Trois enterrements. Anders Lustgarten

Trois enterrements. Anders Lustgarten

Le titre de ce roman fait présager un peu de pathos. Le sujet traité, à savoir les migrants illégaux confrontés à la violence raciste en Grande Bretagne, est également loin d’être réjouissant. Et pourtant ! Anders Lustgarten réserve quelques surprises à ses lecteurs. L’intrigue est centrée autour d’une aventure humaine à la fois courageuse et touchante. Son héroïne tourmentée, Cherry Bristow, a du panache et surtout beaucoup de cran. Ses acolytes improbables vont l’accompagner dans un road trip rocambolesque qui fera la nique au système. Oui, je sais, tout ceci est encore un peu abscon.

Au commencement, il y a les premières funérailles. Celles de Liam, le jeune fils de Cherry et de Robert Bristow. Il s’est suicidé pendant le confinement sanitaire de la pandémie de covid-19. Cherry, infirmière épuisée, n’a rien vu venir. Le second mort s’appelle Omar. Il a été assassiné par l’inspecteur de police Frederick John Barratt alors qu’il tentait de rejoindre l’Angleterre avec d’autres compagnons d’infortune. Ce jour-là, Barratt avait convaincu un jeune collègue paumé,  Andy Jakubiak, de ratisser les côtes de la Manche pour repousser les migrants à la mer. Omar ne retrouvera jamais sa petite amie Asha. Un coup de botte de Baratt lui a brisé la nuque alors qu’il s’accrochait au bastingage. C’est Cherry qui retrouve son corps sur la plage. Le jeune migrant ressemble tellement à son fils Liam ! L’infirmière prend la décision de retrouver les proches d’Omar (dont elle ne sait rien contrairement aux lecteurs) afin qu’ils puissent l’enterrer décemment et faire leur deuil. Son seul indice est une photo plastifiée qu’Omar tient fermement dans sa main. C’est un portrait d’Asha bien sûr.

Robert, ancien flic, n’est pas informé immédiatement de l’initiative de son épouse. Et leur fille, Danielle, n’est pas vraiment de bonne composition. Barratt, lui, ne pense qu’à récupérer le corps à la morgue pour « enterrer l’affaire ».  Andy Jakubiak, frappé  par un sursaut d’humanisme, se rebiffe et se joint à la quête de Cherry. C’est là que débute le road trip funéraire dont le but est d’échapper aux griffes des Défenseurs du Royaume, de retrouver la jeune fille sur la photo et de remettre la dépouille d’Omar entre des mains aimantes. Nos fuyards pourront compter sur l’aide impromptue d’une femme de ménage biologiste rebouteuse tchèque, d’un coupée sport rose,  et de beaucoup de détermination. J’ai oublié de mentionner quelques personnages dans cette histoire mais je crois que vous voyez l’ambiance.

C’est un premier roman et franchement c’est une bonne surprise. Les personnages sont parfois caricaturaux mais ça fait partie du jeu. 

📌Trois enterrements. Anders Lustgarten, traduit par Claro. Actes Sud, 336 pages (2025)


Commentaires

  1. Un road trip dont le point de départ est touchant.

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  2. j'espère juste que le côté caricatural est trop fort, je me demande comment on peut traiter ce sujet c'est tellement tragique le sort de ces gens qui de toutes leurs forces veulent fuir leur pays sans savoir ce qui les attend.

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    1. C'est le flic facho qui semble caricatural (mais j'ai peur que des gens comme lui existe vraiment. Je ne veux juste pas y croire).

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  3. Je ne suis pas étonnée que la traduction soit de Claro, ce genre d'histoire lui va très bien ! Ce roman m'a l'air très sympathique, mais pas son flic.

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    1. oui, il faut aimer l'humour noir. Je viens de découvrir que le nom complet du traducteur est Christophe Claro.

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