Pachinko. Min Jin Lee

Pachinko. Min Jin Lee.


 Le Pachinko est un jeu d’argent très populaire au Japon. C’est un hybride entre la machine à sous et le flipper. Les casinos sont très souvent tenus par les membres de la diaspora coréenne, qu’on soupçonne d’être liés aux Yakuzas.

Dans ce roman passionnant, Min Jin Lee nous conte l’histoire d’une famille chrétienne, d’origine coréenne, sur quatre générations. Le périple de ces personnages débute en 1910, sur une petite ile située sud de la Corée, et s’achève au début des années 80 dans la métropole tokyoïte. Sunja est la figure centrale de ce roman. Enceinte d’un homme marié, elle accepte la proposition de mariage du pasteur Isak Baek pour échapper au déshonneur. Celui-ci se rend à Osaka chez son frère où il compte s’installer définitivement. Le couple est immédiatement confronté à de nombreuses difficultés liées au barrage de la langue, le refus des Japonais d’embaucher des immigrants, la ségrégation liée à l’impossibilité d’acquérir un logement hors du quartier coréen. A cela vont s’ajouter la guerre puis la crise économique. Le pasteur Baek est bientôt soupçonné de collaboration avec les communistes de Corée du Nord et jeté en prison où sa santé déjà fragile se détériore. 

A travers une galerie de personnages très attachantes, Min Jin Lee évoque la difficile intégration des migrants coréens au Japon : la lourdeur administrative, la pauvreté, les maladies, l’exclusion et les humiliations quotidiennes… mais aussi l’impossible retour dans le pays d’origine, l’abnégation, la tolérance, la résilience, l’ascension sociale. C’est une histoire douloureuse qui unit ses deux peuples, heurtés par les guerres, les crises économiques et politiques. Néanmoins, entre tradition et modernité, la vie suit son cours et les mentalités évoluent. Il ne s’agit pourtant pas d’un règlement de compte dont la cible de l’auteur serait les Japonais.

Il a fallu près de 30 ans à Min Jin Lee pour écrire ce roman. Elle s’est déplacée au Japon et a interviewé de nombreux coréens. C’est un livre poignant qui parle à chacun d’entre nous. Loin d’être manichéen, le roman de Min Jin Lee brosse un portrait réaliste et en demi-teinte de ces personnages en exil perpétuel. La double culture, qui devrait être une force et une richesse, n’est pas toujours facile à porter. 

Publié en 2017 aux Etats-Unis, Pachinko a été traduit en plus de 30 langues. Le livre de Min Jin Lee a fait partie de la sélection du prestigieux National Book Award et de celle du New-York Times pour le meilleur roman de l’année. L’année suivante, Apple a acheté les droits du best-seller pour en faire une série télévisée. 

Pachinko. Min Jin Lee. Ed Charleston, 624 p. (2021)


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