Les 30 meilleures façons d'assassiner son mari. Seo Mi-ae
Voilà un titre de livre qui a de quoi interpeller les lecteurs ! S’agit-il réellement d’un guide pour se débarrasser de sa chère moitié ou d’une œuvre romanesque ? Sachant que la réalité dépasse parfois la fiction, la question mérite d’être posée, n’est-ce pas ? Plus sérieusement, le livre de Seo Mi-ae (sous-titré et autres meurtres conjugaux) est en fait un recueil de nouvelles.
Cet opus rassemble 5 histoires dont la qualité, me semble-t-il, est inégale. La nouvelle titre, par exemple, pêche surtout à cause d’une écriture ou d’une traduction maladroite. C’est dommage car l’intrigue est généralement bien menée. L’autrice s’est attachée à imaginer des chutes inattendues. Si elles ne surprennent pas totalement le lecteur, elles ont le mérite de créer des situations originales.
Dans Les 30 meilleures façons d'assassiner son mari, une femme fantasme sur les divers scénarii qui lui permettraient de se débarrasser de son tyran domestique d’époux. Elle consigne toutes ses idées dans le carnet de dépenses qu’il lui a demandé de tenir. Lorsqu’il est assassiné pour de bon, la jeune femme s’accuse spontanément du crime. Or, les flics ne sont pas convaincus car aucune de ses versions ne correspond au modus operandi qui a coûté la vie au mari.
L’intérêt principal de ces nouvelles, selon moi, tient au fait qu’elle donne un aperçu de la place de la femme dans la société coréenne, un modèle encore très patriarcal. L’autrice aborde aussi des questions plus universelles comme la lente désagrégation du couple, rongé par les réalités du quotidien. Dans Concerto pour un meurtre, Seo Mi-ae prouve qu’il faut parfois peu de choses pour ranimer la flamme et, pour faire bonne mesure, elle montre dans Un choix atroce qu’il ne faut pas se laisser consumer par la passion et la jalousie. Dans les autres textes, Seo Mi-ae évoque des sujets plus difficiles comme celles de la violence conjugale (Une happy End, en quelque sorte) et du féminicide (Si c’est comme ça, je vais te manger).
Au final, cette lecture m’a laissée une impression assez mitigée. Ce n’est pas une œuvre marquante qui je ferai figurer à mon palmarès de fin d’année mais je me suis facilement laissée porter par les intrigues.
💪Cette lecture s'inscrit dans le cadre du Challenge Bonnes nouvelles.
📚Un autre avis que le mien sur le blog de Keulmadang
📌Les 30 meilleures façons d'assassiner son mari (et autres meurtres conjugaux). Seo Mi-ae, traduite par Kwon Jihyun et Rémi Delmas. Matin calme, 164 pages (2022) / Le Livre de Poche, 160 pages (2023)
C'est un titre que j'avais remarqué car il est en effet détonant ! J'ai lu un roman coréen pas extraordinaire non plus mais lui aussi très instructif sur le machisme et la violence sexiste ordinaire en Corée, déprimant. Il semble que les autrices s'emparent du sujet et c'est tant mieux !
RépondreSupprimerJ'ai l'impression qu'en matière de féminisme il y a des progrès à faire dans cette partie du globe. Ce n'est pas le top non plus au Japon, par exemple.
SupprimerSi j'ai bien compris, se contenter du titre (mais quel titre! ^_^)
RépondreSupprimerPour moi, c'est surtout le style et/ou la traduction qui pêchent un peu.
SupprimerJe me méfie de ce genre de titre... mais les nouvelles sont quand même un bon moyen de découvrir un auteur. J'ai envie de lire plus de coréens, des qui soient abordables... pas trop coréens en fait... bon, c'est idiot et peu clair mais j'ai souvent du mal à aborder la littérature asiatique...
RépondreSupprimerJe crois comprendre ce que tu veux dire. Je pense que cela dépend aussi des éditeurs. Je suis rarement déçue par les auteurs publiés chez Picquier ou Gallimard par exemple.
SupprimerPour moi, les chutes sont très importantes, mais bon, ce recueil ne semble pas suffisamment intéressant pour que je m'y attarde.
RépondreSupprimerDisons que ce n'est pas un incontournable
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