Les cosmonautes ne font que passer. Elitza Gueorguieva
Quel est le rapport entre Youri Gagarine, Kurt Cobain et la transition démocratique en Bulgarie ? Un désespérant sentiment d’échec pour notre jeune narratrice qui a fomenté des projets d’avenir radieux impliquant successivement l’un ou l’autre. Le roman n’est pas plombant pour autant car elle nous raconte toute cette histoire avec la naïveté juvénile et l’imaginaire débordant de l’enfance puis de l’adolescence.
La narratrice, dont je suppose qu’elle est l’alter ego de l’autrice, est née en 1982. Elle a donc 7 ans lorsque le mur de Berlin tombe. Cet évènement historique va entraîner l’effondrement de son premier rêve d’enfance. En effet, depuis sa première rentrée scolaire à l’école Youri Gagarine, la fillette s’était mise en tête de suivre les traces du héros soviétique de la conquête spatiale et de devenir cosmonaute. Un vaste programme, impliquant la construction d’une navette Vostok et le dressage de son chien Joki (« qui n’est pas un bâtard mais un animal de race européenne inconnue » selon sa maîtresse) destiné à devenir le successeur de Laïka (notre narratrice ignorant évidemment la fin cruelle de la chienne). Constantza, l’amie d’enfance par défaut, avec laquelle elle entretient des rapports houleux, est mise à contribution en dépit de son manque d’intérêt pour le projet. Elle préfère les robes arc-en-ciel aux combinaisons spatiales et les poupées Barbie que sa mère importe de Grèce. En revanche, le cousin Andreï, qui ne s’est pas encore transformé en "Mutra" (Gangster bodybuildé qui n’a apparemment aucun rapport avec le personnage de Mutra dans la série de jeux de rôle de Bob Lennon et David Kuhn), s’avère être un excellent complice. Il sauve la mission grâce au don d’une sorte de guide d’entrainement du bon Pionnier soviétique. Le grand-père de notre héroïne, un communiste émérite selon elle, s’avère également d’une aide précieuse en fournissant un film de propagande soviétique sur la conquête spatiale et en l’accompagnant au musée de l’espace tous les dimanches. Alors que le projet semble bien engagé, la grande histoire s’en mêle, incitant la fillette a adopté un plan B.
Les cosmonautes ne font que passer est un ouvrage plus profond qu’il n’y parait au premier abord. C’est un roman initiatique sur la perte de l’innocence. Il y a l'avant (avant l’effondrement des régimes communistes en Europe et la fin de la dictature en Bulgarie) et l'après (qui n’est pas très emballant non plus). La seconde partie de l’ouvrage est nettement moins légère que la première mais l’autrice nous épargne un peu la morosité ambiante grâce à un sens de l’humour salvateur. Personnellement j’adhère totalement à l’ironie et au comique de répétition. Certains titres de chapitres semblent totalement loufoques. Par exemple, que penser de « Iouri Gagarine a été kidnappé par les extra-terrestres » ou « Berlin n’est pas un homme », ou encore « La vie sans brique de lait » et « Kurt Cobain se tortille dans la cuisine » ? Et pourtant, ces phrases énigmatiques reflètent bien le contenu des chapitres. Les cosmonautes ne font que passer est un roman à la fois réaliste, nostalgique, instructif et distrayant. Il me rappelle un peu le récit de Lorina Bălteanu dans Cette corde qui m'attache à la terre. La grande différence entre nos deux héroïne tient au fait que l'une est très attachée à son pays natal tandis que l'autre ne pense qu'à le quitter.
💪📚J’ai piqué cette idée de lecture chez Claudialucia à l’occasion de son challenge bulgare. Keisha l’a apprécié aussi.
📌Les cosmonautes ne font que passer. Elitza Gueorguieva. Editions Verticales, 184 pages (2016) / Folio, 192 pages (2018)
Oh oui, une lecture qu'on n'oublie pas, déjà, le titre... ^_^
RépondreSupprimerSon second roman me tente aussi même si le titre est moins amusant
SupprimerJe l'ai lu il y a longtemps, c'est d'ailleurs le seul roman bulgare que j'ai lu. Et j'en ai gardé un bon souvenir.
RépondreSupprimerJe ne suis pas une spécialiste non plus. Ce n'est que mon second roman bulgare
SupprimerJe n'ai jamais chroniqué d'auteurs bulgares en 21 ans de blog... Mais j'ai une Moldave sous le coude, une vraie première ! :-)
RépondreSupprimerje n'ai pas beaucoup de romans d'Europe de l'Est non plus. J'essaie d'en lire plus souvent. De plus en plus d'auteurs sont traduits, ce qui promet de belles découvertes.
SupprimerJ'ai lu le début de ce roman, et j'en ai un souvenir agréable en effet.
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup le ton du roman
SupprimerCette période me passionne, la fin du communisme a éveillé tant d'espoirs et retomber dans la corruption tant de désillusions !
RépondreSupprimeroui, c'est vrai et pour ma part je ne connais pas grand chose de l'histoire bulgare
SupprimerJ'ignore tout de la littérature bulgare. Mais il est vrai que Claudialucia nous abreuve en ce moment de suggestions de lectures toutes plus tentantes les unes que les autres.
RépondreSupprimeroui, c'est très motivant. Il y a tellement d'auteurs à découvrir !
SupprimerUn titre intriguant. Je me laisserai bien tenter.
RépondreSupprimeroui, laisse toi tenter. en plus le livre n'est pas très long !
Supprimerj'ai déjà lu un roman bulgare, même deux je crois ! mais pas celui-ci, du coup je le note !
RépondreSupprimerJe ne voudrais pas dire de bêtise mais je crois que l'autrice vit en France et écrit dans notre langue.
SupprimerJe ne suis pas trop tenté à première vue...
RépondreSupprimerCe livre m'a incitée à sortir de ma zone de confort et je ne regrette pas. C'est une belle découverte.
SupprimerJ'en garde un bon souvenir, une lecture vraiment sympathique, même si, de mémoire, je crois que j'avais eu un peu de mal à accrocher au début.
RépondreSupprimerLe style à hauteur d'enfant du début peut dérouter un peu
SupprimerJ'adhère aussi à l'ironie et au comique de répétition quand il n'est pas empreint de lourdeur alors je note d'autant que l'histoire n'est pas commune, du moins par rapport à mes lectures.
RépondreSupprimerOn apprend beaucoup sur la fin de la période communiste et celle qui suit l'effondrement du régime communiste. Il y a eu des moments difficiles mais l'humour de l'autrice apporte un peu de légèreté
SupprimerC'est tout ce que j'aime ! Il faut d'ailleurs que j'aille regarder de plus près les découvertes bulgares de Claudia Lucia qui m'aideront à définir ma PAL pour la Rentrée à l'Est. Elitza Gueorgieva vit en France depuis pas mal de temps et il me semble bien qu'elle écrit en français en effet (en tous cas, je ne vois pas trace d'une traduction sur sa fiche Babelio).
RépondreSupprimerClaudia a déjà proposé pas mal de titres intéressants. J'aurai encore de quoi lire pour le mois de l'Europe de l'est.
Supprimerune bonne idée pour le challenge littérature bulgare de Claudialucia
RépondreSupprimerC'est très différent du roman de Victor Paskov que j'ai lu récemment.
SupprimerIl faut que je m'occupe de ma pile bulgare pour la rentrée, maintenant que j'ai bien vidé tout le reste !! Celui-là ne me tente pas spécialement, mais entre tes suggestions et celles de Claudia, je devrais trouver mon bonheur. Je vais entre autres essayer d'identifier des titres qui pourraient aussi coller avec l'activité sur les villes..
RépondreSupprimerJe me suis cru chez Sacha !! :).....
RépondreSupprimerAvec toutes ces activités communes plus tentantes que les autres, on finit par s'y perdre un peu ! ^_-
SupprimerIntriguant ce roman que je ne connaissais pas. Mais si tu parles d'humour, ça pourrait le faire pour moi. je note :)
RépondreSupprimerLe fond n'est pas toujours marrant mais le style de l'autrice n'est pas du tout plombant. Le roman est assez court et se lit en quelques heures.
SupprimerJe l'ai noté chez ClaudiaLucia et c'est mon premier choix pour le challenge Bulgarie. Je crois que je n'ai encore rien lu sur ce pays.
RépondreSupprimerJe serais ravie de découvrir ton avis. C'est une collègue bulgare qui m'a suggéré ce roman.
SupprimerJe n'ai pas pu venir te lire avant m car j'étais absente mais voilà, c'est fait et j'ai ajouté un lien sur la récapitulation du challenge bulgare. Merci pour ta participation.
RépondreSupprimerJe suis heureuse que tu aies aimé ce livre que j'ai beaucoup apprécié moi aussi. J'aime cet humour et sous la légèreté apparente, le constat d'échec, la fin de l'enfance !