Aux frontières de l'Europe. Paolo Rumiz

Aux frontières de l'Europe. Paolo Rumiz


💪Pour cette nouvelle étape des Escapades européennes, un challenge organisé par Cléanthe, j’ai choisi de voyager à pied et avec un âne grâce aux livres de Paolo Rumiz et de Robert Louis Stevenson (dont je vous parlerai dans un second billet).

Paolo Rumiz est un journaliste et écrivain voyageur italien. Né à Trieste en Italie, il a une notion très prégnante et personnelle des frontières. La genèse de son voyage Aux frontières de l'Europe remonte au 20 décembre 2007, jour du soixantième anniversaire de l’auteur, date qui coïncidait avec la chute de la frontière Schengen autour de sa ville natale. Le rideau de fer qui l’avait fait rêver de territoires interdits depuis son enfance venait donc de tomber. L’idée est née à l’issue d’une fête bien arrosée dans une auberge près du poste frontière piétonnier. Paolo Rumiz a ensuite peaufiné son itinéraire dans cet autre monde. Il longerait en zigzag la "fermeture éclair" de l’Europe, depuis l’Océan Arctique jusqu’à la Méditerranée, en passant entre autres par le cercle polaire finnois, la mystérieuse base de sous-marins de Mourmansk, les pays baltes, la dictature communiste de Biélorussie, l’enclave russe de Kaliningrad, l’Ukraine et l’arc des Carpates, la mer Noire et puis la Turquie et même Chypre. Sa compagne, la photographe Monika Bulaj, se joindrait à lui dans le cadre d’un projet personnel et lui servirait également de traductrice.

Il faut replacer ce voyage dans son contexte, c’est-à-dire en 2008, et notamment avant la guerre en Ukraine. Paolo Rumiz, on s’en doute, ne se promène pas en touriste. Il prend les transports en commun locaux (bus, trains, bateaux…) et rarement la voiture. Non seulement, il se rend dans les lieux les moins abordables (d’un point de vue climatique, géographique ou politique) mais il entre littéralement chez les gens et dans leur intimité. Ses hôtes généreux lui offrent parfois un repas et/ou un hébergement et surtout, ils lui racontent volontiers leurs vies, leurs passés au temps de l’Union soviétique, leurs peurs concernant l’avenir. Sans être candide, le regard de Paolo Rumiz est assez mélancolique. Il ne fait pas mystère de son aversion pour le mode de vie capitaliste qui domine en Europe occidentale et considère qu’une partie des territoires d’Europe de l’Est est encore préservée de ses méfaits. Bien que l’écrivain italien évoque de nombreux sujets sensibles (la pauvreté, les minorités nationales, les oligarques, les réseaux mafieux, etc), je l’ai trouvé un peu trop romantique, en particulier lorsqu’il s’agit des populations russes pour lesquelles il fait preuve d’une grande tolérance. J’ai d’ailleurs eu l’impression que son récit se focalisait beaucoup sur elles. J’aurais aimé qu’il parle aussi des Bulgares et des Roumains mais son parcours était circonscrit de l’autre côté de ces frontières. Il y a néanmoins des incursions en Estonie, en Lituanie et en Ukraine, une escale plus brève en Pologne et une étape encore plus rapide à  Hrodna (ou Grodno) en Biélorussie. Je reconnais que c’était déjà un très long et riche voyage et un tel récit n’aurait pas pu entrer dans un ouvrage de moins de 350 pages.

C’est donc un récit riche et bienveillant que nous livre Paolo Rumiz dans Aux frontières de l'Europe. Le lecteur est immédiatement embarqué par une narration foisonnante d’informations culturelles. Il cite, par exemple, quelques auteurs classiques comme Ivo Andric. Les chapitres sont généralement découpées en fonction de la géographie et des paysages : Borée, Kola, Baltique, Vistules, Carpates, Dniestr, etc. Du coup, j’ai beaucoup apprécié le fait que Paolo Rumiz ait incorporé une carte de son voyage, faisant apparaître les frontières et quelques repères urbains ou paysagers. 

📚Keisha aussi a lu ce livre dans le cadre du Challenge.

📌Aux frontières de l'Europe. Paolo Rumiz. Folio, 352 pages (2012)

Escapades européennes 072025


Commentaires

  1. Je n'ai lu que "le fil sans fin" de cet auteur, autour d'un périple plus récent, dans une Europe qui semble se défaire. J'avais bien aimé, la connotation était plus spirituelle à travers les grandes abbayes. Je note celui que tu viens de lire.

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    1. Je ne connaissais pas ce titre de l'auteur mais il a écrit pas mal de livres finalement

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  2. Côté Bulgarie, il y a Kapka Kassabova, et son récit Lisière, qui pourrait te plaire. J'en ai lu une bonne moitié (!) ce qui est déjà bien pour moi, ce n'est pas dans mon domaine préféré de lecture.

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    1. Ah,ah, j'ai justement prévu de le lire en septembre !

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  3. Haha, on a fait le même choix. je découvre l'auteur, et compte bien y revenir!

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    1. Oui, je pense que je lirai d'autres livres de Rumiz. Je vais voir ton billet.

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