J'ai dû m'en aller. Mélanie Edwards

J'ai dû m'en aller. Mélanie Edwards


   « Avant de partir, j’ai acheté un petit carnet noir, qui me servira de journal de bord. Je voudrais ne rien oublier. D’abord parce qu’un voyage comme celui-là, je n’en ai pas fait souvent, et ensuite parce que je n’aime pas l’idée d’oublier des choses qui me sont arrivées. »

Dimitri, le jeune narrateur, est un lycéen relativement insouciant, sociable et bon élève. Il abandonne pour quelques jours sa petite amie Roxane (dont il ne sait plus trop s’il en est encore amoureux) pour partir en croisière dans les Cyclades avec son père et son frère cadet, Tom. Leur mère, qui n’a pas le pied marin, est restée en France pour s’occuper de Mamotte, la grand-mère malade. 

Le voyage ne commence pas sous les meilleurs auspices. En effet, lors de leur escale à l’aéroport d’Athènes, le petit groupe découvre qu’il va devoir attendre deux heures avant de récupérer sa voiture de location. Le père de famille, fatigué et contrarié par ce contre-temps, s’énerve un peu ce qui embarrasse grandement son fils aîné. Finalement après un pique-nique improvisé sur-place, tout semble rentrer dans l’ordre, et nos voyageurs peuvent prendre la route en direction de la mer. Un magnifique voilier les attend dans un port de la mer Egée. 

Les paysages splendides de la côte grecque, le bleu de la mer, la playlist de papa, les fanfaronnades de Tom et le dîner au resto achèvent de plonger nos héros dans une ambiance détendue de villégiature. Or, une nouvelle surprise les attend à bord du bateau ! Un passager clandestin ! Il s’appelle Seydou. Il est Malien et il n’a pas de papiers. Or, la police locale traque sans relâche les migrants illégaux qui se cachent sur le port et près de la plage. Tout le monde embarque manu militari sur le navire, y compris Seydou, à qui on n’a pas le temps de demander son avis. Le voilier prend la direction de la baie de Kéa comme prévu initialement au programme, et on verra plus tard comment se sortir de cette situation compliquée.

J'ai dû m'en aller est un roman d’apprentissage qui s’adresse aux jeunes lecteurs à partir de 12 ans. Bien que le roman soit assez court, Mélanie Edwards y aborde de nombreux thèmes. Sans divulgâcher l’intrigue, on peut mentionner l’amitié, l’amour filial, les premiers émois sensuels, mais aussi la perte de l’innocence, l’homosexualité, la pression sociale, le suicide, le deuil et bien sûr l’immigration clandestine et la pauvreté. C’est très dense et pourtant le livre se lit facilement. Les sujets les plus difficiles sont abordés en douceur. L’autrice incite les adolescents à réfléchir sur la société et sur eux-mêmes mais sans moralisation ni culpabilisation excessive. 

Le roman n’est pas pesant pour autant. De longs passages sont dédiés à la navigation (le vocabulaire est expliqué dans les notes de bas de page) et les plaisirs du cabotage plaisancier en méditerranée. L’autrice décrit bien les paysages insulaires, les couleurs et les odeurs. Les jeunes héros sont conscients de vivre une expérience unique et formidable.

Ce roman est né d’une expérience originale en collaboration avec l'association du Prix des Incorruptibles. Dans le cadre du Feuilleton des Incos, les élèves de 10 établissement publics et privés du secondaire (collèges et lycées) ont été invités à suivre tout le processus de publication du roman, depuis l’écriture du manuscrit, à laquelle ils ont pu participer, jusqu’à sa mise sous presse chez l’éditeur, en passant par le choix de l’illustration en couverture. 

💪Pour ma part, j’ai lu ce livre dans le cadre du Book Trip en Mer, organisé par Fanja. 

📚D’autres avis que le mien sur les blogs Bulles et chapitres et Parfums de livres

📌J'ai dû m'en aller. Mélanie Edwards. Bayard, 160 pages (2024)


Book Trip en mer


Commentaires

Kathel a dit…
L'expérience pour les élèves devait être passionnante ! Par contre je trouve que les thèmes sont durs, il faut être assez mûr à 12 ans pour lire cela, non ?
Un roman que je note pour la diversité des thèmes et le ton adopté qui semble susciter la réflexion sans pour autant pousser à la culpabilité.
je lis je blogue a dit…
@ Kathel Les thèmes sont abordés en douceur (certains superficiellement). C'est surtout le passage sur le suicide (même si l'évènement est juste mentionné) qui me gêne pour des enfants de 12 ans.
je lis je blogue a dit…
@ Audrey Le roman précédent semble avoir été encore plus apprécié que celui-ci (je me fie aux avis lus sur Internet).
keisha a dit…
12 ans, mais alors assez mûr; ou bien suivi.
je lis je blogue a dit…
@ Keisha oui, je pense que les parents doivent expliquer certains passages pour les adoucir
Philippe D a dit…
Les passages dédiés à la navigation risqueraient de m'embêter sinon ce livre pourrait bien me plaire.
Je pense que c'est la première fois que je vois le verbe "divulgâcher" dans un billet en lieu et place de "spoiler" qu'on voit partout. Je l'adopte. Marre des termes anglais qui nous tombent du ciel !
Fanja a dit…
Merci pour cette contribution au book trip en mer qui inaugure une nouvelle catégorie avec les romans jeunesse. J'aime beaucoup la conception de ce roman avec la participation de collégiens et lycéens. C'est intéressant de savoir qu'ils avaient envie d'explorer ces thèmes, pas si évidents pour certains.
je lis je blogue a dit…
@ Philippe J'ai découvert le verbe divulgâcher sur un autre blog et je l'ai trouvé plus joli que spoiler. Concernant le roman, il n'y a pas beaucoup de passages dédié à la navigation et ils sont brefs. Le texte est légèrement emmaillé d'un vocabulaire technique mais ça reste anecdotique et tout à fait compréhensible. Je ne pense pas que ça gêne ta lecture.
je lis je blogue a dit…
@ Fanja hé,hé, j'avais remarqué que la littérature de jeunesse avait été délaissée et j'avais ce livre dans ma PAL. C'était la bonne occasion !

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