Jules Verne et le Gentilhomme cambrioleur. Céline Ghys
Automne 1883. C’est la fin de la saison nautique au Crotoy. Jules Verne doit se résoudre à rentrer à Amiens avec Honorine son épouse qui préfère l’agitation urbaine à la tranquillité de la côte picarde. Le célèbre écrivain peut se réfugier dans son bureau de la "maison de la Tour" où il passe plusieurs heures quotidiennes à écrire. Mais tandis que l’auteur des Voyages extraordinaires travaille sur le manuscrit de Mathias Sandorf, sa ville d’adoption est en proie à l’agitation.
Cela commence avec diverses
exactions dans le quartier bourgeois d’Henriville. Tous les larcins sont signés
par un certain "Gentilhomme cambrioleur". Le nouveau commissaire, Garmardin, s’arrache
les cheveux d’autant que le voleur s’est fait passer pour la police pour
détrousser sa dernière victime. La
tension atteint son comble le mardi 15 octobre au matin, lorsque Louis Dubrion,
le patron de la Caisse d’Epargne, est retrouvé assassiné dans son bureau. Le Gentilhomme
aurait laissé une nouvelle lettre où il s’accuserait du crime. Le jeune journaliste Lucien
Carambel n’est pourtant pas convaincu de sa culpabilité. Le voleur n’est
pas un meurtrier et le modus operandi ne ressemble pas à son style. Le patron
du Progrès de la Somme le remplace par un autre reporter moins frileux.
Le jour des funérailles du
banquier, Le Gentilhomme cambrioleur transmets un message épistolaire, via des montgolfières
miniatures, dans lequel il clame son innocence. Le commissaire Gamardin s’entête.
Il accrédite, avec la bénédiction du préfet Kuhn, la thèse selon laquelle notre
Robin des bois serait coupable du meurtre du banquier. Lucien Carambel décide
alors de faire appel à l’intelligence de Jules Verne. L’écrivain avait déjà apporté
une aide précieuse à la police dans "l’Affaire Nemo" (cf Jules Verne contre Némo).
Maurice Perrin, le malheureux adjoint de Gamardin, se joint à leur quête.
Il m’a fallu quelques pages pour
décider si ce livre valait la peine que je m’y attarde mais, une fois entrée
dans l’intrigue et l’atmosphère du roman, je n’ai pas boudé mon plaisir. Céline Ghys a su restituer la géographie et l’ambiance
de la capitale picarde au temps de Jules Verne. Elle s’est également inspirée
de la littérature populaire du 19ème siècle, les romans policiers et
les feuilletons. Elle cite d’ailleurs de nombreux auteurs: Maurice Leblanc, bien
sûr, mais aussi Eugène Sue, Guy de Maupassant, Wilkie Collins, Edgar Alan Poe, Arthur
Conan Doyle, Alexandre Dumas fils, Pierre Alexis de Ponson du Terrail, Pierre
Souvestre, etc. Les références et clins d’œil littéraires sont multiples.
Il fallait bien sûr oser convoquer
un héros de papier inspiré d’Arsène Lupin aux côtés d’un écrivain célèbre.
Pourtant, ça fonctionne. Je ne sais pas si Jules Verne avait l’esprit
aventureux (une anecdote tirée de son enfance, bien que jugée fausse, semble le
confirmer) mais ses réactions, dans le romans, apparaissent suffisamment crédibles.
Elles correspondant à ce qu’on sait de lui, à travers sa vie et son œuvre. Céline
Ghys le dépeint comme un bon père de famille soucieux de justice, féru de
graphologie et intéressé par les nouvelles techniques d’enquête du 19ème
siècle. Le portrait que Nadar a fait de lui en 1878 reflète sa bonhomie
supposée. On sait, par ailleurs, que l’écrivain était impliqué dans la vie politique
et sociale de sa ville de résidence. Le penchant de l’écrivain pour les
sciences, le théâtre, son refus de suivre la voie tracée par ses parents, etc.
Jules Verne et le Gentilhomme
cambrioleur est le second tome de la série, après Jules Verne contre Némo
(Fayard, 2024), et j’espère vivement que
celle-ci va se poursuivre. Céline Ghys est l’autrice d’un autre polar
historique se déroulant à Amiens et intitulé Le Crâne de Saint Jean-Baptiste (éditions
NordAvril, 2023).
💪J’ai lu ce roman dans le cadre du Challenge Autour de Jules Verne organisé par Taidloiduciné (qui squatte le blog
de Dasola).
📝Plus d’informations sur Amiens ici, Le Crâne de Saint Jean-Baptiste chez Fanny, Jules Verne contre Némo chez
Miriam et chez Sharon, Jules Verne et le Gentilhomme cambrioleur chez Aurélie
et chez Manuel.
📌Jules Verne et le Gentilhomme cambrioleur. Céline Ghys.
Fayard, 288 pages (2025)
Un bouquin assez hybride on dirait?
RépondreSupprimerah tu trouves ? Je le classerais en polar historique
SupprimerEtant originaire de Nantes, où je suis restée jusqu'à mon entrée au lycée, j'ai "mangé" un peu trop de Jules Verne pour avoir envie d'y revenir... mais il m'a à une époque valu quelques nuits blanches ! Sinon, j'ai bien compris que ton billet n'évoquait pas un titre de Jules Verne, hein.. mais même...
RépondreSupprimerJe comprends ton point de vue. Bizarrement les petits amiénois ne semblent pas obligés de lire souvent des romans de Jules Verne (pour l'instant, le mien ne l'a jamais eu en prescription). Dans le roman de Céline Ghys, j'ai beaucoup aimé les références à la ville, sa géographie et son histoire. C'est une lecture détente.
SupprimerJe vois que tu ne l'as pas proposé pour l'activité sur les villes. Tu ne le juges pas éligible, malgré ces références que tu évoques ?
Supprimerje ne sais pas trop quoi te répondre. Il me semble que la ville n'est pas au cœur de l'ouvrage même s'il y a de belles descriptions. J'y ai été sensible parce que j'y habite mais c'est juste la cerise sur le gâteau, je pense.
SupprimerDans ce cas je ne retiens pas ! :)
SupprimerJe dois d'abord lire le premier tome mais celui-ci devrait me plaire :)
RépondreSupprimeroui, j'ai pensé à toi en le lisant.
Supprimeroh je ne connaissais pas, un choix intéressant (on pense forcément à Arsène Lupin)
RépondreSupprimerIl y a beaucoup de clins d'oeil amusants
SupprimerBonjour Alexandra / Je lis je blogue
RépondreSupprimer[des "profils" différents selon la plateforme de blog?]
Merci pour cette contribution au challenge Jules Verne. Miriam avait chroniqué la première enquête cette année. Je n'ai pour ma part lu aucun des deux livres pour le moment.
Concernant les jeunes Amiénois, je ne sais pas, mais j'avais repéré en, tout cas que le département de Seine-Maritime (76), qui offre un livre par an aux collégiens, avait en 2023 opté pour Le serpent de mer (de Jules Verne), et en 2022 pour l'Aiguille creuse (de Maurice Leblanc)!
En fait, je n'ose pas modifier mes profils pour les commentaires sur les autres blogs de peur que ça me bloque. Je ne connaissais pas Le Serpent de la mer. Jules Verne est l'un des écrivains les plus traduits au monde: il est en seconde position après Agatha Christie et William Shakespeare. J'ai lu récemment dans l'autobiographie d'Anglais (fin 19ème-début 20ème) qu'il était déjà très prisée des enfants. https://www.unesco.org/xtrans/bsstatexp.aspx?crit1L=5&nTyp=min&topN=50&lg=1
SupprimerAu début, je croyais que tu avais lu un roman de Jules Verne dont le titre était Le gentilhomme cambrioleur et je m'étonnais d'un tel titre chez cet auteur.^^ Oui, on pense tout de suite à Arsène Lupin plutôt. Bon, pas sûre d'y trouver mon compte, n'étant ni fan de Jules Verne, ni fan d'Arsène Lupin, mais la série semble originale.
RépondreSupprimerJ'apprécie les ouvrages de Jules Verne et ceux de Maurice Leblanc sans être une fan inconditionnelle. Je dirais qu'il faut surtout aimer les romans policiers historiques. Pour moi, la cerise sur le gâteau était le décor (Amiens au 19ème siècle).
SupprimerTu as fait une bonne trouvaille pour le challenge de notre squatteur préféré chez Dasola ! Je ne connaissais pas cette série mais tu titilles ma curiosité et il faudrait tout d'abord que je lise le premier opus. A voir si je les trouve...
RépondreSupprimerMiriam a lu le premier volet et l'a apprécié. C'est une lecture distrayante.
SupprimerSans regret : je ne lis plus de livres de chez Fayard.
RépondreSupprimersans vouloir être trop indiscrète, il y a une raison à ce boycott (ne réponds pas si tu ne veux pas).
SupprimerVoilà, je crois, une piste qui peut expliquer ce boycott : https://bibliolingus.fr/deborder-bollore-collectif
Supprimer:)
maintenant que tu en parles... merci pour ce lien
SupprimerDepuis que Lise Boëll, qui a déjà publié Zemmour et Philippe de Villiers, en a pris la direction, Fayard publie Jordan Bardella, Alain de Benoist (théoricien favori de l’extrême droite) et Xenia Fedorova, ancienne directrice de Russia Today et propagandiste du Kremlin en France, pro Poutine donc. Bref, un ramassis d’extrême droite. Je ne veut pas leur donner un centime ni leur consacrer une ligne.
SupprimerBeark, c'est pas du beau monde ! J'ai le tort de ne pas toujours faire attention à qui édite quoi. Je ne regarde plus les actualités parce que ça m'énerve... J'ai fait pas mal de boycott aussi fut un temps. L'argent, c'est le nerf de la guerre et le consommateur a au moins autant de poids que l'électeur.
SupprimerJ'ai même lu des romans dans lesquels Oscar Wilde était détective privé, alors... je suis capable de tout :-D
RépondreSupprimerah oui, je me souviens de cette série. J'en ai lu un tome que j'avais trouvé assez sympathique.
SupprimerLes romans policiers historiques, ça passe ou ça casse avec moi, et je ne sais pas trop ce qui fait pencher la balance d'un côté ou de l'autre...
RépondreSupprimeroui, c'est souvent le défaut de ce type de roman : c'est difficile de trouver le juste équilibre entre les 2 ingrédients.
SupprimerJ'avais repéré le première volume de la série. Une lecture détente qui me tente bien, mais j'ai déjà plusieurs Jules Verne à lire. Je ne sais pas si je trouverai le temps.
RépondreSupprimerComme tu le dis, c'est une lecture agréable mais pas indispensable. Je comprends que tu préfère privilégier les romans de Jules Verne
SupprimerJe n'ai pas encore lu le premier, mais il m'attire...
RépondreSupprimerJe crois que ça pourrait te plaire pour le petite intrigue policière mais il me semble que tu préfères les Thrillers aux Cosy Crimes
SupprimerJe ne suis pas une habituée de ce genre alors que ça a tout pour me plaire... (qu'attends-je donc?^^)
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