Femmes d’été, femmes d’hiver. Chris Kraus

Femmes d’été, femmes d’hiver. Chris Kraus (Photo by Myke Simon on Unsplash)

Femmes d’été, femmes d’hiver (Sommerfrauen, Winterfrauen en version originale) est d’abord paru chez Belfond sous le titre Baiser ou faire des films. Il s’agit d’un roman d’initiation tragi-comique dont le héros est Jonas Rozen, jeune étudiant en cinéma. Sa fille Puma Rozen publie le contenu de trois carnets, écrits à l’automne 1996 et révélant les circonstances de sa conception.  Son père, fragilisé par un traumatisme crânien, séjourne alors à New-York. Il est censé y tourner un film "érotico-porno-expérimental", sujet qui ne s’inspire guère, et préparer l’arrivée de cinq autres étudiants berlinois sans le sou. C’est dans ces circonstances que Jonas Rozen fait la connaissance de Nele Zapp, stagiaire déjanté de l'institut Goethe tandis que Mah, sa petite amie jalouse et mythomane, a dû rester en Allemagne. A New-York, le jeune homme est logé chez Jeremiah, ami et collègue de son encadrant, qui habite un taudis dans l’un des quartiers les plus mal famés de la ville. Il est d’ailleurs victime d’une agression dès son arrivée. Et comme tout cela n’était pas suffisant, sa tante Paula (en réalité l’ex-nourrice juive de son père) insiste pour le voir. La vieille dame, une artiste-peintre qui a obtenu la nationalité américaine après la seconde guerre mondiale, détient les copies du minutes du procès contre le grand-père de Jonas, ancien officier nazi. Apparemment, elle aurait témoigné en sa faveur prétendant que le Sturmbannführer Rozen l’aurait sauvé du génocide en Lettonie. Une interview de Paula permettrait à Jonas de changer de sujet d’étude mais le réalisateur en herbe refuse de le remplacer par « un film à la con sur les nazis ». 

Le cinéaste et romancier allemand Chris Kraus s’est fait connaître en France grâce à la parution de son roman intitulé La fabrique des salauds. Je n’ai pas lu ce premier livre mais, si j’en crois les recensions que j’ai pu lire sur Internet, il est plus sérieux que Femmes d’été, femmes d’hiver. Ce roman désinvolte et humoristique nous plonge dans un univers original où se croisent une série de personnages hauts en couleurs issus de la diaspora allemande. L’auteur y parle de cinéma et de sexualité, comme le suggère l’ancien titre français, mais pas seulement. Le roman est aussi, à sa manière, un hommage à tous les artistes (cinéastes, écrivains, peintres…) et en particuliers aux représentants de la Beat Generation. Herbert Huncke, Allen Ginsberg, Jack Kerouac et William S. Burroughs hantent une bonne partie du roman. Le thème de l’holocauste occupe également une place importante dans le récit. Chris Kraus « recycle » une partie de ses recherches dans les archives du « procès Riga » qu’il avait consultées pour  La fabrique des salauds (Das kalte Blut en version originale). 

Cette lecture s’inscrit dans le cadre du mois dédié aux auteurs allemands à suivre sur les Blogs Et si on bouquinait et Livr’escapades.

Femmes d’été, femmes d’hiver. Chris Kraus. Editions 10/18, 408 p. (2022)


Commentaires

  1. J'ai mis "La fabrique des salauds" sur ma liste à lire depuis déjà un certain temps... et puisque ce Kris Kraus est cinéaste j'imagine que c'est lui qui a réalisé "Quatre minutes", un film sur la musique que j'ai bien aimé.

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  2. Oui, c'est bien le même bonhomme. Apparemment (d'après Wikipédia), il a travaillé 8 ans sur ce film. Le résultat est plutôt réussi puisqu'il a reçu plusieurs récompenses. Son roman, "La fabrique des salauds" a bénéficié d'excellentes critiques, notamment dans Le Monde des Livres. J'ai lu qu'il s'était inspiré du passé nazi de son grand-père.

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  3. Je connais le titre La fabrique des salauds (pas lu), celui ci a l'air plus léger, exact.

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    1. La fabrique des salauds a reçu un très bon accueil.

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  4. Je ne te sens pas très enthousiaste, toutefois... A voir à la bibliothèque, peut-être...

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    1. J'avoue que j'ai été un peu déroutée par ce roman

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  5. Je n'ai pas réussi à dépasser le premier chapitre de ce titre. Le mélange des genres ne me parlait pas du tout. J'avais noté La fabrique des salauds, mais du coup, j'hésite à m'y lancer ...

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  6. Oui, je suis d'accord avec toi. Le mélange des genres, les personnages et le traitement de l'intrigue sont particuliers. Néanmoins je ne regrette pas d'être allée jusqu'au bout de ce livre.

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  7. Il ne me tente pas. En revanche, j'ai lu "La fabrique des salauds", qui semble en effet aux antipodes de ce titre, et qui est, pour le coup, à lire, vraiment. Il est dense et demande un peu d'endurance, mais quel texte !

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  8. En commençant à te lire, je me suis "Tiens, je ne connais pas ce titre de Kraus" avant de comprendre que le titre avait été changé avec la parution du poche (bizarre, non?). J'avais commencé "La fabrique des salauds" l'année dernière mais la période n'était pas propice à la lecture d'un tel pavé sur un sujet difficile. Mais je le reprendrai ! Celui-ci me tente nettement moins, j'avoue.
    Merci beaucoup pour cette première lecture 🙂

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    1. Oui, sans doute une sombre raison marketing. Apparemment le titre allemand est bien Femmes d’été, femmes d’hiver.

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  9. Bref, en période de disette, je ne dirais pas non, mais au vu de la taille de ma PAL, je résisterai à la tentation ;-) .

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  10. En effet ce roman est intéressant mais pas forcément nécessaire. Il faut sans doute lui préférer "La fabrique des salauds"

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  11. J'avais beaucoup aimé La fabrique des salauds que j'ai acheté celui-ci les yeux fermés. J'espère pouvoir le lire prochainement.

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    1. Préviens-moi dès que ton billet est en ligne. J'ai hâte de lire un autre avis.

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