Xi Jinping. Costantini & Meyer

Xi Jinping. Costantini & Meyer


Traitez moi de fainéante ou d’inconsciente. Il y a des sujets qui me semblent tellement arides que je préfère les éviter autant que possible. Je ne lis donc pratiquement jamais d’essais traitant d’économie ou de biographies d’hommes politiques contemporains. Il n’y a guère que les BD documentaires pour m’inciter à déroger à cette posture. 

Le journaliste Eric Meyer s’est associé au dessinateur Gianluca Costantini pour publier une biographie dessinée de l’énigmatique Xi Jinping. Secrétaire général du Parti communiste depuis le 15 novembre 2012 et Président de la république populaire de Chine depuis le 14 mars 2013, notre homme a été réélu pour un troisième mandat en mars 2023. Quel est le vrai visage de ce politicien qui règne sur près ¼ de la population mondiale ? Celui d’un dictateur sans merci ? Celui d’un apparatchik atteint du syndrome de Stockholm ? Celui d’un homme de foi œuvrant pour l’égalité sociale ? Telles sont les questions posées en 4ème de couverture auxquelles Éric Meyer, qui a été correspondant en Chine pour la presse française de 1987 à 2019, tente de répondre avec les informations dont il dispose (si possible dépouillées des habits de la propagande locale).


Xi Jinping. Costantini & Meyer. -P134-135


Parmi les éléments factuels, il y a la naissance de Xi Jinping, le 15 juin 1953 à Pékin. Son père a été l’un des compagnons fidèles de Mao Zedong et a été nommé vice premier ministre sous les ordres de Zhou Enlai. Xi Jinping a grandi dans le palais de Zhongnanhai, a fréquenté les écoles réservées aux enfants des hauts cadres du Parti, a bénéficié de séjours au bord des plages de Bohai avec les autres familles de dirigeants, etc. Mais en 1959, son père est accusé d’avoir laissé publier un livre contre-révolutionnaire sur la vie de Liu Zhidan et en 1962 il est exclu du parti, démis de toutes ses fonctions et envoyé en province en rééducation. Toute la famille tombe en disgrâce et la vie de Xi Jinping change radicalement. C’est le début d’une véritable descente aux enfers. A cela s’ajoute la Révolution culturelle en 1966. Or, malgré toutes ces épreuves (y compris le suicide d’une de ses sœurs qui ne supportait plus la vie dans les camps de travail), Xi Jinping va rester fidèle au Parti. Mieux que cela ! Il va tout faire pour regagner la place qui lui était promise à la naissance. C’est grâce au réseau de sa mère, qui travaille à l’école du parti, que Xi Jinping trouve des appuis et se hisse lentement vers le pouvoir. Pendant toute cette période, il adopte une stratégie d’attentisme qui se révèlera payante. 

Éric Meyer adopte un fil narratif plus ou moins chronologique, s’attardant parfois sur des évènements particuliers comme le massacre de Tiananmen en 1989 ou la guerre de succession qui aboutit à l’accession au poste suprême de  Xi Jinping en 2012. Il évoque rapidement les repressions contre les Ouïghours, le problème du Tibet, le culte de la personnalité et bien sûr la parenthèse dramatique de l’épidémie de Covid-19 dont la mauvaise gestion a entraîné des milliers de morts supplémentaires. 

Il en résulte un scénario très instructif mais aussi très dense. J’avoue que j’ai parfois eu du mal à suivre et que j’ai du rétropédaler quelques pages en arrière. Les illustrations de Gianluca Costantini sont très réalistes et complètement focalisées sur la biographie de Xi Jinping et les évènements politiques chinois. Rien ne peut distraire le lecteur de ces sujets. Les dessins sont en noir et blanc, il n’y a aucune fioriture, c’est-à-dire peu de paysages ou de représentations architecturales. Bref, Xi Jinping, L'Empereur du silence est un album qui répond aux questions posées par les auteurs et donc aux attentes du lecteur. Il est sérieux et bien documenté.

📌Xi Jinping, L'Empereur du silence. Gianluca Costantini (illustrations) et Eric Meyer (scénario). Delcourt, 232 pages (2024)


Commentaires

  1. Et si on veut en savoir plus, on peut sans doute poursuivre avec un essai...

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    1. Absolument, mais la BD est déjà très dense

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  2. nathalie9.3.25

    Moi j'évite soigneusement tout ce qui est contemporain (d'où une certaine place laissée aux siècles anciens dans ma bibliothèque).

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    1. Justement, je trouve que les BD de ce type sont bien pratiques car elle permettent d'avoir un aperçu de la situation

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  3. Heu, pas franchement mes envies, mais ça a l'air bien?

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    1. C'est instructif et c'est l'objectif. Pour la distraction, je choisis des albums plus légers.

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  4. Je note ce titre qui a l'air très instructif... et me libérera le temps qu'il aurait fallu consacrer à un long essai.

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    1. C'est l'avantage de ce type de BD, je trouve, et les illustrations m'aident aussi visualiser certains éléments et à m'imprégner de l'atmosphère du lieu ou de l'époque.

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