Des meurtres qui font du bien. Karsten Dusse
Selon les points de vue, le titre de ce roman peut sembler intrigant, marrant ou carrément bizarre. J’imagine que certains entre nous, sans être forcément des psychopathes, ont déjà souhaité la disparition soudaine d’une personne particulièrement exécrable. Souhaiter son décès ou l’égorger de ses propres mains, c’est un niveau au-dessus. Cela implique une certaine violence, n’est-ce pas ? Avoir la mort d’un individu (même antipathique) sur la conscience, cela ne doit pas être particulièrement plaisant. Et pourtant, le héros de ce polar semble penser le contraire !
Björn Diemel travaille dans un cabinet d’avocats dont le nom, DED, m’a paru phonétiquement évocateur (il s’avère finalement qu’il ne fait référence au mot "dead" en anglais mais au nom des associés Dresen, Erkel et Dannwitz). Dire que son mandataire principal, Dragan Sergowicz, est un peu louche est un gros euphémisme. En fait, c’est un mafieux de la pire espèce doté d’un niveau de tolérance assez bas et d’aucun sentiment de culpabilité. Il paie bien mais il respecte aussi peu les horaires de bureaux que les lois en vigueur. Katarina, la femme du narrateur, l’exècre pour toutes les raisons qu’on peut imaginer. Il s’ensuit de nombreuses disputes au sein du couple, créant un climat délétère auquel s’ajoute la nécessité de trouver une école maternelle pour leur fille de 2 ans et demi. Aussi, pour calmer le jeu et sauver son mariage, Björn accepte de s’inscrire à des séances de développement personnel. Son coach, Joschka Breitner tente de lui inculquer les grands principes de la "pleine conscience". Plutôt retissant au départ, notre héros trouve finalement un débouché inattendu à ses exercices de respiration. En effet, lorsque Dragan est accusé de meurtres et menace de gâcher le week-end de son avocat, Björn décide d’appliquer les méthodes zen de son maître à penser. Le problème se résout alors de lui-même : un crime par omission…
Le roman de Karsten Dusse est un bijou d’humour décalé qui embobine le lecteur. En effet, si le ton est humoristique, c’est bien d’un thriller qu’il s’agit ici et vous y trouverez aussi du sang, de la sueur, et des larmes. Chacun des 37 chapitres commence par une sorte de mantra attribué à Joschka Breitner. Björn Diemel, son disciple, les détourne au profit de son activité professionnelle et bientôt criminelle. L’intrigue n’est pas sans rappeler Mafia Blues (aka Analyze This ou Analyse-moi ça), le film d’Harold Ramis avec Robert De Niro et Billy Crystal. On pense un peu aussi aux aventures de C.F. Wong, "le maître de fengshui ", dans les romans policiers de Nury Vittachi. Bref, Des meurtres qui font du bien, pourrait presque être qualifié de lecture "feel good" s’il n’y avait un bémol relativement agaçant. L’auteur cite à tout bout de champ une chaîne de fast-food bien connue, au point où je me suis demandée si son livre était sponsorisé par l’enseigne en question.
Des meurtres qui font du bien inaugure une collection de romans policiers intitulée Les Meurtres Zen. Ce premier volet a connu un grand succès outre-Rhin et devrait donner naissance à une adaptation sur Netflix. En France, le second tome de la série, Des Meurtres pour lâcher prise, devrait paraître début 2023. Je suis vraiment curieuse de connaître la suite des aventures de notre avocat pénaliste.
💪Cette lecture s’inscrit dans le cadre du mois dédié aux auteurs allemands à suivre sur les Blogs Et si on bouquinait et Livr’escapades.
📌Des meurtres qui font du bien. Karsten Dusse. Le Cherche Midi, 400 p. (2022)
Commentaires
PS. Pourrais-tu me dire où je peux m'abonner à ton blog? A moins d'avoir mal regardé, je n'ai pas trouvé de bouton d'abonnement. Mon abonnement à un autre blog blogspot que je suivais depuis longtemps a mystérieusement sauté il y a quelques semaines et je n'arrive pas non plus à me réabonner :-(
NB: Je n'ai pas de bouton abonnement car j'ai cru comprendre que cette option ne fonctionnait plus sur Blogger.