Sang Trouble. Robert Galbraith

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 Il y a bien des manières de présenter une intrigue et je vais volontairement commencer par la pire. En effet, comment parler d’un détective privé, vétéran unijambiste de la campagne d’Afghanistan, dont la mère de substitution se meurt d’un cancer en Cornouailles pendant qu’il enquête sur un "Cold case" impliquant un tueur en série et un policier psychotique versé dans le satanisme ? Bien-entendu, une bonne partie de l’enquête se déroule sous la pluie, parfois dans des lieux un peu glauques. J’imagine que ça parait "Too much", sauf pour les amateurs du genre qui devraient se régaler. 

Maintenant que vous êtes prévenus, sachez que cette histoire nous conduit plus de 40 ans en arrière, soit en 1974. A cette date, Margot Bamborough, qui avait en apparence tout pour être heureuse, disparait du jour au lendemain. Médecin généraliste dans un cabinet de Clerkenwell, le fameux quartier londonien de la Petite-Italie, la jeune femme était mariée à un séduisant hématologue et mère d’une fillette âgée d’un an à peine. A l’époque, la police avait attribué le meurtre à un certain Dennis Creed, alias le Boucher de l’Essex, mais sans preuves concrètes. Le meurtrier en série, quant à lui, avait toujours refusé de s’exprimer sur ce cas. Sachant que l’officier chargé de l’enquête avait été rapidement démit de ses fonctions avant de faire un séjour en psychiatrie, on peut imaginer la confusion de la famille. C’est justement la fille de la victime, Anna, qui aborde Cormoran Strike dans un pub pour lui demander de rouvrir l’enquête à ses frais. Elle lui accorde un an pour résoudre le mystère. Au-delà de cette date, et sans avancée significative de l’enquête, le détective privé devra mettre définitivement fin aux recherches. Or, il se trouve que notre héros à bien d’autres chats à fouetter dont une ex petite amie suicidaire, un vieux pote chantre de l’autonomie cornique, un père biologique en pleine crise de culpabilité, une tante malade, une sœur un peu dépassée par les évènements, une agence à faire tourner, une équipe et des plannings à gérer, un secrétaire au caractère bien trempé, une associée avec laquelle il a du mal à communiquer, un sous-traitant indélicat, des clients qui attendent des résultats… bref, on sent qu’on ne va pas s’ennuyer !  

Robert Galbraith est le pseudonyme de J.K. Rowling. La créatrice d’Harry Potter est aussi l’auteur d’un roman intitulé Une place à prendre (Grasset, 2012) que j’avais apprécié. Avec Sang Trouble, j’ai découvert le duo d’enquêteurs londoniens formés par Cormoran Strike et Robin Ellacott. Il s’agit en réalité de leur cinquième enquête après L’Appel du coucou (Grasset, 2013), Le Ver à soie (Grasset, 2014), La Carrière du mal (Grasset, 2016) et Blanc mortel (Grasset, 2019). Pour être honnête, je me suis laissée distraire par la chronologie et je me suis demandée à un moment donné si les romans étaient traduits dans l’ordre. En effet, l’auteur évoque plusieurs fois le référendum sur l'indépendance de l'Écosse et le gouvernement de David Cameron. Le livre étant paru au Royaume-Uni en 2020, il m’a fallu un peu de temps pour remettre les évènements à leur juste place. A cela s’ajoute deux autres facteurs perturbants : la multitude des personnages et les éléments ésotériques de l’enquête. En ce qui me concerne, je me suis un peu égarée dans les méandres de l’astrologie et du satanisme. Cela dit, il faut reconnaître que Robert Galbraith/J.K. Rowling parvient à meubler plus de 900 pages romanesques sans vraiment lasser son lecteur. Un sixième tome de la série est paru en version originale en 2022 (The Ink Black Heart) et devrait donc être traduit en français dans la foulée.

Sang Trouble. Robert Galbraith. Grasset, 928 p. (2022)


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