L’héroïne, Olga Pushkin*, est ingénieure ferroviaire de 3ème classe. Elle intervient dès qu’un problème survient sur les voies. Son chef, Viktor Fandorin, est un misogyne autoritaire et sans finesse, qui bloque toute velléité de promotion des personnels techniques féminins. Son attitude ne choque guère les autres mâles du coin, pour la plupart des phallocrates imbibés de Vodka, nostalgiques du tsarisme ou fervents supporters du régime en place. Ici, comme ailleurs en Russie, la société est gangrénée par la corruption et l’emprise des oligarques. C’est dans cette atmosphère délétère qu’Olga tente de faire sa place. Elle économise tout son argent pour s’inscrire à l'université de Tomsk où elle espère suivre des cours d’écriture. Tandis qu’elle rêve de devenir écrivain, elle doit gérer un quotidien bien lourd, entre le soutien financier de son père alcoolique, les courses hebdomadaires de la tante Zia, les problèmes domestiques de son amie Anna Kabalevsky et un corbeau qui lui envoie des lettres d’insultes. Son frère Pasha s’est engagé dans l’armée et donne rarement de ses nouvelles.
Tout commence par un appel de Viktor Fandorin lui signalant un problème d’aiguillage au niveau de la jonction 62. Olga se rend immédiatement sur zone pour régler le problème. Pour une fois, les anciens enseignements de son père s’avèrent efficaces et la panne est réparée en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Mais sur le chemin du retour au poste, en fait la cabane du garde barrière, Olga est percutée par un corps éjecté du Transsibérien en marche. Elle a heureusement eu le temps d’envoyer un appel radio d’urgence (on ne fait pas de vieux os dans le froid sibérien). Vassily Marushkin, qui vient de prendre ses fonctions au commissariat de Roslazny, file immédiatement sur le lieu de l’accident. Lorsqu’il arrive, son adjoint Anatoly Glazkov, est déjà sur place, penché sur la blessée. A côté d’elle, git le corps d’un jeune-homme. Son apparence et ses vêtements indiquent qu’il s’agit sans doute d’un touriste étranger. Il a été égorgé puis poussé à l’extérieur du Transsibérien. Sa bouche est pleine de pièces de 10 roubles. S’agit-il d’un message symbolique du meurtrier ?
Lorsque j’ai compris que l’enquête ne se déroulerait pas à bord du Transsibérien, j’avoue que j’ai été un peu déçue. Mais en écrivant ce billet, je me suis rendue compte à quel point le roman est riche d’informations sur la mythique ligne de chemin de fer, la Sibérie et la société russe en général. L’auteur présente avec humour une galerie de personnages hauts en couleurs. On les voudrait caricaturaux pour la plupart mais j’ai bien peur que ça ne soit pas toujours le cas. Bref, le cadre est folklorique à souhait et très bien posé par l’auteur. Malheureusement, il me semble que le soin apporté au contexte est au détriment de l’intrigue policière. Aussi, malgré tout l’intérêt des détails politiques et sociaux, il y a des moments où je me suis ennuyée. L’affaire de meurtre est résolue sans qu’il n’y ait de véritable enquête et j’ai trouvé cela dommage. Pour autant, je pense que le roman ne déplaira pas aux amateurs de Cosy Mysteries. Il y a de fortes chances pour que les personnages récurrents s’épaississent encore et c’est tout l’intérêt du livre. En ce qui me concerne, j’ai beaucoup de séries policières en cours et je ne suis pas sûre de privilégier celle-ci.
(*) les noms des personnages récurrents sont bien sûr orthographiés différemment dans la version française. Exemple : Olga Pushkin vs Olga Pouchkine.
Les tomes de la série :
- Death on the Trans-Siberian Express (2021) / Mort sur le Transsibérien (Hugo Poche, 2023)
- Blood on the Siberian Snow (2022)
- Last Stop on the Murder Express (2023)


Dommage que tu sois un peu mitigée, le cadre était tentant à plus d'un titre !
RépondreSupprimerJe me demande quand même si je ne vais pas donner une seconde chance à cette série.
SupprimerDe toute façon rien à la bibli.
RépondreSupprimerje complète : la provodnitsa est aussi chargée de zieuter si tout le monde revient dans son wagon après une escale (annoncée de 20 min, mais en fait 10 min, faut pas trop s'y fier)(les gares sont superbes, mais de là à s'y retrouver sans rien...) et attaquer à la hache la porte des toilettes si elle soupçonne que quelqu'un s'y est enfermé avant le passage de la frontière.
Bon, c'est du vécu... ^_^
ah ! Je m'en doutais ! Je sais que tu as fait de beaux voyages. J'ai vu plusieurs reportages depuis ma lecture sur le Transsibérien et c'est vrai que le cadre est très bien rendu dans ce roman.
SupprimerMême commentaire que Cath L. J'attendrai de voir si tu confirmes avec une 2e lecture.
RépondreSupprimerPatricia a relevé aussi quelques bémols mais le roman reste agréable à lire. Je viens d'ajouter un lien vers son billet
SupprimerTu démarres cet hiver polar sur les chapeaux de roue !! Mon premier billet ne paraîtra que l'année prochaine ... En tous cas, je ne retiens pas ce titre :)
RépondreSupprimerIl n'y a pas d'urgence. Tu as jusqu'au mois de mars pour partager tes lectures de polars (et même plus avec le challenge de Sharon).
SupprimerJ'ai lu ce polar, pas en anglais évidemment. Je ne savais pas que c'était une série. Je l'avais gagné dans une MC Babélio à sa sortie. Joyeux Noël
RépondreSupprimerJe viens de lire ton billet et j'ai l'impression que nos avis se rejoignent. Joyeux Noël à toi aussi.
SupprimerJe comprends ta déception, j'aurais été comme toi. Ah les polars, ce n'est plus ce que c'était (je sors d'une déception aussi).
RépondreSupprimerOn retrouve souvent les mêmes faiblesses dans les Cosy. J'imagine que ça fait partie du jeu.
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