Sanction. Ferdinand von Schirach
Sanction est le troisième recueil de nouvelles de Ferdinand von Schirach publié par Gallimard après Crimes (2011) et Coupables (2012). Ces opus sont indépendants mais ils traitent des mêmes thèmes, c’est-à-dire la violence inhérente à la nature humaine et les aléas de la justice. Ils peuvent se lire comme des chroniques judiciaires ou une anthologie de polars très concis. Je n’ai pas lu Crimes mais le style très dépouillé de Coupables m’avait laissée un peu dubitative. J’espérais me faire une idée plus claire de Ferdinand von Schirach grâce à Sanction.
Il faut peut-être lire la biographie de l’auteur et se rappeler qu’il est avocat au barreau de Berlin depuis 1994. Cela explique sans doute cette sorte de neutralité professionnelle dans laquelle il s’enveloppe lorsqu’il donne à voir la tragédie humaine. Il expose les faits comme dans un tribunal mais ne juge pas. Je comprends cette nécessité de rester en retrait mais cela reste très perturbant pour moi.
L’opus comptent 12 nouvelles qui donnent à réfléchir sur les notions juridiques et philosophiques de culpabilité, de peine et de pardon. Le premier texte, intitulé Jurée, évoque également l’absurdité d’un système qui peut prononcer un non-lieu en faveur d’un coupable avéré à cause d’un vice de forme, la justice dérogeant de fait à son devoir de protection des victimes. Dans cette nouvelle, le mari violent est libéré de prison et l’histoire s’achève par un féminicide. Dans Subotnik, un autre texte, un proxénète est relaxé après l’annulation de son premier procès et la non présentation de la principale témoin au second. On se doute de quelle manière cette ancienne esclave sexuelle a pu disparaitre de la circulation.
Il y a finalement peu d’affaires de grand banditisme dans cet ouvrage. Les nouvelles racontent surtout des drames domestiques, des tragédies de couples, des histoires de voisinages sanglantes ou des violences ordinaires. Par exemple, dans Poisson-qui-pue, un aveugle est tabassé à mort par des adolescents à cause de sa différence. Dans Tennis, un homme infidèle devient paraplégique après un accident d’escalier provoqué par sa femme. Je ne vais pas divulgâcher toutes les histoires mais je peux vous assurer que tout cela n’est pas très réjouissant. La brièveté des nouvelles, associée à la neutralité volontaire de l’auteur, facilite la lecture de ce recueil mais le lecteur en ressort avec un fort sentiment d’impuissance face à l'absurdité de la violence et parfois du système censé à la fois la punir et nous en prémunir.
💪Cette lecture s'inscrit dans le cadre du challenge Bonnes nouvelles
📌Sanction. Ferdinand von Schirach, traduit par Rose Labourie . Folio, 208 pages (2022)
J'ai lu deux recueils de cet auteur, et bon, je n'ai pas vraiment envie de lire celui-ci. Le fait que ce soit des faits qui se sont réellement produits rend ces nouvelles un peu déprimantes.
RépondreSupprimerCe n'est pas joyeux joyeux, c'est sûr
SupprimerComme d'habitude : vivement 2026 ^_^
RépondreSupprimerOn a jamais assez de temps pour lire !
SupprimerJe crois que ce recueil me parlerait beaucoup, surtout en ce moment. Mais même dans l'absolu, ce sujet m'"intéresse parce qu'il me révolte.
RépondreSupprimerJe te comprends mais du coup ce n'est peut-être pas le bon moment pour mettre de l'huile sur le feu. Cela risque de te révolter encore davantage.
SupprimerUne lecture qui m'apparaît plutôt déprimante ; ça ne me tente pas pour le moment.
RépondreSupprimerIl y a une sorte de neutralité qui met une distance salutaire mais les cas évoqués sont quand même perturbants.
Supprimerj'ai beaucoup aimé ce que j'ai lu de cet auteur (L'affaire Collini)
RépondreSupprimerJe l'ai noté. Je pense qu'il me plaira davantage
SupprimerEncore un auteur que j'ai noté 5438 fois et jamais lu... Ma fille aime beaucoup cette thématique, c'est facile d'accès (elle a 16 ans) ?
RépondreSupprimerJ'imagine que cela dépend de sa sensibilité mais il y a quand même des situations assez dures.
SupprimerJe n'ai jamais entendu parler de cet auteur !
RépondreSupprimerDans ce cas, tu devrais peut-être le tester
SupprimerJe ne te sens pas vraiment enthousiaste, cette fois encore ?
RépondreSupprimerJ'ai préféré ce recueil au précédent mais je suis toujours mitigée.
SupprimerLes thématiques ma parlent beaucoup mais ta dernière phrase me laisse penser que je risquerais de ressortir de cette lecture particulièrement désenchantée, sans parler de l'effet nouvelles.
RépondreSupprimerJe sais que tu n'aimes pas trop les nouvelles. Celles-ci ne sont pas inintéressante mais cela ne rend pas optimiste en effet.
Supprimer" le lecteur en ressort avec un fort sentiment d’impuissance face à l'absurdité de la violence et parfois du système censé à la fois la punir et nous en prémunir. " C'est ce qui a joué en partie dans le fait que je ne regarde plus les actualités. Devant les situations du recueil, je pense aussi que la neutralité de l'auteur risquerait de me perturber...
RépondreSupprimerah toi aussi ! Je ne regarde plus beaucoup les actualités non plus.
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