Le monde est un bel endroit. Didier Desbrugères

Le monde est un bel endroit. Didier Desbrugères (image : Albrecht Dürer, CC0, via Wikimedia Commons)

"Le monde est un bel endroit" et les humains semblent décidés à tout mettre en œuvre pour le détruire. Leurs principales victimes sont sans doute les animaux. Quel que soit le moyen employé, direct ou indirect (braconnage, maltraitance, marchandisation…), le résultat est le même : des espèces disparaissent de la surface de la planète. Le rhinocéros, sujet principal de se roman, ne compte plus que 30 000 individus. Or, une note de l’éditeur nous apprend que plus de 1 000 rhinocéros sont abattus, chaque année, sachant qu’une corne se vendrait en Asie plus de 50 000 euros le kilo au marché noir.

Le livre de Didier Desbrugères est à la fois un hommage rendu à la beauté du monde animal et un roman-pamphlet visant à dénoncer les ravages humains. Il débute par un crime : l’agression de Chuku, un rhinocéros blanc, pensionnaire du zoo de Thoiry. Des intrus lui ont arraché les cornes après l’avoir abattu d’un coup de fusil. Aurore, la soigneuse animalière découvre le carnage le lendemain matin au moment de sa prise de poste. Voir l’animal mort, baignant dans une mare de sang, est un terrible choc pour la jeune femme.  A l’autre bout du monde, en Namibie, Silas guide ses clients à travers la brousse pour observer les animaux. Il rêve de créer sa propre agence et cumule les heures supplémentaires dans ce but. Sur un autre continent encore, Ðạt, jeune promoteur immobilier, compte bien se tailler la part du lion dans sa ville natale de Hanoï. Il est prêt à tout pour impressionner ses clients. 

Didier Desbrugères s’est inspiré d’un véritable fait divers : le braconnage de Vince en mars 2017. Ce rhinocéros de quatre ans a été abattu de trois balles dans la tête. Sa corne principale a été sciée et volée. Les auteurs de son exécution n’ont jamais été retrouvé. Pour son roman, l’auteur a adopté tour à tour le point de vue de chaque personnage. Qui sont les vrais responsables du martyr des rhinocéros ? Quid des dommages collatéraux ? Autant de sujets de réflexion et de pistes pour tenter de changer les choses. 

En lisant Le monde est un bel endroit, j’ai beaucoup pensé à Entre fauves (Le Livre de Poche, 2022), le polar de Colin Niel. Le héros ici est un lion originaire de Namibie mais la démarche est similaire puisque l’auteur donne la parole à chaque protagoniste : chasseur, militant, villageois… y compris le fauve lui-même. Ses deux ouvrages, mis en parallèle, apporte une vision assez précise des tenants et aboutissants de l’exploitation animale par l’homme. 

Le monde est un bel endroit. Didier Desbrugères. Editions Une heure en été, 436 p. (2022)


Commentaires

  1. Je ne connais mais c'est parfaitement le genre de lectures vers lesquelles je vais, hélas pas franchement réjouissantes non plus.

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  2. Je ne connaissais ni l'auteur ni la maison d'édition mais c'est une excellente surprise vraiment. Le sujet m'interpelle aussi tout particulièrement.

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