Papi Mariole. Benoît Philippon

Papi Mariole. Benoît Philippon


 Les héros de polars sont souvent des hommes, célibataires ou divorcés, sans progéniture trop encombrante, plus ou moins torturés et parfois un peu alcooliques. Benoît Philippon a décidé de bousculer un peu les codes du genre. Dans ce thriller rocambolesque, c’est un duo improbable, (d’aucuns diraient de bras cassés) qui mènent la danse. Il est composé du fameux papi Mariole du titre, bientôt rejoint par Mathilde, une jeune femme dépressive qui va révéler sa vraie nature au fil des pages. 

Papi Mariole est un retraité presque octogénaire. Cet ancien tueur à gages s’est échappé de son Ehpad pour mettre un point final à sa carrière. La mission est compromise par un petit détail. Mariole est atteint d’Alzheimer et ne se souvient plus de sa cible. Mais notre Sénior est un vrai pro, nourri de plusieurs décennies d’expérience. Aussi, il a une planque secrète, avec des armes et un dossier contenant plusieurs indices. Le plus dur sera de reconstituer le puzzle censé le conduire jusqu’à un certain Marino. Mais notre héros vieillissant perd régulièrement le fil de ses pensées et donc sa piste. Sa rencontre avec Matilde, dans un moment d’égarement, sera providentielle. 

Nouveau hic. A ce moment-là, la jeune femme est complètement paumée. Elle s’apprête d’ailleurs à se jeter du haut d’un pont d’autoroute après avoir été abusée par un prédateur sexuel sur Internet puis violée par un pompiste opportuniste. Le premier a diffusé une vidéo très humiliante sur les réseaux sociaux sans lui demander son accord. Ces images sont devenues virales et la jeune femme a sombré dans la dépression. Mariole, son sauveur, va lui offrir les moyens de se venger.  C’est donc une double mission qui maintient en vie notre duo… affublé d’un autre fardeau : l’adorable Madame Chonchon, la truie domestique de Mariole.

Benoît Philippon nous embarque dans un road-trip halluciné où les plus méchants ne sont pas toujours ceux qui en ont l’air. Sa gouaille et son ton humoristique ne l’empêchent pas d’aborder les sujets qui dérangent comme la vieillesse, les violences faites aux femmes et les dérivent numériques. Il fait également un petit clin d’œil à Berthe, l’héroïne centenaire de son précédent roman (Mamie Luger, Les Arènes, 2018) dont l’image apparait aux protagonistes sur une affiche de cinéma (allusion à un projet d’adaptation à l’écran qui n’a pas aboutie dans la vraie vie). 

Papi Mariole a un petit air de Jean Rochefort qui le rend terriblement attachant. Matilde, la jeune femme sensible, victime désignée à cause d’un léger surpoids, renaît de ses cendres tel le phénix. Elle force l’admiration par le courage puis la force dont elle fait preuve. Pendant ce temps, le lecteur tourne les pages sans même s’en rendre compte. C’est ce que j’appelle une affaire rondement menée !

D'autres avis que le mien via Bibliosurf

Papi Mariole. Benoît Philippon. Albin Michel, 368 pages (2024)


Commentaires

  1. j'ai eu le sourire en lisant le billet , je pense que ce roman me ferait sourire aussi.

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    1. Oui, il y a des passages vraiment réjouissants et pourtant les sujets abordés sont très sérieux.

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  2. J'avais apprécié Mamie Luger après voir eu pendant longtemps envie d elle lire en l'ayant découvert sur la blogosphère... J'espère que je mettrai Mons de temps à tomber sur Papi Mariole d'occasion ou à le dénicher en bibliothèque!
    Merci pour ce billet (j'aime bien savoir où je jette les yeux avant de commencer un livre).
    (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola

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    1. J'ai repéré ce roman sur un blog mais je ne me souviens plus lequel. Il m'a fait passer un bon moment malgré les thèmes abordés. Je suis assez tentée par Mamie Luger que je n'ai pas encore lu. J'attends ton avis pour décider.

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  3. Petiote est dans ma PAL et Mamie Luger me tentait aussi. Je n'ai plus qu'à y ajouter ce Papi Mariole si j'ai bien compris !

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    1. Je n'ai pas lu Petiote. Je pense qu'il est un peu différent des deux autres. Tu me diras...

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  4. ça fonctionne vraiment? J'ai l'impression que cette mode du polar rigolo produit un peu tout et n'importe quoi... (je critique sans avoir lu hein^^)

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    1. Moi aussi je craignais le côté un peu trop rocambolesque mais non, ça fonctionne très bien.

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  5. Hedwige31.8.24

    Tu me donnes envie de tenter cet auteur. Je craignais une pure dérision avec lui, mais tu soulignes bien le côté sérieux enrobé dans une drôlerie non dénuée de tendresse. Merci pour ton si bel article !

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    1. Tu as parfaitement résumé l'ambiance du livre

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  6. PHILIPPE31.8.24

    De Philippon, j'ai lu l'inoubliable "Mamie Luger" puis "Cabossé" et "Joueuse". Je lirai sûrement celui-ci aussi...

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    1. Ce n'est donc pas chez toi que j'ai lu une chronique de Papi Mariole. Je n'arrive plus à me souvenir où je l'ai vu. Tu confirme que Mamie Luger est dans la même veine ?

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  7. J'allais te demander s'il valait mieux commencer par Papi Mariole ou Mamie Luger mais je vois que tu n'as pas lu ce dernier. Ça semble un polar très réjouissant, j'avais un peu peur que ce soit un peu too much dans le délire, c'est pourquoi je n'ai toujours pas lu Mamie Luger, mais ce Papi Mariole me tente vraiment bien.

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    1. Non franchement, l'humour est bien dosé. J'ai passé un très agréable moment. Je sais que les deux romans ne sont pas liés, on peut donc les lire dans l'ordre qu'on veut.

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  8. Les personnages ont l'air bien barrés et fantaisistes. J'aime ce genre là, je note.

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    1. Oui, vraiment, c'est un roman plein de fantaisie. On le lit moins pour "l'intrigue policière" mais elle se tient très bien quand même.

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  9. Hé bien ça m'a l'air réjouissant tout ça, en dépit du fond qui l'est moins.

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    1. Avec l'humour et la tendresse, ça passe très bien

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  10. J'ai adoré Mamie Luger alors ce roman ne peut que me tenter ! Il a l'air d'être hautement savoureux tout en abordant des thèmes forts.

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    1. Je pense que celui-ci est vraiment dans la même veine. Il devrait donc te plaire

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  11. Un auteur que j'adore. As-tu lu Mamie Lugger ?

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    1. Non pas encore. Du coup, je me demande si c'est chez toi que j'ai vu la chronique sur Papi Mariole

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  12. Un tueur à gage atteint d’Alzheimer, ça peut être assez embêtant pour son entourage ! J’aimerais bien lire Mamie Luger que j’ai depuis longtemps sur mes étagères et qu’un blogueur (Alex ?) a rappelé à mon bon souvenir. Ça te dirait de fixer une date pour une lecture commune ?

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    1. En temps normal cela aurait été avec grand plaisir mais j'ai beaucoup de lectures communes programmées dans les semaines à venir et professionnellement les prochains mois s'annoncent très chargés. Je serais peut-être obligée de lever un peu le pied.

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