Misericordia. Lidia Jorge

Misericordia. Lidia Jorge

Maria Alberta Nunes Amado (que tout le monde appelle Dona Alberti) s’est "exilée" à l’hôtel Paradis, c’est-à-dire qu’elle a accepté de quitter sa maison et son jardin tant aimés pour s’installer dans un EHPAD. Puisqu’elle n’a plus la force de tenir un cahier et un stylo, elle enregistre son journal intime sur un petit magnétophone que lui a donné sa fille écrivaine. La vieille dame nous décrit son quotidien, mais aussi celui des 69 autres pensionnaires, sans compter les aides-soignants et les familles. C’est donc tout un univers qui s’offre au lecteur et, contrairement à ce que l’on pourrait penser, le quotidien de Dona Alberti n’est pas toujours monotone. Evidemment, il y a les aspects désagréables de la dépendance physique et de la vie en maison de retraite. Ici comme ailleurs, le personnel est débordé, si bien que les soins ne sont pas toujours aussi bons qu’ils ne devraient l’être et les relations parfois déshumanisées. Mais des liens forts peuvent aussi se tisser. Le récit de Dona Alberti s’étend du 18 avril 2019 au 19 avril 2020. Outre les anecdotes sur les amours contrariés de Dona Joaninha et les invasions de fourmis, il est donc aussi question de la pandémie de covid-19.

« Là où je suis, même au printemps, quand les jours ont d’ordinaire la même durée que les nuits, la nuit est toujours plus longue que le jour. Sachant cela, c’est précisément au beau milieu de la nuit que la nuit vient à ma rencontre, en me posant des questions inimaginables comme si elle était cet antique chat gris nommé sphinx. Je parle de cette nuit qui connaît mes croyances les plus profondes, mes gloires et mes défaites, tous mes secrets enfouis, même ceux qu’on ne raconte jamais à personne, surtout ceux qui ont trait aux doux souvenirs de l’amour. »

Avec Misericordia je suis sortie de ma zone de confort à plus d’un titre. D’abord parce que je ne connais pas très bien la littérature portugaise, ensuite parce que le sujet du roman n’est pas parmi mes thèmes de prédilection. Peut-être à cause de ces réticences, il m’a fallu un peu de temps pour entrer vraiment dans l’histoire. Mais, au final, j’ai été profondément touchée par le récit de Lidia Jorge qui, sans être totalement biographique, s’inspire largement du témoignage de sa mère. Il est porté par une écriture pudique et sensible qui n’exclut pas quelques touches d’humour.

Misericordia. Lidia Jorge. Métailié, 416 pages (2023)

Commentaires

  1. Comme toi, ce n'est pas ma zone confort, mais ... on ne sait jamais! Merci.

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    1. J'avoue que j'ai lu quelques pages en diagonale

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  2. Ah le voilà donc ce roman sur la vieillesse ! Pareil, ce n'est pas trop parmi mes thèmes de prédilection, mais si c'est bien traité et qu'il y a quelques touches d'humour, pourquoi pas ?

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    1. Certaines situation prêtent à sourire mais ce n'est pas non plus la franche rigolade. Et puis, il y a des passages pas très réjouissants sur les conditions de vie en EHPAD. Je préfère prévenir.

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  3. Pourquoi pas, si j'ai l'occasion de l'emprunter à la bibliothèque ?

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    1. C'est subjectif évidemment mais, pour moi, ce n'est effectivement pas la peine de l'acheter.

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    2. C’est une auteure que j’aime beaucoup, et tu connais certainement un autre auteur portugais formidable, à savoir José Saramago.
      Le thème de la pandémie me semble intéressant, surtout vu du côté de ceux qui en ont sans doute le plus souffert. Je retiens donc ce titre et te remercie d’en avoir parlé.

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    3. Personnellement je ne connaissais pas Lidia Jorge avant de lire ce roman mais elle a beaucoup écrit en effet. Plusieurs de ses romans sont traduits en Français. Lequel as-tu préféré ?
      J'ai prévu aussi de lire José Saramago un jour ou l'autre...

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  4. Si, pour moi, on est en plein dans ce qui m'intéresse en ce moment. Je vais le lire. Merci

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    1. Si le sujet t'intéresse, le livre devrait te plaire. il est bien écrit et certains personnages sont touchants

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  5. Je n'ai pas eu l'occasion de lire cette autrice jusqu'à présent et je suis assez intéressée par ce livre là. Mais j'attendrai la bibliothèque.

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    1. J'en suis ravie car j'aimerais bien avoir un autre avis sur ce roman

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  6. Cela fait longtemps que je me promets de lire L.Jorge. Avec ce titre ou un précédent ? Pour débuter, le choix n'est jamais facile.

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    1. Je ne peux pas trop de conseiller car c'est le premier roman que je lis de cette autrice. Une douzaine de ses livres ont été traduits en Français et il y a des articles dans Le Monde, Libé, Telerama.

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