Chien Brun. Jim Harrison
Chien Brun (plus souvent appelé par ses initiales C.B.) est le personnage fétiche de Jim Harrison. Il apparait dans six nouvelles de l’écrivain américain, publiées en intégrale chez Flammarion. La collection Folio propose une incursion dans la vie de ce personnage attachant au travers d’une novella de plus de 120 pages.
On comprend assez vite que le bonhomme a l’art d’attirer les ennuis. Il faut dire que son penchant pour les alcools forts et les jolies filles l’y aident bien. Mais, au fond, C.B. est un brave gars. Lorsque Shelley Newkirk, une anthropologue qui lui sert de référente judiciaire, lui demande d’écrire son histoire dans une sorte journal intime, il le fait avec beaucoup d’honnêteté. C’est ainsi que le lecteur apprend comment il a été placé en liberté surveillée tandis que son associé, Bob, a écopé de 2 ans de prison à cause de lui.
C.B. est sauveteur sous-marin. Le titre cache en fait une activité de charognard, pas toujours très légale. Lorsqu’il repêche le cadavre d’un Grand Sachem (un chef Indien), conservé depuis un quart de siècle dans le lac Supérieur (pour diverses raisons liées à la chimie du lieu les corps ne gonflent pas et leur intégrité reste préservée), Chien Brun est certain de se faire un bon paquet d’argent. Etant donné la propension de notre héro à se fourrer dans les embrouilles les plus rocambolesques, vous aurez deviné que rien ne va se passer comme il l’espérait.
Peu de temps après cette affaire, Shelley et ses assistants le tannent pour qu’il les conduise sur un site funéraire indien inconnu des chercheurs. C’est le Graal qui lui a permis de coucher avec la jeune femme après lui avoir fait croire qu’il avait du sang Chipppewa (Chien Brun, son nom anishinabé, n’est qu’un surnom qu’il doit à une mésaventure amoureuse avec une jeune Amérindienne). Or, C.B. a promis à son ami Claude de ne jamais profaner la sépulture.
Quel plaisir de renouer avec Jim Harrison ! C’est l’un de mes écrivains américains favoris, avec Annie Proulx, Russel Banks et Cormac McCarthy. Il m’a ouvert une fenêtre sur la littérature des grands espaces et des petites gens. Et pourtant, je ne connaissais pas le personnage de Chien Brun, sorte d’alter ego de l’auteur.
Il y a un petit côté Vagabond céleste chez notre héro même s’il se définit lui-même comme un gars pas bien malin. Pour le reste, on retrouve les thématiques chères à Jim Harrison, son rapport à la nature et ses penchants épicuriens. Il est l’écrivain de la marginalité mais il y a beaucoup d’humour et de dérision dans ses textes.
Big Jim, qu’on a surnommé aussi le Gargantua Yankee pour son appétit ou le Cyclope à cause de sa dégaine, est et restera un géant de la littérature. Il a laissé derrière lui une œuvre à la fois universelle et éclectique (romans, nouvelles, recueils de poésie et mémoires), héritière de Thoreau et de Kerouac, et dont les thèmes se renouvellent à travers les représentants du Nature Writing. Son épitaphe préférée ?
« Nous aimons la terre mais nous n’avons pas pu rester ».
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📌Chien Brun. Jim Harrison, traduit par Brice Matthieussent. Folio, 128 pages (2023)
Oh mais ça donne très envie !! J'ai seulement lu un ou deux titres de lui, c'est très insuffisant, il faut que je m'y mette sérieusement. Merci pour cette belle évocation.
RépondreSupprimerJ'ai lu l'un ou l'autre roman/récit de Jim Harrison mais ça fait longtemps. J'ai surtout retenu son goût pour la nourriture et les repas gargantuesques.
RépondreSupprimer"Il est l’écrivain de la marginalité mais il y a beaucoup d’humour et de dérision dans ses textes." En une phrase, tu m'as donné envie de découvrir l'auteur ainsi que son alter ego littéraire :)
RépondreSupprimerA une époque, j'achetais les romans de Jim Harrison dès qu'ils sortaient ! Ensuite j'ai lu ceux que j'avais ratés parce que sortis avant... Bref, j'ai adoré la plupart d'entre eux... et Chien Brun aussi !
RépondreSupprimerMais oui, revenir à Jim Harrison, ça me dirait bien!Mrci!
RépondreSupprimer@ Nathalie Je suis loin d'avoir lu toute l'œuvre de Jim Harrison mais je n'ai jamais été déçue
RépondreSupprimer@ Sunalee oui, c'est vrai Harrison est connu pour être un épicurien.
RépondreSupprimer@ Audrey J'ai commencé à lire Harrison quand j'étais étudiante et bien sûr je ne me souviens plus de tous ses livres. Certains sont plus tristes que d'autres, ça c'est certain. Si tu cherches un texte distrayant alors je te recommande effectivement "Chien Brun".
RépondreSupprimer@ Kathel J'ai beaucoup lu Jim Harrison à une époque et puis je suis allée vers d'autres auteurs. Bref, ça faisait longtemps que je ne l'avais pas lu. Il me reste encore plusieurs livres à lire.
RépondreSupprimer@ Keisha ça fait du bien de temps de revenir à ses "premiers amours"
RépondreSupprimerJe n'ai lu que quelques titres de lui et jamais celui-ci mais tu me donnes envie...Je vais le noter ! J'aime aussi sa mise en valeur de la nature sauvage entre autre.
RépondreSupprimerDe Jim Harrison , je n'ai lu que Pêchés capitaux et j'avais détesté et subi cette lecture.
RépondreSupprimerMais il faudrait que je fasse une autre tentative, et pourquoi pas avec un ouvrage plus court comme celui-ci.
D'ailleurs, on sent encore une fois de plus l'inflation !!! Il n'y a pas si longtemps, les "petits folio" étaient à 2 € !!!
@ Manou C'est un écrivain des grands espaces et des gens simples
RépondreSupprimer@ Geraldine tu devrais peut-être essayer ses romans plutôt comme "Dalva"
RépondreSupprimerTu me donnes envie de lireces auteurs américains car à part mac Carthy je ne connais pas.Etcelivrelàque tu proposes semble distrayant.
RépondreSupprimerj'aime bien Jim Harrison, par ailleurs, sans aucun rapport je viens de finir le Chien Blanc de Romain Gry
RépondreSupprimer@ Thaïs Ce roman se lit très bien et il est court. Les autres, je les ai lu, il y a vraiment longtemps et je n'ose pas me risquer à d'en recommander un plutôt qu'un autre. Les plus connus, je crois, sont "Dalva" et "Légendes d'automne". Je les classe dans un registre différent.
RépondreSupprimer@ Miriam Les titres des livres sont proches mêmes si les thématiques sont très éloignées. J'ai lu "Les racines du ciel" de Romain Gary et je crois que c'est tout. C'est un roman puissant, si je me souviens bien. Je lirai bien un autre livre de Romain Gary.
RépondreSupprimerToujours pas lu cet auteur, en projet depuis des lustres, tout comme les autres auteurs américains auxquels tu le compares (McCarthy, ça devrait quand même être pour bientôt - j'y crois^^), mais je me prive d'un grand plaisir de lecture visiblement. Bouh, à voir quand je vais pouvoir les caser...
RépondreSupprimer@ Fanja Je crois qu'on a tous un peu le même problème. Tant de livres à lire et si peu de temps! McCarthy, j'aime beaucoup aussi mais je préfère sa "période western" à sa "période apocalyptique".
RépondreSupprimerUn auteur dont je n'ai encore jamais rien lu. Honte à moi...
RépondreSupprimer@ Alex si tu savais tous les auteurs "incontournables" que je n'ai pas eu le temps de lire...
RépondreSupprimerJe relève en tout cas que l'Intégrale Chien brun chez Flammarion (merci de l'avoir mise en lien!) est donnée pour 584 pages: pas un "épais", mais un bon "pavé" de l'été...
RépondreSupprimer(s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
@ tadloiducine Bien vu ! ça fait un argument de plus pour le lire
RépondreSupprimerAh mince, c'est justement Le Route que j'ai prévu de lire prochainement.:/
RépondreSupprimer@ Fanja Il ne faut peut-être pas te fier à mon seul avis. J'ai un peu de mal avec les récits postapocalyptique. Cela dit, j'ai lu l'adaptation de Larcenet est récemment est c'est un bijoux.
RépondreSupprimerJe veux le lire depuis longtemps mais sans y être parvenue. Ce titre là pourrait être un bon début ! Sinon, je ne reçois plus ta newsletter depuis déjà trois ou quatre chroniques. Y a t-il eu un changement du côté de Blogger (j'ai le même souci avec les chroniques de Keisha et Ingannmic...).
RépondreSupprimer@ Sacha Je viens de te renvoyer une invitation. Tu pourras me dire si ça fonctionne ?
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