Cœur noir. Silvia Avallone
« Le lundi de novembre où Emilia et son père s’engagèrent sur le sentier appelé Stra’dal Forche et montèrent à travers le bois de châtaigniers qui sépare Sassaia du reste du monde, c’était le jour des morts. Riccardo persistait à penser que ce genre d’endroit – un minuscule hameau isolé – n’était pas ce qu’il fallait pour entamer une nouvelle vie : en tout cas pas pour sa fille, pas après tout ce qu’elle avait traversé, et encore moins seule. Mais Emilia avançait d’un bon pas, résolue. »
Qu’est-ce qui peut inciter une jeune femme de 31 ans à venir s’enterrer dans un hameau désert du Piémont italien ? C’est l’énigme sur laquelle se focalise d’abord l’attention du lecteur.
Emilia Innocenti, l’héroïne cabossée de ce roman, arrive à Sassaia par un petit chemin escarpé. Elle est venue y enfouir son sentiment de culpabilité et peut-être y trouver la rédemption. Son père Ricardo l’accompagne. Il veut l’aider à s’installer dans la demeure de la tante Iole, laissée à l’abandon depuis son décès. Le réseau téléphonique est défaillant et il n’y a pas de télévision. Son père est inquiet. Sassaia ne compte que deux autres habitants : le Basilio, un peintre en bâtiment à la retraite qui restaure les fresques des églises locales, et Bruno Peraldo, l’instituteur du village voisin. Dans un premier temps, le trentenaire qui vit en ermite, ne voit pas d’un très bon œil l’arrivée de cette jeune femme bizarre. Et pourtant… contre toutes attentes, la rencontre va avoir lieu. Elle sera très charnelle mais un peu frustrante. Comment aimer une personne dont on ignore tout ?
Evidemment l’intrigue de ce livre va au-delà de la simple romance. Par touches successives, Silvia Avallone nous dévoile les secrets des protagonistes principaux. On comprend rapidement qu’Amélia a passé une partie de son adolescence et de sa jeunesse dans un lieu clos qu’elle appelle Le Couvent mais qu’on devine être une institution spécialisée pour mineures et/ou un établissement carcéral. Elle porte en elle un poids très lourd qui l’empêche de s’autoriser un avenir ordinaire. Bruno aussi est un animal blessé. Il s’est réfugié dans la maison de son enfance, abandonnant ses études doctorales et un avenir prometteur.
J’ai retrouvé dans Cœur noir, les thématiques chères à l’autrice : l’adolescence, la famille, l’amitié, la fracture sociale. Le père d’Amélia est certes un bourgeois de Ravenne mais sa fille a longtemps côtoyé des jeunes filles d’un milieu très différent du sien. Leurs histoires sont souvent très douloureuses et leurs actions ont des circonstances atténuantes. Qu’en est-il d’Amélia ?
Les remerciements en fin d’ouvrage fournissent parfois des renseignements intéressants sur la genèse de l’œuvre. Et c’est le cas ici. On y apprend notamment que l’autrice a fréquenté un atelier de lecture et d’écriture dans une prison pour jeunes délinquants. Elle a interviewé des professionnels du système judiciaire et pénal pour mineurs. Cela se ressent dans son livre, le réalisme des situations, des lieux et des personnages. Il faut dire que l’autrice a une grande habilité à dresser des portraits, notamment d’adolescentes à la fois touchantes et exaspérantes. Les protagonistes de Cœur noir m’ont davantage émue que ceux rencontrés dans les précédents romans de Silvia Avallone, D’acier et Une amitié.
Et pourtant, en dépit de toutes les qualités de ce livre, je n’arrive toujours pas à être totalement enthousiaste. J’ai eu cette même sensation avec D’acier et Une amitié sans arriver à mettre exactement le doigt sur ce qui me gêne. Je suis entrée très facilement dans le roman et je dois dire que j’ai été rapidement happée par l’intrigue. En revanche, j’ai trouvé sa résolution trop délayée et j’ai eu la sensation que ce livre n’en finissait pas de finir. L’autrice en fait parfois des tonnes avec ses personnages et même si c’est souvent justifié, cela m’a un peu lassée. Mon opinion est donc un peu mitigée mais penche davantage vers le positif.
📚D’autres avis que le mien chez Miriam et Eimelle
📌Cœur noir. Silvia Avallone, traduite par Lise Chapuis. Liana Levi, 448 pages (2025)
Aie, 'en fait des tonnes'. Je vais suivre mon instinct (et ma PAL existante)
RépondreSupprimerJ'ai une bonne PAL qui m'attend à la maison, moi aussi, mais je ne peux pas m'empêcher de faire régulièrement des escapades à la bibli
SupprimerRéservé à la bibliothèque, on verra ce que j'en pense... Vu mon peu de patience actuel, il faudra qu'il me passionne pour que je tienne plus de 400 pages ! (mais jusqu'ici l'autrice m'a toujours emballée !)
RépondreSupprimerJ'ai bien envie de connaître ton opinion sur ce livre.
SupprimerJ'ai lu d'elle "D'acier", "Marina Bellezza" et "la vie parfaite", je lirai sans aucun doute celui-ci aussi...Merci de nous le présenter
RépondreSupprimerUn autre avis ne sera pas de trop. Je me demande parfois si c'est moi qui suis un peu difficile
SupprimerJ'ai lu un avis plus enthousiaste récemment, mais je ne sais plus où.. J'ai beaucoup aimé D'acier, sans en faire un coup de cœur, essentiellement pour des raisons de rythme (par moments trop lent) et parce que j'attendais une intensité croissante, qui n'est pas vraiment venue. Je crois que je vais passer, en ce qui concerne celui-là..
RépondreSupprimerJ'étais mitigée aussi avec D'acier mes pour d'autres raisons. J'ai persisté mais je crois que c'est la dernière fois. Je ne dis pas que je me suis ennuyée ou que le livre n'a pas d'intérêt.
SupprimerAh mais oui, c'est chez Eimelle que je l'ai vu...
RépondreSupprimeroui, moi aussi
SupprimerJe n'ai pas encore lu de romans de Silvia Avallone. suite aux avis d'Aifelle et Miriam, je pense commencer par celui-ci et ton avis me conforte dans ce choix (pour l'empathie avec les personnages). Je verrai si j'ai les mêmes bémols que toi.
RépondreSupprimerBon, vous êtes plusieurs à vouloir le lire. J'ai hâte de lire vos billets et de connaître vos impressions .
Supprimerje crois avoir déjà lu cette auteure mais aucune trace sur luocine, je confonds peut-être.
RépondreSupprimerJe finis par m'y perdre aussi dans mes lectures
SupprimerIl me semble que ce roman est dans les nouveautés de ma médiathèque... Bon, je ne vais pas me précipiter vu que tu n'es pas vraiment enthousiaste !
RépondreSupprimerJ'ai apprécié cette lecture dans l'ensemble. il y a juste un ou deux petits bémols
SupprimerD'acier reste mon préféré, mais celui là arrive assez près derrière!
RépondreSupprimerIl y a un petit moment que j'ai lu d'acier. Pour le souvenir que j'en garde, je l'avais apprécié avec également des bémols
SupprimerJe ne me suis pas encore aventurée dans les romans de cette autrice, pressentant que je n'y trouverais pas vraiment mon compte. En te lisant, je n'ai pas l'impression de me tromper.
RépondreSupprimerCe roman a de nombreux points positifs mais j'ai toujours un petit problème avec ses personnages.
SupprimerJusqu'à présent j'ai plutôt lu des avis très positifs sur ce roman ; comme je ne cherche pas à aggraver ma PAL, j'attends sagement l'occasion ... ou pas.
RépondreSupprimerIl ne faut peut-être pas se fier à mon seul avis. Eimelle est plus enthousiaste
SupprimerLes thèmes m'intéressent d'autant que l'autrice semble avoir fait un travail de recherche au plus près du terrain mais j'avoue que ton bémol me fait un peu peur...
RépondreSupprimerL'autrice nous fait entrer dans un milieu qui ne m'est pas familier. Ma vision est peut-être biaisée
SupprimerJamais lue, je crois. A voir... ou pas. ;-)
RépondreSupprimerL'autrice a généralement des avis positifs
SupprimerUne auteure dont j'apprécie les romans depuis ma lecture de D'acier. Je l'ai réservé à ma BM.
RépondreSupprimerJe serais curieuse de connaître ton avis
SupprimerMalgré le succès de cette auteure, je n’ai jamais été attirée par ses romans et même si tu es délicate et nuancée, je sens que ce ne sera pas encore maintenant que je la lirai.
RépondreSupprimerCe n'est pas un roman incontournable, tu peux passer ton chemin sans regret
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