Shiki. Rosalie Stroesser
Entre 2015 et 2016, Rosalie Stroesser a fait trois séjours au Japon. Cet album en fait le récit. Il se focalise essentiellement sur le plus long qui a duré un an, soit 4 saisons. Les chapitres sont découpés selon cette temporalité (automne, hiver, printemps et été) mais comporte quelques ellipses. La bande dessinée n’est parue qu’en 2023 car elle a été longue à murir. L’autrice a toujours été fascinée par le Japon mais son rapport au pays est très ambivalent. Elle n’y a pas vécu que de bons moments et la société japonaise est encore assez rigide et patriarcale.
C’est grâce à HelpX (Help Exchange), une association internationale qui propose des échanges logement contre services, que Rosalie Stroesser débarque dans une ville appelée Himeji (à 1h30 en train d’Osaka et d’Hiroshima) en novembre 2015. Elle doit travailler dans l’auberge en pleine campagne pendant quelques jours. C’est Yoji-San, le propriétaire. Rosalie partage un bungalow avec Miya, une israélienne. Elle doit aussi travailler avec d’autres jeunes femmes comme Léa, venue de Belgique, Beth qui arrive d’Allemagne et Elodie, la Québécoise. On comprends dès le début que quelque chose va mal tourner car le visage de leur hôte est flouté.
Rosalie va devoir écourter son séjour à la campagne. Elle se rend ensuite à Tokyo où elle a trouvé un job de barmaid. Elle s’y fait de nombreux amis, dont Yusuke, et l’alcool coule à flot presque tous les soirs. C’est le temps des fêtes et de l’insouciance. Nous sommes en janvier 2016. Pour la première fois depuis son arrivée, il neige dans la capitale nippone. Rosalie (devenue Lily pour ses amis japonais) partage un appartement avec Nao, une jeune femme de son âge mais beaucoup plus (trop ?) sage.
J’ai beaucoup apprécié la spontanéité et la franchise de l’autrice. C’est une jeune femme déterminée et pleine de ressources qui a su surmonter bien des difficultés et des expériences traumatisantes sans perdre sa joie de vivre et sa confiance envers le genre humain. Débarquée seule, dans un pays étranger comme le Japon, alors qu’on ne parle à peine la langue, c’est sans doute une expérience très enrichissante mais aussi un peu périlleuse. Rosalie en fera l’amère découverte.
La plupart des planches sont en noir et blanc mais le récit autobiographique est entrecoupé de petits textes informatifs sur la culture japonaise avec des illustrations pleine page en couleurs. On sent que l’autrice fait l’impasse sur certains évènements et on se prends à espérer qu’elle les racontera dans un prochain album.
📋D'autres BD sur le thème du voyage et de l'expatriation en Asie ici
📌Shiki. 4 saisons au Japon. Rosalie Stroesser. Virages graphiques, 320 pages (2023)
Ca doit être quand même un peu frustrant, non ?
RépondreSupprimerJ'imagine qu'il y avait beaucoup de matière et que l'autrice a fait des choix mais oui, cela m'a un peu frustrée
SupprimerDommage si cela n'a pas répondu aux attentes de l'auteure... peut être une suite?
RépondreSupprimerSon rapport au Japon est compliqué. Il y a des choses qui ne lui plaisent pas mais elle y est retournée plusieurs fois quand même
SupprimerC'est vrai que cela ne doit pas être facile quand on ne parle pas la langue sauf si elle parle couramment anglais ce qui est le cas de beaucoup de japonais je crois bien. Je connais la fille d'une amie qui est partie là-bas et qui a trouvé l'acclimatation assez difficile...en tous les cas cette BD autobiographique doit être intéressante surtout si l'autrice nous fait part de son expérience avec sincérité. Merci pour la découverte.
RépondreSupprimeroui, l'autrice est sincère et cela semble lui coûter. Elle n'a pas vécu que des bons moments au Japon. Pour un voyage initiatique, c'est dur mais elle est incroyablement forte et courageuse.
SupprimerJe l'ai feuilleté en mediatheque dernièrement avec l'idée de l'emprunter un de ces jours. Un très beau dessin. Et en même temps un récit un peu dur dans ces silences si je te suis bien.
RépondreSupprimerIl y a des choses qui sont dites et dessinées avec beaucoup de pudeur.
SupprimerAh je ne l'ai pas repéré cet album. Il a l'air moins heureux que la plupart des récits de voyage/séjour d'expats au Japon - dont je me suis d'ailleurs lassée car ça raconte souvent la même chose justement - mais c'est justement l'intérêt aussi. On peut facilement déchanter d'un pays fantasmé finalement. Une collègue est rentrée d'une année sabbatique au Japon justement et même si elle a apprécié l'expérience, elle était bien contente de rentrer et c'est confirmé, elle ne voudrait jamais vivre là-bas. Mais chaque expérience est différente.
RépondreSupprimerPour le coup, ce récit se différencie certainement des autres. Cela me fait penser à une autre BD d'expat. Il s'agit de Jimjilbang de Jérôme Dubois. L'auteur est parti en Corée du Sud, qui n'était pas son premier choix. Il est revenu avec la sensation d'être passé à côté de l'expérience, du pays et de ses habitants.
SupprimerEst-ce qu'elle en dit assez pour que ce soit compréhensible ? J'ai lu une histoire sur une jeune femme allant se former au Japon, je ne sais plus dans quelle discipline. C'était très dur, surtout quand on est une femme. On ne peut pas dire que ce soit une société hyper-ouverte.
RépondreSupprimerC'est une société encore très patriarcale et très codifiée. L'expérience d'Amélie Nothomb est emblématique.
Supprimerje ne note qu e vos enthousiasmes confirmé pour les BD et cela ne semble pas le cas ici.
RépondreSupprimerSi j'ai apprécié la BD mais l'expérience de l'autrice est un peu amère
SupprimerJe note étant toujours curieuse de découvrir des récits sur le Japon et admirative de l'autrice d'oser être allée dans un pays sans en maîtriser la langue. Le Japon est un pays qui me fascine mais dont je ne doute pas des rigidités qui peuvent rendre l'expérience difficile.
RépondreSupprimerL'autrice n'a pas froid aux yeux. elle part seule dans un pays qu'elle ne connait pas beaucoup. Elle parle un peu japonais quand même mais les premiers temps sont difficiles. Elle est honnête dans le récit de cette expérience. C'est un témoignage très intéressant.
SupprimerJe suis toujours friande de ce genre de récit, de témoignage. Et toujours attirée par le Japon aussi !
RépondreSupprimer