Un bref instant de splendeur. Ocean Vuong

 Un bref instant de splendeur. Ocean Vuong


« Si la vie d’un individu, comparé à l’histoire de notre planète, est infiniment courte, un battement de cils, comme on dit, alors être magnifique, même du jour de votre naissance au jour de votre mort, c’est ne connaître qu’un bref instant de splendeur. »

Le narrateur de ce livre, à l’évidence l’alter ego d’Ocean Vuong, écrit une lettre à sa mère analphabète. Il s’agit de répondre à la question qu’elle lui a posée un jour : c’est quoi être écrivain. Mais la vraie question ici c’est plutôt : ça ressemble à quoi la vie d’un jeune américain d’origine vietnamienne, pauvre, homosexuel et qui porte les stigmates de deux autres générations traumatisées par la guerre ? 

A coup de flashs back et de circonvolutions, l’auteur évoque son enfance dans le Connecticut entre sa mère parfois violente et sa grand-mère schizophrène. Toutes les deux portent des noms de fleurs Hong (Rose) et Lan (Orchidée) comme pour conjurer la laideur ambiante. Lan, la grand-mère du narrateur, le surnomme affectueusement (si, si) Little Dog. Elle lui explique que sa mère le frappe parce qu’elle est malade (elle souffre). L’enfant ne semble pas tenir rigueur à sa mère de ses accès de colère. Du père de Little Dog, en revanche, nous ne saurons pas grand-chose à part qu’il fait de la prison et qu’il violentait son épouse. Rose travaille dans un salon de manucure où elle est exposée toute la journée aux vapeurs de produits chimiques et doit céder aux exigences des clientes. Elle ne parle pas bien Anglais et ne sait pas écrire. Au Vietnam, elle n’a guère été à l’école, si bien que même son vietnamien reste rudimentaire. Elle est la fille, trop blanche selon ses compatriotes, d’un soldat américain posté au Vietnam pendant la guerre.  Lan, sa mère, l’avait rencontré dans un bar où elle se prostituait. La seconde partie du roman est surtout dédiée à la relation amoureuse que le narrateur a entretenue avec Trevor, son premier amour rencontré à l’occasion d’un job d’été dans une plantation de tabac. Le moins qu’on puisse dire c’est que son amoureux est un jeune homme perturbé. 

J’ai lu des critiques dithyrambiques au sujet de cet ouvrage et je dois dire que je ne partage pas cet enthousiasme. Il y a effectivement de belles phrases, très poétiques (même si je ne les trouve pas toujours intelligibles). La chronologie est décousue mais ce n’est pas ce qui m’a le plus gênée. Il me semble que l’auteur insiste beaucoup (trop) sur son initiation charnelle, nous abreuvant inutilement de passages crus sur ses relations sexuelles avec Trevor. Néanmoins, le roman d’Ocean Vuong reste très intéressant car il évoque de nombreux sujets comme la recherche identitaire, l’amour filiale, l’exil, la pauvreté, le racisme ou le deuil.

📚D’autres avis que le mien : chez Kathel et via Bibliosurf 

💪Lecture dans le cadre du challenge dédiée à l'Asie du sud-est, organisé par Sunalee

📌Un bref instant de splendeur. Ocean Vuong, traduit par Marguerite Capelle. Gallimard, 304 pages (2021) / Folio, 336 pages (2022)


Littératures d'Asie du Sud-Est


Commentaires

keisha a dit…
Le roman, je ne sais pas, mais le prénom de l'auteur et la couverture du livre, ça j'aime! ^_^
manou a dit…
J'ai entendu parler de cet auteur à moins que je ne confonde avec un homonyme. En tous les cas ton avis mitigé et tes bémols ne me donnent pas envie de le lire pour l'instant. Merci pour cette chronique sincère et pour la découverte
Miss Sunalee a dit…
J'avais commencé ce roman mais je l'ai abandonné, avant même d'arriver à la relation homosexuelle. Je n'accrochais pas du tout au style trop compliqué.
Merci pour ta seconde participation, et puis, ça fait deux challenge en un coup !
Sacha a dit…
Je n'ai pas de problème avec les récits d'enfances cabossées et de traumatismes transgénérationnels, mais plus avec les phrases absconses ;-D Je passerai donc mon tour malgré ce beau titre.
Fanja a dit…
Je crois que j'aurais les mêmes réserves que toi. Ce genre de livres quasi autobiographiques ressemble souvent à une sorte de thérapie par l'écriture. On apprécie l'histoire et les thèmes autour, le contexte familial qui illustre le poids du passé, mais les histoires intimes de l'auteur, bon...^^
Aifelle a dit…
Je ne suis pas très tentée et tes bémols m'arrangent rien.
Ingannmic, a dit…
Je l'ai lu ce week-end ! J'ai trouvé l'écriture extraordinaire, et certains passages vraiment poignants, mais j'ai été un peu gênée par l'aspect un peu chaotique de la fin. Mon billet ne paraîtra que début avril.
Violette a dit…
Je crois que j'avais noté, tu me refroidis parce qu'il est fort possible que j'aie les mêmes réticences que toi... à voir.
Luocine a dit…
Je ne suis pas du tout sûre d'aimer ce livre .
PS
J'ai le même problème qu'avec le blog de Keisha je ne peux pas mettre de commentaires à partir de mon ordinateur, mais je peux avec mon téléphone....
je lis je blogue a dit…
Franchement, ça me rassure un peu que tu n'aies pas accroché non plus. Je me sentais un peu seule.
je lis je blogue a dit…
Je suis d'accord. D'ailleurs, c'est l'image en couverture qui a attiré mon regard en premier.
je lis je blogue a dit…
Il ne faut peut-être pas se fier à mon seul avis. Ce roman a beaucoup de critiques positives sur Internet.
je lis je blogue a dit…
J'imagine que ça dépend de la sensibilité de chacun. Pour ma part, j'ai eu du mal avec le style même si j'ai trouvé certains passages joliment tournés.
je lis je blogue a dit…
Tu as mis le doigt dessus. Effectivement c'est l'aspect autofiction / thérapie qui me hérisse un peu. Sinon, il y avait un intérêt à parler de la première relation intime entre les deux garçons mais la description minutieuse des suivantes étaient peut-être de trop.
je lis je blogue a dit…
Ah le hasard fait bien les choses ! J'ai hâte de lire ton avis surtout s'il est différent du mien. Je suis passée un peu à côté du livre et sans doute de la poésie de l'écriture. La seconde partie a été fastidieuse en effet.
je lis je blogue a dit…
Sunalee a abandonné le livre mais tu changeras peut-être d'avis quand Ingannmic publiera son billet.
je lis je blogue a dit…
Sunalee n'a pas aimé mais Ingannmic semble avoir apprécié davantage que nous le style de l'auteur. Il serait intéressant d'avoir encore un avis.
je lis je blogue a dit…
Décidément, c'est compliqué avec blogger ! J'en profite pour te remercier de ta patience. Je me demande si ce n'est pas une question de navigateur. Je vais voir si je trouve la réponse sur le centre d'aide.
Livr'escapades a dit…
Ce livre avait fait beaucoup parler de lui à sa sortie et je l'avais noté assez rapidement sur ma wishlist avant de l'oublier. Les thèmes de la migration, de l'exil et de la quête identitaire sont des thèmes qui me tiennent très à coeur donc forcément... En ce qui concerne l'écriture, j'ai effectivement vu que soit elle plaisait soit pas du tout, je serais malgré tout curieuse de me faire mon propre avis. Un jour ;-) En ce qui concerne les longueurs et les descriptions détaillées des relations sexuelles (homo- comme hétéro), je n'en comprends pas vraiment l'intérêt. J'ai d'ailleurs, entre autres, abandonné ce mois-ci un roman pour cette même raison justement.
Kathel a dit…
Merci pour le lien vers mon billet... nos avis se rejoignent, je n'avais pas trop accroché au style ni à l'aspect auto-fictionnel...
je lis je blogue a dit…
oui, j'avais vu tes bémols. Nos avis se rejoignent
je lis je blogue a dit…
Tu as tout dit. Les thèmes sont intéressants mais l'écriture est singulière. ça plait énormément ou pas du tout. Pour les relations charnelles, je précise que je me fiche aussi qu'elles soient hétéros ou homos.
eimelle a dit…
pas certaine d'accrocher, à voir si je le trouve à la bibli!
je lis je blogue a dit…
Les avis sont contrastés concernant ce roman. Il faut essayer
PHILIPPE a dit…
J'aime la couverture, le titre m'attire, mais je pense que je n'aimerais pas ce bouquin...
je lis je blogue a dit…
Ingannmic l'a apprécié. Il ne faut peut-être pas se fermer.
Thaïs a dit…
En fait entre ta chronique et les commentaires je suis partagée. Je ne connais rien de l’auteur. L’aspect thérapie ne me gêne pas mais l’aspect chaotique du récit à la fin, oui. Je me dis que je peux faire une belle découverte et puis j’ai tellement une propension à vite abandonner si les livres ne me plaisent pas, je ne risque rien. Belle journée
je lis je blogue a dit…
Quand les livres ne me plaisent vraiment pas, je n'ai pas de sentiment de culpabilité à abandonner ma lecture. La vie est courte et il y a tellement à lire. Cela dit, il m'arrive de me forcer un peu quand je sens que le livre est bon mais que je n'arrive pas à entrer dedans
Géraldine a dit…
La couverture est très attirante... mais l'intérieur beaucoup moins, et ton avis confirme que ce roman n'est pas pour moi !
je lis je blogue a dit…
Moi aussi j'ai été attirée par la couverture du livre... et par les avis positifs que j'ai pu lire sur Internet. L'écriture est tantôt poétique, tantôt crue. La narration n'est pas linéaire ce qui peut gêner certains lecteurs mais les sujets aborder sont intéressants.
J'avais un peu envie de lire ce livre mais tes bémols me freinent...
je lis je blogue a dit…
Il ne faut peut-être pas se fier à mon seul avis. Ingannmic a apprécié le roman et surtout le style de l'auteur.

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