Toutes les saveurs. Ken Liu
💪J’ai décidé de lire cette Novella dans le cadre du challenge Bonnes nouvelles puisque Ken Liu est étiqueté comme auteur de science-fiction et publié chez un éditeur spécialisé dans les littératures de l’imaginaire. J’étais assez contente de mon doublé même si en lisant la 4ème de couverture j’ai suspecté que Toutes les saveurs était plutôt à ranger parmi les romans historiques et/ou les westerns. La toile de fond de cet opus est l’installation de la diaspora chinoise dans l’ouest américain au 19ème siècle. Evidement ces histoires de classements ne sont pas très importantes. L’essentiel étant, pour moi, de m’aventurer sur des territoires méconnus et de lire enfin des auteurs que je ne croise généralement que sur les autres blogs. Ken Liu, fait partie de ces écrivains souvent plébiscités par les amateurs du genre et récompensés par de prestigieux prix littéraires. Toutes les saveurs se situe à la frontière des genres dans sa partie dédiée à l’histoire des Trois royaumes qui oscille entre mythologie et réalité historique. La version américaine, All the Flavors, est d’ailleurs sous-titrée A Tale of Guan Yu, the Chinese God of War, in America. On peut la lire en ligne sur le site Giganotasaurus.org.
Le roman s’ouvre sur une scène apocalyptique. Il s’agit de l’incendie d’Idaho City par les Missoury Boys. De nombreux bâtiments sont détruits, ainsi que plusieurs saloons, cabinets d’avocats, échoppes, etc. Ce drame favorise l’arrivée de migrants Chinois puisque les habitants ont besoin d’argent pour reconstruire la ville après le départ des mineurs. Plusieurs membres de la communauté asiatique louent des baraques à Jack Seaver et sa femme Elsie. Ils s’installent à 5 ou 6 dans des logements prévus pour deux personnes et commencent à prospecter. Ils s’avèrent très doués dans cette activité étroitement liée à la gestion de l’eau. Lily Seaver, la fille de leur propriétaire, est attirée par les effluves de cuisine de ses nouveaux voisins. Elle fait la connaissance de Logan (Lao Guan de son vrai nom), un géant barbu au visage écarlate, qui lui raconte les fascinantes légendes du dieu de la guerre, Guan Yu. Ce personnage est un général chinois qui s’est illustré sous la dynastie Han et du début de la période mythique des Trois Royaumes.
Il ne faut pas sous-estimer l’écrivain sino-américain en imaginant que son roman va se résumer à une belle histoire de découverte culturelle réciproque. Il ne faut pas non plus se laisser abuser par la fluidité de l’opus qui s’avère finalement bien plus dense en thématiques abordées qu’on pourrait le croire. Ken Liu évoque en effet un pan méconnu important de l’histoire des Chinois aux Etats-Unis, d’abord à travers la construction du chemin de fer, puis de la ruée vers l’or et enfin l’appropriation de petits métiers comme la blanchisserie. On apprend dans une note en épilogue, que la communauté chinoise a représenté presque un tiers de la population de l’Idaho en 1870. Tout cela ne s’est bien sûr pas passé sans heurts et des lois raciales ont été promulguées afin de freiner l’afflux de migrants dans certains Etats américains.
A la fin de l’ouvrage, la scène de célébration du Nouvel An chinois n’est pas sans rappeler la fameuse fête de Thanksgiving, si chère aux Américains. C’est ce syncrétisme culturel que Ken Liu a souhaité mettre en avant mais sans oublier qu’il ne s’est pas fait sans douleurs. Au final, il signe un roman optimiste (mais sans concession) et agréable à lire.
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📚D’autres avis que le mien via Bibliosurf et Babelio
📌Toutes les saveurs. Ken Liu, traduit par Pierre-Paul Durastanti. Le Bélial’, 128 pages (2021)
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