Bivouac. Gabrielle Filteau-Chiba
Le 12 avril prochain, l’autrice engagée Gabrielle Filteau-Chiba sera présente au Festival du livre de Paris dont le Québec est l’invité d’honneur cette année. J’ai profité de cette occasion pour lire le dernier volet de sa trilogie romanesque consacrée à la nature. Bivouac peut néanmoins se lire indépendamment des autres tomes, Encabanée (Le Mot et le reste, 2021) et Sauvagines (Stock, 2022).
Le triptyque s’inspire largement de la vie de l’autrice. En 2013, Anouk (l’alter ego de G.F.-C.) décide d’abandonner la vie trop trépidante de Montréal pour s’installer au vert, dans une cabane de bucheron. Elle passe trois ans au cœur de la forêt, dans la région du Haut-Kamouraska au Québec, sans eau courante ni électricité. Le second roman, qui est en cours d’adaptation audiovisuel, raconte le combat de Raphaëlle, agente de protection de la faune et amoureuse d’Anouk, menacée par un braconnier. Nous retrouvons les deux femmes dans le troisième volet. Elles vivent dans la yourte de Raphaëlle en Gaspésie.
Bien que je n’ai pas lu les précédents livres de Gabrielle Filteau-Chiba, je n’ai pas eu de mal à suivre l’intrigue. Celle-ci débute dans la neige, à la frontière du Maine, où un militant écologiste tente de passer discrètement la frontière. Riopelle / Robin (notre Eco Warrior vit dans la clandestinité et doit changer régulièrement d’identité) est réceptionné par un groupe d’activistes américano-canadien. L’opération précédente s’est mal terminée mais il faut déjà préparer une nouvelle mission de sauvetage. Son code ? Bivouac. Son but est d’empêcher la construction d’un oléoduc et le saccage d’une forêt renommée pour sa biodiversité dans la région du Bas-Saint-Laurent.
Parallèlement à ces évènements, Anouk et Raphaëlle quittent leur refuge en Gaspésie pour rejoindre la communauté de la ferme Orléane où elles participent aux différents travaux d’élevage et d’agriculture. Malheureusement un froid s’instaure entre les deux amoureuses dès leur arrivée sur les lieux. Elles sont logées dans des locaux séparés de plusieurs kilomètres. Raphaëlle a compris qu'Anouk avait besoin d’espace tandis qu’Anouk se languie de sa cabane dans les bois. Et puis, elle pense toujours à ce militant écologiste, Riopelle, qu’elle a hébergé quelques mois plus tôt dans son refuge.
Il était logique que la romance entre Anouk et Raphaëlle, puis au triangle polyamoureux formé par les 3 personnages, prennent beaucoup de place dans l’intrigue mais ce ces passages ne sont pas ceux qui m’ont le plus intéressée. J’ai été littéralement captivée, en revanche, par toute la partie concernant la lutte écologique, l’organisation de la ZAD (Zone à Défendre) et les modèles de vie alternatifs. Le combat mené par la narratrice est admirable de sincérité et d’abnégation. Pour autant, Gabrielle Filteau-Chiba ne perd pas de vue les risques d’un extrémisme militant et prône toujours le pacifisme. La brutalité, rappelle-t-elle, ne peut en aucun cas servir l’action. Elle ne fait que l’entacher. Mais, dans cette histoire, la violence se trouve de l’autre côté. Celui des partisans de la « pétrolière », de l’oléoduc et des coupes à blanc qui nuisent au paysage forestier et à l’écosystème. Le lecteur devine qu’un drame se prépare.
📚Aifelle (Le goût des livres) et Eimelle (Tours et culture) ont lu toute la trilogie et en parlent sur leurs blogs respectifs.
📌Bivouac. Gabrielle Filteau-Chiba. Bibliothèque Québécoise, 376 pages (2023) / Stock, 368 pages (2023) / Folio, 432 pages (2024)
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