Genre queer. Maia Kobabe
💪Je pense que le sous-titre de cet
album, Une autobiographie non-binaire, est relativement explicite. Je suis
tombée sur cette BD par hasard à la bibli alors qu’Anne-yes venait d’annoncer
l’organisation d’un mois des fiertés sur son blog de lecture. Cela ne pouvait
pas mieux tomber ! Pour écrire ce billet, je me suis demandée s’il fallait
utiliser tour à tour des pronoms féminins, masculins ou neutres selon
l’évolution du personnage principal : elle,
il/lui, iel/lea,… A la fin de l’album, Maia Kobabe a choisi ille/lo et le terme
d’auteurice. J’ai décidé de respecter ce choix…
Maia Kobabe a décroché un master de bande dessinée à San Francisco. Dans le cadre d’un projet universitaire, ille a commencé un projet d’album autobiographique. La tâche n’a pas été simple ! Comment parler de soi quand on hésite encore sur son identité ? Comment évoquer les sujets intimes qui nous rebutent ? Maia a néanmoins la chance d’être bien entouré(e) par sa famille et ses amis. Ille a fait son premier coming out dès le lycée dans une communauté visiblement sans préjugés particuliers (je m’étonne juste que ses interlocuteurs sur le sujet ne soient pratiquement que des femmes). Pour autant, toutes les questions existentielles n’étaient pas réglées, bien au contraire. En murissant, Maia s’est de plus en plus interrogé(e) sur son/ses (ou absence) d’orientation(s) sexuelle(s) et les options de genre. Était-ille androgyne, bi, cisgenre, trans, asexuel(le)… ? Faut-il mettre vraiment une étiquette sur son identité si on ne souhaite pas choisir ? Dans ce cas, faut-il changer de prénom ? A cela s’ajoute certaines phobies liée à l’appropriation de son corps, son rapport à l’autre et la sexualité vers laquelle ille se sent peu d’appétence.
Beaucoup de sujets sont abordés dans cet album, y compris autour de la culture LGBT+, les découvertes littéraires et musicales de Maia Kobabe. Néanmoins, cet ouvrage n’est pas un guide ni un mode d’emploi s’adressant exclusivement à cette communauté. C’est un témoignage honnête et émouvant sur un parcours de vie, sans doute moins marginal qu’on ne pourrait le penser de prime abord. Certaines questions concernent également les jeunes hétérosexuels et/ou ceux qui sont (se croient) assurés dans leur identité féminine ou masculine.
Maïa a eu la chance de grandir dans un environnement familial harmonieux. Si ille a un peu souffert de sa différence et vécu quelques scènes gênantes, ille ne mentionne pas de harcèlement scolaire ni de maltraitances physiques ou psychiques. Il y a bien sûr des personnes maladroites dans son entourage mais toutes semblent bienveillantes… à moins que Maïa n’ait pas souhaité mentionner les autres ? Je ne pense pas car il n’y a visiblement aucune fausse pudeur dans cet album malgré les réticences initiales de l’auteurice. Pour autant, je n’ai rien trouvé de choquant. Maïa et ses proches abordent les questions sur le genre d’une manière franche et directe qui crée un fort capital sympathie. Les dessins, aux traits relativement naïfs, apportent la fraîcheur nécessaire aux scènes plus intimes (les premières règles, les rendez-vous chez le gynécologue, la masturbation, les tests de sex-toys…).
Depuis 2021, la présence de
l’album Gender Queer dans les rayons des bibliothèques américaines est
fortement remise en cause. La controverse porte sur des illustrations jugées sexuellement
explicites. D’autres ouvrages LGBT+ comme Lawn Boy de Jonathan Evison et All
Boys Aren't Blue de George M. Johnson sont également visés par la censure. Je
ne peux donc que vous recommander de les lire.
📌Genre queer, une autobiographie non binaire. Maia Kobabe, avec la traduction d’Anne-Charlotte
Husson. Casterman, 240 pages (2022)
J'avoue être un peu perdue dans les dénominations...
RépondreSupprimerMaia Kobabe s'y perdait un peu aussi au départ. Déjà pour décider lequel lui correspond le mieux.
SupprimerOn entend en effet souvent parler de ce titre lorsqu'est évoquée la censure de certains livres aux Etats-Unis... c'est une belle idée d'entamer ce mois des fiertés en le mettant en avant...
RépondreSupprimerC'était un sacré coup de chance de tomber dessus à la bibli.
SupprimerLes lire et en parler bien entendu, je suis pour mais encore faut-il les trouver en médiathèque. C'est déjà intéressant de lire ta chronique.
RépondreSupprimerMerci beaucoup Manou, j'ai beaucoup aimé cet album. Il est touchant.
SupprimerSujet intéressant que ces questionnements autour du genre. Je lirais volontiers cette BD. Je vois qu'elle est à ma bibliothèque mais retour prévu le 10 janvier 2025... Je crains le pire.
RépondreSupprimerah, quelqu'un l'apprécie beaucoup et ne veut plus s'en défaire !
SupprimerJ'ai l'impression que cela vise plutôt un lectorat ado (bien que ça puisse être très utile à tous ceux qui s'interrogent). Je ne l'ai pas lu, mais c'est l'impression que donnent ce que tu en dis et le graphisme
RépondreSupprimerOui, je trouve aussi. Ado ou jeune adulte... ou leurs parents. C'est un livre émouvant.
SupprimerCette bd m'a l'air très bien faite pour comprendre ce que peuvent traverser d'autres jeunes comme Maïa. J'ai beaucoup à apprendre donc je la note.
RépondreSupprimeron peut parfois être maladroit sans le vouloir donc autant se renseigner un peu
SupprimerBien contente de ne pas avoir eu à me confronter à tous ces questionnements quand on entend ou lit ces témoignages. Des complications en moins dont je suis reconnaissante à la vie.^^ Bon, je ne suis pas fan du graphisme, mais le traitement du sujet a l'air bien réussi.
RépondreSupprimerCertaines choses pouvant apparaître comme des détails pour la majorité d'entre nous peuvent être source d'une grande souffrance pour d'autres.
SupprimerMerci pour la découverte. C'est intéressant que l'environnement présenté soit bienveillant. Cela prouve qu'on peut vivre sa quête d'identité sans être persécuté. Chose qui devrait être la norme mais qui est loin de l'être... Quant à s'ouvrir aux autres sur son propre cheminement, je trouve cela courageux et inspirant.
RépondreSupprimerJe pense que Maia a eu la chance de grandir dans un cercle familial d'une grande ouverture d'esprit. Concernant "le reste du monde", je me demande si auteurice n'a pas préféré occulter certaines difficultés.
Supprimermerci pour la découverte, je vais voir si dispo à ma bibli. Je suis toujours troublée par la différence entre la langue anglaise et la langue française qui genre absolument tout (à l'inverse de l'anglais ou du coréen par exemple) du coup, je ne sais pas si la traduction en pâtit .. mais suis-je claire dans mes propos ? et sinon, beaucoup de libraires indépendants aux USA font de la résistance !
RépondreSupprimerJe me souviens d'un roman que j'ai lu en anglais. J'ai été perturbée au début par l'emploi du pronom "they/them" désignant une seule personne. Il a fallu un moment pour que je réalise qu'il s'agissait d'un personnage "non binaire".
SupprimerElle a l’air vraiment géniale cette BD. A mettre entre toutes les mains adolescentes.
RépondreSupprimerPauvre Amérique qui se ratatine de plus en plus !!
Cet album est formidable pour les ados et les jeunes adultes. De nombreuses questions sont abordées et l'attitude est toujours bienveillante
SupprimerJe ne sais pas si l'essentiel tient à un pronom ou une dénomination... Dans le milieu rural, c'est un sujet encore compliqué. Non loin de chez moi, un jeune s'est suicidé parce qu'il ne trouvait pas sa place :(
RépondreSupprimerTrès tentée par cet album en tous cas.
Malheureusement, je crois que nous avons tous entendu parler d'un drame de ce type. Les choses évoluent trop lentement.
Supprimeren tout cas ce n'est pas le dessin qui rend cette BD intéressante .
RépondreSupprimerLe dessin n'est pas remarquable, en effet, mais il correspond au propos et à l'ambiance.
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