques. Osvalde Lewat

Les Aquatiques. Osvalde Lewat (Photo by Edouard TAMBA on Unsplash)

Lors d’une interview dans l’émission 28 minutes sur Arte, Osvalde Lewat explique que  « Les Aquatiques est une communauté vivant à la périphérie du centre-ville et des beaux quartiers de la capitale, dans une zone inondée à chaque saison des pluies. Cette communauté joue un rôle majeur dans le roman. » L’un des personnages clés, l’artiste engagé Samuel Pankeu, s’en est inspiré dans une série de tableaux photographiques représentant des visages terrifiés émergeant des eaux usées. Samy est le meilleur ami de Katmé Abbia. Celle-ci le considère comme son frère de cœur, son « aéroport ». La jeune femme, couramment surnommée "Madame Préfète" ou "Maman préfète" est mariée à Tashun Abbia, élu de la capitale du Zambuena, un état sub-saharien fictif. Le politicien brigue le gouvernorat du Haut-Fènn, région natale de son épouse. Aussi, lorsque Katmé reçoit un courrier lui signifiant que la tombe de sa mère est située sur le tracé de la nouvelle autoroute et doit être déplacée, Tashun Abbia l’oblige à organiser une fastueuse cérémonie où il pourra convier des personnalités influentes. Katmé, bien que réticente, doit céder devant l’insistance de son époux et de ses alliés. Parallèlement à cet évènement, les rivales du préfet, tentent de le discréditer par l’intermédiaire de Samy. Les préférences sexuelles et l’engament politique de l’artiste sont des leviers de pression idéals dans une démocrature où l’homosexualité peut être punie par une peine de prison à perpétuité. 

Osvalde Lewat signe un premier ouvrage à la fois puissant et sensible, qui nous en apprend beaucoup sur les sociétés patriarcales subsahariennes. C’est un roman initiatique qui dénoncent les contradictions d’un microcosme de privilégiés. C’est aussi une histoire de compromission, de rébellion, de deuil, de découverte de soi et de résilience. Le livre a été récompensé par plusieurs prix dont le Grand Prix Panafricain de Littérature (2021), le Prix du rayonnement de la langue et de la littérature française (2022) et le Prix Ahmadou Kourouma (2022). 

Si le style d’Osvalde Lewat se démarque clairement de celui de sa compatriote Djaïli Amadou Amal, je suggère néanmoins de lire leurs ouvrages en parallèle. L’auteure des Impatientes (2017) et de Cœur du Sahel (2022) aborde en effet des thématiques proches. 

Les Aquatiques. Osvalde Lewat. Pocket, 352 p. (2022)


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